Plusieurs textes se sont succédés pour nous inviter à la discussion sur la stratégie du NPA. Ce débat est indispensable pour apporter des réponses en termes d’orientation et de perspectives aux questions politiques qui nous divisent et nous paralysent. Quel que soit le diagnostic que l’on porte sur les origines de notre crise – manque de délimitation programmatique, hétérogénéité du NPA, faiblesse de direction –, il ne peut y avoir d’issue solide si nous ne réussissons pas collectivement à définir une stratégie qui soit assumée, partagée par la grande majorité du parti. Cela ne signifie pas avoir par avance des réponses théoriques à toutes les grandes questions qui se poseront avant, pendant ou après la conquête du pouvoir. De ce point de vue, la façon dont la discussion semble s’engager à travers « Phenix » ne me semble pas répondre à nos réels besoins au stade actuel.
L’enjeu de la discussion est de répondre aux questions laissées en suspens au moment du congrès fondateur et sur lesquelles nous pensions être en mesure d’apporter des réponses dans le cadre du dernier congrès. Nous n’en avons pas eu la force. Cette difficulté renvoie à nos difficultés globales de direction et de fonctionnement, à l’ampleur de la tâche aussi. Il y a maintenant urgence à clarifier les choses pour définir sans ambiguïté l’axe stratégique qui détermine notre politique et notre tactique. Cette discussion pourrait aussi être prise en charge par le CPN lui-même, si nous n’avions pas d’autres urgences, en reprenant les grands thèmes que nous avions initialement envisagés de soumettre à la discussion du congrès.
François Sabado et Léon Crémieux dans leur texte dont je partage les grandes lignes concluent sur la nécessite d’une refondation du NPA [1]. Oui, il s’agit bien d’une refondation, nous y sommes d’ores et déjà engagés, concrètement d’un point de vue militant, dans notre travail de construction de notre parti, de recrutement, d’intervention dans les luttes. Ce travail de refondation devrait être, de fait, au cœur de notre campagne présidentielle conçue comme une campagne de propagande et d’agitation, de construction. Plus précisément, nous donner maintenant les moyens d’être présents dans cette campagne sera une première étape sur le chemin de cette refondation. Le fait qu’Olivier Besancenot ne soit pas candidat, (décision que je désapprouve ainsi que ses motivations formulées dans sa lettre), prend dans ce contexte valeur de symbole, celui d’une rupture avec la première phase de construction du NPA pour ouvrir le chantier de sa refondation.
Penser et agir collectivement en tant que parti
Cette refondation représente une véritable révolution culturelle qui nous permette de donner au NPA une réalité organisationnelle, militante en accord avec l’influence, la sympathie que rencontre nos idées. Ou du moins qui aille dans ce sens là. Je crois que cette révolution culturelle passe par la clarification des grandes lignes d’une perspective stratégique commune. C’est la condition pour que nous réussissions à dépasser ce qui me semble notre faiblesse principale, la difficulté à sortir de raisonnements, de méthodes, de conceptions hérités de la longue histoire du gauchisme post-soixante-huitard (sans que cette formule ait un sens péjoratif), d’une culture de groupe opposant à la social-démocratie et au stalinisme, faiblesse commune à l’ensemble de l’extrême gauche. Cette difficulté renvoie à des conditions objectives, le poids du passé, du stalinisme, des défaites et reculs accumulés sous les coups de l’offensive libérale. Mais aussi à des facteurs subjectifs, nous-mêmes.
