Chères amies, chers amis,
Merci pour votre présence à cette manifestation. Nous sommes ici à 2000, c’est un deuxième succès pour le mouvement antinucléaire belge et international après la manifestation réussie du 24 avril et un encouragement pour celles et ceux qui veulent déjà organiser une grande manifestation à Bruxelles le dimanche 11 mars prochain, exactement 1 an après la catastrophe de Fukushima.
J’ai reconnu ici plusieurs personnes qui ont comme moi participés aux manifestations des années ‘70 à Doel et à Chooz contre la construction des centrales nucléaires. Nous nous rappelons : nous avons été ignorés, puis tabassés et gazés et enfin traités d’imbéciles. Les hauts responsables d’Electrabel et du gouvernement nous disaient qu’en l’année 2000 le problème des déchêts serait résolu et qu’on constatera qu’il n’y aura pas eu un seul accident nucléaire.
Malheureusement : nous avions raison en 1970 et nous avons incontestablement raison aujourd’hui. Nous sommes en 2011, et malgré des recherches très largement subventionnées par le secteur public menées intensivement depuis plus d’un demi-siecle il n’y a pas de solution pour les déchêts nucléaires. Je vous demande d’avoir une pensée pour l’ouvrier de la centrale de Marcoule qui l’a payé de sa vie. Nous sommes de tout cœur avec les personnes qui participent en ce moment même au festival de Bure qui exigent un moratoire d’enfouissement de déchêts nucléaires à cet endroit comme ailleurs.
Quant aux accidents, nous avons une tâche sacrée de résister à l’oubli. Nous ne pouvons jamais oublier la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986 ni les mensonges à propos des nuages radioactifs qui s’arrêtent aux frontières. Nous ne pouvons pas oublier la catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011. Nous n’oublierons pas l’accident nucléaire à l’Institut des Radio-Elements à Feluy, en Belgique, en août 2008, classé 3 sur l’échelle de gravité INES qui compte 7 degrés. C’est donc possible chez nous ! C’est d’autant plus possible que sous nos pieds se trouve une faille géologique qui a provoqué le tremblement de terre de novembre 1983 à Liège, d’une magnitude de 4.7 sur l’échelle de Richter. Un séisme dans la même région a atteint 6.3 sur l’échelle de Richter en 1692. Qui nous garantit que cela ne se reproduira pas ? Les mêmes qui ont calculé la hauteur maximale des tsunamis à Fukushima ?
La probabilité de vivre cet évènement sismique est effectivement petite. Mais quand cela se produira, et cela se produira un jour, et si a ce moment là il y a encore un réacteur en activité, il faudra évacuer 5.7 millions de personnes. Huy, Liège, Namur, Charleroi mais aussi Maastricht et Aachen devront être abandonnés à toujours, inhabitables.
C’est pour cela qu’il y a parmi nous des manifestants allemands et néerlandais. Car une catastrophe nucléaire ne connait pas de frontières. Notre résistance non plus !
Nous voulons réduire ce risque, maintenant. Nous, à Nucléaire Stop, exigeons la fermeture immédiate des trois plus vieux réacteurs, Tihange 1 mais aussi Doel 1, et Doel 2 situés en pleine zone SEVESO, entouré de raffineries de pétrole et d’usines chimiques dans la zone portuaire d’Anvers. S’il y a une catastrophe dans un de ces réacteurs ce ne sont pas 5 mais 9 millions de personnes qu’il faudra évacuer ! Ces trois vieux réacteurs, qui datent de 1975, produisent ensemble 1800 Mwatt électriques par an, alors qu’Electrabel dispose actuellement d’une surcapacité de 2800 Megawatt ! Ces trois vieilles centrales produisent ensemble moins d’un tiers de l’électricité nucléaire belge. Le nucléaire produit la moitié de l’électricité. L’électricité délivre 20 % de l’énergie en Belgique. Il s’agit donc aujourd’hui de débrancher un tiers de la moitié d’un cinquième de la production d’énergie nationale : 3% du total. Est-ce que cela nous ramènera à l’âge de la bougie ? Non. Est-ce que cela diminuerait les bénéfices d’Electrabel ? Oui, car le KW nucléaire provenant d’un réacteur amorti financièrement est très bon marché pour Electrabel, qui le revend très cher aux ménages puisqu’il est seul producteur belge. La centrale derrière moi ne produit pas uniquement de l’électricité : elle produit aussi une rivière de bénéfices pour ses grands actionnaires ! Voilà pourquoi Tihange 1 fonctionne encore !
Nous défendrons la loi de sortie du nucléaire contre ceux, le Ministre Magnette et electrabel qui veulent en reporter le côté sortie du nucléaire. Mais nous voulons aller plus loin, tout de suite avec la fermeture immédiate des trois réacteurs les plus âgées et la fermeture des autres réacteurs aussi vite que techniquement possible. Nous voulons un plan plurtiannuel de politique énergétique résolument tourné vers l’isolation thermique des bâtiments, vers l’augmentation de l’efficacité énergétique et vers les énergies renouvelables organisés dans un réseau intelligent et décentralisé. Ceci est parfaitement réalisable et doit se réaliser rapidement sans tenir compte de la cupidité des grands actionnaires d’Electrabel.
Merci de m’avoir écouté. Rendez-vous est pris le dimanche 11 mars 2012, construisez des demain des comités de mobilisation dans votre école, votre quartier, dans votre village et amenez vos amis !
Jean-François Pontegnies, Louis Verheyden