Le Comité de gestion de la « CAP », caisse de pension de la Ville de Genève, des communes et des SIG a élaboré ces dernières années un projet de modification du plan de prestations, comportant l’élévation de l’âge de la retraite des milliers d’employé-e-s pour le faire passer de 62 ans à 64 ans.
Pour solidaritéS, cette proposition, heureusement rendue publique à grande échelle par un récent courrier adressé par la caisse à tous ses pensionné-e-s et assuré-e-s, doit être combattue énergiquement. Une telle élévation de l’âge de la retraite représente en effet une régression sociale inacceptable d’un point de vue de gauche ou écologiste et un recul marqué du point de vue de la politique de l’emploi de collectivités publiques qui se doivent d’être exemplaires dans ces domaines.
Cette proposition de régression - avalisée par les employeurs et les représentant-e-s des assuré-e-s au Comité de gestion de la CAP - est une « solution », qui fait payer aux salarié-e-s, sous forme d’élévation d’âge de leur retraite, des contraintes imposées par une législation fédérale draconienne, au service d’un système douteux de retraites par capitalisation qui force les travailleurs-eues à jouer leurs pensions dans le casino boursier du système financier capitaliste.
Sur le fond, le mouvement solidaritéS rappelle que pour lui la seule bonne « solution » en matière de retraites est d’aller vers le renforcement et la primauté du système de retraites solidaires et par répartition incarné par la grande conquête populaire qu’a été l’AVS.
Aujourd’hui, et dans le cas de la Ville de Genève en particulier, la hausse de l’âge de retraite de 62 à 64 ans n’est pas une option. En effet, la Ville vient d’adopter, il y a un peu plus de deux ans, après négociations entre partenaires sociaux et approbation par toutes les autorités municipales, un nouveau statut du personnel qui fixe en son Art. 38 l’âge de la retraite à 62 ans.
Cet engagement formel ne saurait être bafoué !
Cet engagement statutaire a valeur contractuelle, et les salarié-e-s concernés sont en droit de compter que les parties syndicales, notamment mais pas seulement, en exigeront le respect.
Ce contrat est relayé par un engagement politique et moral solennel de tous les partis de l’« Alternative » (PS-EAG-Verts) et de leurs élu-e-s, qui - dans le cadre de l’élection de leurs représentant-e-s à l’Exécutif de la Ville - se sont liés au respect d’un « Accord de législature 2011-2015 » (adopté le 19 mars 2011) ou figure en toutes lettres la défense « des droits salariaux, sociaux et syndicaux de la fonction publique municipale, ainsi que l’âge de la retraite actuel. »
Ce dernier point n’a pas été inclus dans l’accord à la légère, mais sur proposition de nos représentant-e-s, et en connaissance de cause par chacun-e des travaux préparatoires de la CAP, et de l’hypothèse examinée par celle-ci depuis plusieurs années, d’élévation de l’âge de la retraite. Cet accord lie 4 membres sur 5 du Conseil administratif et une majorité - fut elle relative - du Conseil municipal.
Pour le respecter, plusieurs solutions s’offrent à la Ville :
– soit la remise en cause directe du plan proposé par la CAP, pour obtenir de celle-ci, en y mettant le cas échéant les moyens en termes de cotisations, un plan maintenant la retraite à 62 ans.
– soit la prise en charge directe par la Ville de Genève, en tant qu’employeur, d’un système de « pont » ad hoc, propre à la Ville, qui prenne en charge l’écart de 62 à 64 ans pour tous les employé-e-s qui le désirent, ceci sans baisse de rentes.
solidaritéS demandera à ses représentant-e-s au Conseil municipal de la Ville de Genève - et à travers eux/elles au groupe « Ensemble à Gauche » dont ils font partie - de s’engager dans ce sens et d’obtenir que soit examinée au plus vite et matérialisées sans tarder l’une ou l’autre de ces propositions.
Le bureau de solidaritéS Genève du 3 avril 2011