Dépasser les limites de cette période révolue exige une élaboration collective qui permette d’armer le parti, les travailleurs, les jeunes de réponses correspondant aux besoins nouveaux et qui intègrent les bouleversements qui ont transformé l’arène sociale et politique. Bien des militants ont cru que pour dépasser les limites de cette longue période il suffisait de se débarrasser des références au trotskisme, voire de toutes références historiques pour trouver la voie fraîche et joyeuse vers l’action politique enfin libérée des carcans idéologiques ! Parfois, une version moderne ou plutôt « postmoderne » de l’anarcho-syndicalisme a donné un cadre plus ou moins théorique à ces évolutions. L’anti-électoralisme est souvent venu justifier le refus d’affronter la réalité, préférant les incantations révolutionnaires au lieu de faire face aux rapports de force réels en toute lucidité. Pour d’autres, à l’opposé, tout était dans la recomposition de la gauche de la gauche. Et en cours de route, nous avons de trop oublié de nous les moyens militants de notre politique, l’esprit dominé par la recherche de réponses à courts termes, sans vision stratégique.
Il n’y a pas de recette pour surmonter cette faiblesse, faiblesse de l’ensemble de l’extrême-gauche qui trouve son explication dans notre histoire, en particulier le fossé générationnel. Le simple volontarisme n’est pas une réponse. Celle-ci ne peut venir que d’une prise de conscience collective du problème et d’un travail politique en profondeur. Là est, je crois, le contenu, le sens même de la discussion qui s’ouvre au sein du NPA sur la stratégie. Mener jusqu’au bout cette discussion nous impose de trancher sur ce qui, dans nos différends passés et actuels, relève de désaccord tactique ou ce qui, plus fondamentalement relève de désaccords stratégiques.
Deux compréhensions du projet du NPA
Notre projet est en lui-même un projet du dépassement des limites de l’extrême-gauche mais un projet qui, en réalité, n’a pas encore trouvé les armes théoriques et politiques de lui-même et, en conséquence doute, hésite, se cherche.
De ce point de vue la crise du NPA est une crise d’identité qui l’empêche de s’affirmer. Nous sommes paralysés par l’absence d’une compréhension collective commune de la stratégie qui fonde notre projet lui-même.
L’équation que nous avions à résoudre était compliquée : à la fois créer un cadre large et ouvert permettant à toutes les histoires différentes de se réunir, de militer ensemble tout en travaillant à créer les conditions politiques de la transformation du NPA en un embryon de parti révolutionnaire de masse, c’est-à-dire collectivement préciser notre vision stratégique.
Nous n’avons pas réussi à le faire à l’occasion de notre premier congrès et cela ouvre une crise qui pourrait remettre en cause son avenir même. Ce rendez-vous manqué, les divergences et désaccords qui restaient au second plan au regard du projet commun tendent inévitablement à prendre le dessus. D’où l’urgence du débat qui s’ouvre.
En fait, depuis le congrès fondateur, deux compréhensions du projet du NPA traversent le parti :
– un courant qui voyait le NPA comme un mouvement large, ouvert, unitaire, pluraliste destiné à peser dans les recompositions à gauche de la gauche en s’y intégrant.
– un courant qui voyait le NPA comme un parti large et ouvert bien sûr mais un parti des travailleurs, parti des luttes de classe, ayant sa propre stratégie dans la perspective de la transformation révolutionnaire de la société, stratégie autonome et indépendante de celle des antilibéraux.
Au sein de ces deux grands courants, diverses tendances et sensibilités existent d’autant que la direction elle-même étant divisée, sa paralysie laisse une large place aux regroupements secondaires qui, chacun, ont leur interprétation et analyse de la crise de notre parti, leur réponse ou recette.
Au moment du congrès fondateur, il y avait pour beaucoup d’entre nous le pari que nous arriverions à dépasser la contradiction entre ces deux courants à travers l’expérience et les combats communs, la confrontation pour construire ensemble une cohérence plus forte de notre parti. Je voyais dans notre premier congrès une étape essentielle dans cette voie, je parlais alors d’un congrès constituant au sens où il devait affirmer la personnalité de notre parti en dépassant la contradiction existant entre les deux courants. Force est de constater, au stade actuel, l’échec de cette politique.
