Avec la poursuite des manifestations exigeant la liberté en Syrie, et leur propagation à de nouvelles régions, et un nombre croissant de manifestants, semaine après semaine, il s’avère nécessaire de préciser et de lever toute ambigüité, quant aux revendications que nous portons par notre révolution, afin d’écarter toute confusion, et pour qu’il n’y ait pas de ralliement, de la part du pouvoir ou par ses manœuvres, ou de certains qui prétendent parler en notre nom, à travers des médias.
On ne pourra se voir réaliser les slogans de la liberté, de la dignité et de la citoyenneté que par un processus de transformation démocratique pacifique en Syrie, impliquant la refonte des institutions de l’Etat national sur ces bases, avec une feuille de route rapide et précise, aux bornes claires : reconnaître l’acuité de la crise nationale que traverse aujourd’hui la Syrie, l’affronter courageusement, et non s’y accrocher, dénaturer son image, comme c’est le cas par la main mise de l’appareil d’oppression, de répression et de diversion gouvernemental dans la violation de l’immunité du sang syrien, de la sécurité du citoyen et de la patrie, et de l’hypothèque l’avenir de la Syrie, par un trafic à bon marché des concepts d’unité nationale et le jeu ouvert sur le confessionnalisme, la diversité ethnique et religieuse.
Et cela passe par :
– L’arrêt des assassinats, des arrestations, de la torture et de la violence à l’encontre des manifestants pacifiques, l’arrêt de la propagande médiatique nauséabonde des médias gouvernementaux, et des médias qui sont dans son orbite, et des poursuites des responsables.
– Faire porter à l’Etat syrien la responsabilité de ce qui s’est passé, que des excuses officielles soient présentées à ce sujet, annoncer trois jours de deuil national en mémoire de l’âme de toutes les victimes en Syrie, civiles ou militaires. Constituer une commission d’enquête indépendante avec la participation de la société civile, dont la mission serait de découvrir les circonstances des événements douloureux. Et que les résultats de ces enquêtes soient révélés à l’opinion publique syrienne, que les responsables de ces crimes soient poursuivis et déférés devant la justice et que soient garanties les conditions d’un procès équitable.
– La dissolution des appareils sécuritaires actuels et leur remplacement par un appareil aux prérogatives limitées en vertu d’une législation claire.
– La libération immédiate de tous les détenus d’opinion et les prisonniers politiques en Syrie, la libération de tous ceux qui sont détenus par les appareils de sécurité, y compris ceux qui ont été condamnés par une justice d’exception ou ordinaire, après leur arrestation par les appareils sécuritaires.
– Réaliser les amendements constitutionnels ouvrant la voie à un changement démocratique, et la consécration de la Syrie comme un Etat civil, respectueux de la pluralité nationale, ethnique et religieuse du pays. Cela suppose l’abolition de l’article 8 de la Constitution et la limitation de la durée et du nombre des mandats du Président de la République à deux mandats non renouvelables, ni prolongés, et d’augmenter les prérogatives de l’Assemblée du peuple.
– Amender les lois électorales concernant l’Assemblée du peuple et les Assemblées municipales, afin de leur permettre de transmettre la voix libre des électeurs, leur volonté et leurs choix, et leur caractère exécutoire.
– Réaliser les amendements et les propositions législatives et constitutionnelles à même de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire.
– Procéder à des élections aux conseils locaux et aux conseils du peuple en accord avec les réformes constitutionnelles issues de la commission précitée.
– Le respect par la constitution de la diversité culturelle et ethnique en Syrie, la garantie des droits culturels et nationaux à toutes les composantes et formes du tissu national syrien, et l’arrêt de toute forme de discrimination sur la base de la race ou de la religion.
– Le retour des exilés, la recherche des disparus, le règlement de leurs droits et de leur situation juridique, et des compensations pour leurs familles.
– La constitution d’un comité national syrien d’équité et de réconciliation en accord avec les critères de justice dans l’étape de transition, afin d’éradiquer à l’avenir tout foyer d’obstruction de la société syrienne et tourner à jamais la page du passé.
– La promulgation d’une nouvelle loi sur les médias garantissant la liberté de presse, en vertu des critères internationaux, constitutionnels et d’une loi du droit à l’information, la libération des médias de la tutelle gouvernementale, notamment de la partie accordant les visas ou les retirant, la transformation de l’information gouvernementale en information de service public, et la création d’un syndicat au vrai sens du terme pour les journalistes en Syrie.
24 avril 2011
Comités de coordination locaux
Parmi les signatures des comités, notamment, des villes de Deraa, Homs, Banias, Saraqeb, Idleb, Hasaka, Kamechli, Dir Ezzor, de la côte syrienne, Hama, Raqqa, Sweïda, les environs de Damas, et Damas.