Le Parti républicain avait sans doute espéré que le pire était passé, après la violente polémique sur le droit à l’avortement qui a dominé récemment la campagne électorale. Les propos de l’élu républicain Todd Akin, qui avait affirmé qu’une femme victime d’un « véritable viol » tombait rarement enceinte, avaient été fermement condamnés par Mitt Romney et son colistier, Paul Ryan. Les caciques du parti sont allés jusqu’à demander à Akin de s’excuser et de renoncer à briguer le siège de sénateur du Missouri pour écourter la polémique.
A peine quelques jours plus tard, le Parti républicain a tout de même adopté une position strictement anti-avortement, même dans les cas de viol ou d’inceste, dans son programme de gouvernement. Ce programme était dans la continuité de textes comparables adoptés depuis 2000. Il prévoit concrètement, en cas de victoire des républicains, d’interdire tous les avortements et de conférer aux fœtus des protections constitutionnelles.
Au centre de cette polémique, Mitt Romney, qui tente de trouver un juste milieu en vue de l’élection du 6 novembre, entre les conservateurs purs et durs d’un côté et les électeurs indépendants et les femmes de l’autre, qui risqueraient de s’éloigner. Depuis son entrée en politique, sa position sur le droit à l’avortement a beaucoup évolué. En tant que sénateur du Massachusetts, il défendait le droit à l’IVG. Mais dès que ses ambitions sont devenues présidentielles, il est devenu un opposant convaincu, allant même jusqu’à dire que la Cour suprême devrait revenir sur Roe vs Wade, la décision qui a autorisé l’avortement aux Etats-Unis en 1973.
CONTRADICTIONS
Lundi, M. Romney a rajouté une couche de confusion en affirmant que, à titre personnel, il était favorable aux avortements dans les cas de viol, d’inceste ou quand la vie de la mère est en jeu. Sur la chaine CBS, il a ensuite assuré qu’il ne reviendrait pas sur Roe vs Wade en cas de victoire, estimant que de débat « avait été résolu par la justice depuis un certain temps ».
Une position qui contredit celle adoptée par son parti, et même celle défendue par son colistier Paul Ryan. Ce dernier a présenté à la Chambre des représentants un texte qui déniait tout financement public aux avortements, changeant au passage la définition du viol en « viol sous la contrainte ».
Le Huffington Post a ressorti une interview de M. Ryan où celui-ci fait un parallèle douteux, estimant que le viol n’est qu’une « méthode de conception » comme une autre et « ne doit pas changer la définition de la vie ». Il reconnaît néanmoins que sous une administration républicaine, ce sera M. Romney « qui dictera la politique », et qu’en matière d’avortement il a des vues légèrement différentes des siennes. M. Ryan est partisan de la législation sur « la sainteté de la vie », un concept que les républicains tentent de faire adopter Etat par Etat et qui criminaliserait jusqu’à la contraception.
DÉRAPAGES EN SÉRIE
Et comme si les républicains avaient besoin d’une nouvelle polémique sur le sujet, une vidéo montrant un élu comparant un avortement provoqué par un viol à un avortement résultant d’une grossesse avant le mariage a émergé. Tom Smith, candidat au poste de sénateur en Pennsylvanie, était interrogé sur la sortie de Todd Akin.
Il a condamné les propos mais a souligné qu’il était globalement d’accord sur le fond. Il a ensuite précisé que l’avortement devrait être illégal même en cas de viol et d’inceste avant d’ajouter que sa famille avait « vécu quelque chose de similaire ». Interpellé par la presse, M. Smith a expliqué que sa fille était tombée enceinte sans être mariée et que « du point de vue d’un père, c’est la même chose » qu’un viol.
Le Monde.fr