Pourquoi ? La principale explication renvoie, je crois, à notre faiblesse de direction, l’incapacité de celle-ci à assumer les divergences, à confronter démocratiquement les positions pour clarifier les enjeux. Le noyau dirigeant, les camarades qui se sont regroupés dans la préparation du congrès dans le groupe dit des 38, ont de trop cherché la ligne médiane sans définir ni discuter franchement leur propre politique. Le congrès et ses suites en ont été, jusqu’à la caricature, l’illustration.
Notre faiblesse de direction a été amplifiée par l’absence de tradition de parti au sein du NPA, de liens de solidarité de parti qui ont laissé la porte ouverte à des débats très tendus parfois, si ce n’est souvent aux invectives. La démocratie exige un minimum de codification des débats, d’engagement et de confiance réciproques, de solidarité.
Quant au fond, notre crise exprime un problème posé au mouvement anticapitaliste et révolutionnaire depuis près de vingt ans, c’est à dire depuis l’effondrement de l’ex-URSS : l’extrême gauche, pour l’essentiel le mouvement trotskyste, n’a pas réussi à répondre aux nouvelles possibilités ni aux nouveaux besoins nés de la fin du stalinisme et de la transformation de la social-démocratie en social-libéralisme. Nous n’avons pas encore réussi à opérer notre révolution culturelle, un saut qualitatif de groupes opposants à la social-démocratie et au stalinisme à un petit parti ouvrier et populaire que ce soit Lutte ouvrière et l’appel à un parti des travailleurs après 1995, Voix des travailleurs et la politique d’unité des révolutionnaires de 1997 à 2001, la LCR avec la fondation du NPA, aujourd’hui le NPA lui-même.
La crise du NPA ouvre une nouvelle étape dans ce travail de dépassement de l’extrême-gauche.
Les acteurs même de cette mue restaient trop dominés par le passé. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les difficultés à se dégager des raisonnements campistes au niveau international pour adopter un point de vue politique, de classe, internationaliste.
Quelle qu’ait été la position sur laquelle les uns et les autres nous nous sommes retrouvés lors du congrès, personne ne peut nier ni la difficulté globale ni le fait qu’aucune position n’a pu ne serait-ce qu’à un faible niveau, local par exemple, démontrer son efficacité. A moins bien sûr de considérer le ralliement au Front de gauche, la voie vers la liquidation du NPA, comme un succès !
Il nous faut donc collectivement prendre la discussion à bras le corps. Pour relever le nouveau défi auquel nous sommes confrontés, nous avons besoin de clarifier « notre compréhension commune de la période et des tâches ». Ce texte voudrait contribuer à ce travail de réarmement, de refondation de notre parti en posant quelques points qui me semblent prioritaires et essentiels d’un point de vue militant.
Stratégie et politique quotidienne, deux pôles indissociables
« La stratégie révolutionnaire couvre tout un système combiné d’actions qui, dans leur liaison et leur succession, comme dans leur développement, doivent amener le prolétariat à la conquête du pouvoir » écrivait Trotsky dans L’internationale communiste après Lénine, différenciant la stratégie de la tactique qui « se limite à un système de mesures se rapportant à un problème particulier d’actualité ou à un domaine séparé de la lutte des classes. » Toute la difficulté réside dans la construction du lien entre ce système combiné d’actions et la question du pouvoir et en particulier d’intégrer les raisonnements tactiques dans la stratégie. Aucune réponse n’est écrite. Si l’histoire du mouvement ouvrier est riche d’expériences, chaque nouvelle étape exige de nouvelles réponses en particulier quand l’histoire connaît des basculements comme celui que nous vivons aujourd’hui. Les réponses ne peuvent venir que d’un travail collectif tant d’élaboration que d’intervention, d’action, un travail qui confronte en permanence les raisonnements avec leurs conséquences, leurs implications. Elles supposent cependant qu’il y ait accord sur l’objectif, sinon la discussion se vide de sens. Une vision stratégique claire seule permet d’avoir une boussole à travers les différents moments de l’actualité ou les mille aspects des luttes de classes. Sans stratégie, la volonté laisse la place à un activisme dans lequel même une fraction significative de la classe ouvrière ne peut se reconnaître, autour duquel elle ne peut se regrouper, s’organiser. A l’inverse, une compréhension collective de notre stratégie commune permettrait d’intégrer l’activisme dans un travail de masse, de le soumettre à ce travail de masse, d’y trouver sa raison d’être, ses objectifs, son contrôle démocratique, son efficacité.
Les chemins du pouvoir, pas de saut qualitatif sans accumulation quantitative !
Le premier point à clarifier est celui du contenu que nous donnons à l’objectif qui nous réunit : la transformation révolutionnaire de la société. Dans les discussions du congrès fondateur, cette formule était, de fait, un compromis ayant deux lectures. L’une insistait plus sur le sens progressif, celui d’un processus proche de l’idée des antilibéraux de dépassement ou de sortie du capitalisme, l’autre soulignait la question de la rupture révolutionnaire, de la prise du pouvoir. Cette différence de compréhension s’était exprimée, pour une part et de façon déformée, lors du vote sur le nom du parti.
Dans cette discussion, il faut essayer de lever les ambiguïtés en séparant ce qui relève d’incompréhensions entre nous de ce qui relève de divergences stratégiques.
Chacun conviendra de ce que notre parti comme tout parti politique se définit par son attitude vis-à-vis de la question du pouvoir, de l’Etat et des institutions.
Samy écrit dans sa contribution intitulée Vingt défis : « Ce qui fait la spécificité d’un parti, quel qu’il soit, c’est d’être candidat à l’exercice du pouvoir. Les autres fonctions en découlent, et viennent se télescoper avec celles d’autres institutions : avec les syndicats s’il s’agit des luttes, avec des organisations d’éducation populaire (style Attac) s’il s’agit d’idéologie, etc. Le NPA est candidat à l’exercice du pouvoir (d’un autre type de pouvoir s’entend), mais ne risque pas de l’exercer de sitôt. En attendant, cette fonction ne disparaît pas, mais se traduit d’une autre façon : dans la mesure où, malgré tout, le NPA est candidat à l’exercice du pouvoir, il contribue à structurer le champ politique, cet espace qui se noue autour du pouvoir d’Etat, où entrent en jeu toutes les forces qui prétendent à sa direction (ou à sa destruction, mais toujours par rapport à lui). Une des fonctions pratiques du NPA est de déformer le champ politique en le tirant dans un sens plus favorable aux intérêts à court et long terme des travailleurs. Cela suppose une bataille au sein du pouvoir d’Etat (élections, etc.), mais, dans la mesure où cet Etat est celui de la bourgeoisie, cela suppose surtout s’appuyer sur les masses pour tirer le champ politique sur la gauche. C’est pourquoi dire que le NPA est « le parti des luttes » est limité : bien sûr, il faut aider les masses à lutter, en préparer le chemin, mais en définitive, ce sont les masses elles-mêmes qui décideront. » [2]
Cet extrait du texte de Samy résume nos ambiguïtés. Il aborde une question, la question essentielle trop souvent esquivée, du pouvoir. Nous sommes candidats à l’exercice du pouvoir et cette perspective stratégique conditionne toute « nos fonctions pratiques ». Mais il illustre aussi la difficulté que nous avons à faire le lien concret et pratique entre la lutte pour le pouvoir demain et notre activité quotidienne, les luttes d’aujourd’hui. La difficulté est bien réelle, dans les rapports de force, les niveaux de conscience… Mais nous avons tendance à prendre cette difficulté comme un fait objectif incontournable.
Le NPA « ne risque pas de l’exercer de sitôt », [le pouvoir], écrit Samy. Peut-être, mais qu’est-ce que cela veut dire au moment où la révolution frappe à la porte dans le monde arabe ? « Malgré tout », écrit-il, nous serions candidat au pouvoir, mais avons-nous une autre raison d’être que cette lutte pour le pouvoir et notre activité quotidienne a-t-elle un autre sens que de préparer, de participer à cette lutte ? La lutte pour le pouvoir conçue comme la conquête de la démocratie par les exploités, conquête dont notre parti a pour but, pour « fonction » d’être un de ses instruments. Il ne s’agit pas pour nous d’aider les masses à lutter mais de participer de l’intérieur à leur lutte pour s’organiser, pour conquérir et faire vivre leurs droits, de participer à l’émancipation collective comme condition de l’émancipation individuelle.
D’une certaine façon, nous restons dominés par l’idée du grand soir la classe opprimée n’ayant pas depuis plusieurs décennies postuler à la direction de la société.
Notre difficulté à penser ce lien entre lutte pour le pouvoir et lutte quotidienne laisse le champ libre soit au révolutionnarisme de la phrase soit au pragmatisme opportuniste. La politique a horreur du vide et à défaut d’être capable collectivement d’élaborer, de formuler au quotidien une politique qui s’inscrit dans la lutte pour conquérir des positions politiques sur la base de notre propre orientation, chacun recherche une issue soit dans l’affirmation des principes soit dans l’adaptation au rapport de force existant. Il nous faut nous atteler à la tâche de construire ce lien entre le pragmatisme de la lutte quotidienne et la stratégie révolutionnaire.
La révolution n’est pas un saut qualitatif à partir de rien mais bien un bouleversement, une rupture, conséquence de l’accumulation de contre-pouvoirs locaux gagnés dans les syndicats, les associations, les institutions elles-mêmes. L’agitation, l’activité révolutionnaire n’est pas une simple incantation mais la lutte pied à pied pour gagner des positions, la lutte pour des micropouvoirs démocratiques et révolutionnaires, accumulation primitive de forces révolutionnaires, de matériels explosifs en vue de la conquête du pouvoir.
Les différences de compréhension qui cohabitaient lors du congrès fondateur peuvent évoluer de deux façons. Si les deux optiques différentes relèvent de la même stratégie de conquête démocratique et révolutionnaire du pouvoir par les travailleurs tout en exprimant notre difficulté à faire le lien pratique entre stratégie et activité quotidienne ou à court terme, nous surmonterons, quant au fond, la divergence. Ce qui ne veut pas dire que nous serons toujours d’accord sur les réponses, ce sera là l’enjeu des débats. Par contre, si pour une partie des camarades, c’est le contenu même de notre stratégie qui est en cause, le développement de la divergence pourrait aboutir à des ruptures comme avec les camarades qui nous ont quitté pour rejoindre, d’une façon ou d’une autre, le Front de gauche.
La question du gouvernement démocratique des travailleurs
Ce débat trouve une expression simple dans la discussion sur la question du gouvernement. Quelle formule gouvernementale devons-nous mettre en avant ? Lutte ouvrière, par exemple, évite toute formule gouvernementale pour se contenter d’en appeler à la révolution, à en finir avec le capitalisme, un jour, peut-être… Cette incapacité à formuler une réponse gouvernementale est l’expression de l’impasse politique de LO qui reste dans la protestation, la dénonciation, l’affirmation de grands principes, mais est incapable de faire le lien entre travail quotidien et stratégie et, en conséquence, incapable d’être, par elle-même, un instrument de la construction du parti des travailleurs qui nous fait cruellement défaut.
Le lien entre nos tâches quotidiennes et la perspective du pouvoir ne peut se faire que si nous disons clairement et sans ambiguïté l’enjeu de notre combat, non seulement dans notre programme comme nous le faisons dans le texte Nos réponses à la crise, mais y compris dans notre agitation en trouvant les formules pour populariser l’idée d’un pouvoir démocratique des travailleurs. Cette condition n’est sans doute pas suffisante mais elle est nécessaire.
La question n’est bien évidemment pas simple quand la forme même d’un tel gouvernement ne peut s’exprimer de façon concrète, immédiatement accessible au grand public. Mais il est important que cette formule exprime deux idées clés. Le gouvernement capable de mettre en œuvre nos réponses à la crise ne peut résulter d’une simple combinaison parlementaire mais sera l’expression de l’organisation des travailleurs et de la population. Il sera en rupture avec les institutions même s’il nous est impossible de dire aujourd’hui la forme que prendra cette rupture.
C’est pourquoi je crois que la formule « un gouvernement au service des travailleurs et de la population » reste trop dans le cadre institutionnel et ne souligne pas assez nettement la nécessaire intervention directe de la classe ouvrière.
Les mots ont un contenu politique, ils s’inscrivent eux aussi dans une stratégie, il nous faut avoir nos propres formules nous différenciant sans ambiguïtés de la langue de bois institutionnelle. La formule la plus claire, au stade actuel, me semble gouvernement démocratique des travailleurs, voire gouvernement démocratique et révolutionnaire.
Les conditions objectives d’une nouvelle période révolutionnaire
La question du pouvoir, de la formule gouvernementale prend une importance nouvelle aujourd’hui en particulier pour deux raisons. D’abord, du point de vue national, parce que nous rentrons dans la campagne de la présidentielle et des législatives, élections qui posent la question du pouvoir, des institutions et du gouvernement, ensuite, du fait de la vague révolutionnaire qui bouleverse le monde arabe.
Si le congrès fondateur se déroulait maintenant, il est évident que nos débats n’auraient pas le même contenu, le mot révolution serait bien plus facilement accepté. Mais la question a son importance au-delà des circonstances aussi significatives soient elles. L’enthousiasme que suscitent les révolutions du monde arabe peut demain céder la place à des déceptions, au regard des compromis qui inévitablement, compte tenu des rapports de force, auront lieu. Et le fond est bien de mettre ces révolutions en perspective, de les inscrire dans une évolution globale du monde qui fonde et légitime une stratégie révolutionnaire. Comme nous le disions dans l’introduction du texte d’orientation de la position 1 en rappelant les principes fondateurs, les évolutions démocratiques et progressistes ne pourront venir que d’en bas, de l’intervention des classes exploitées et opprimées. Les bouleversements opérés par la mondialisation libérale et impérialiste ont mûri les conditions objectives pour une transformation révolutionnaire de la société en mettant en concurrence les travailleurs à l’échelle de la planète, en prolétarisant des millions de paysans, en ouvrant les frontières, en développant comme jamais les relations internationales, les transports, les nouvelles technologies. En portant les contradictions même du capitalisme à un niveau d’exacerbation jamais atteint au point que le décalage entre les progrès scientifiques, techniques et la dégradation sociale pour le plus grand nombre, le creusement des inégalités, la paupérisation sont devenues insoutenables. Ce sont ces contradictions qui ont engendré la première vague révolutionnaire de la nouvelle période.
Un mouvement irréversible est engagé, il connaîtra des hauts et des bas, des victoires et des défaites, de lentes accumulations de forces puis de brusques accélérations, des explosions mais notre stratégie doit toute entière s’inscrire dans cette nouvelle période de guerres et de révolution.
Plus de trente ans après les luttes de libération nationale, le chemin est ouvert pour que la lutte des opprimés puisse résolument s’emparer de son drapeau, celui de l’internationalisme. Cela aussi fonde notre stratégie en rupture avec tous les errements campistes des décennies passées.
Définir cette nouvelle période implique de faire référence au passé. Une forte tendance s’est développée qui se revendique d’une forme d’agnosticisme historique au nom de l’idée de regrouper le meilleur de l’histoire du mouvement ouvrier. Cette formule a un sens si, en toute modestie, elle consiste à prendre en compte le fait que personne n’a convaincu et qu’il faut reprendre les choses à zéro. Reprendre à zéro d’une certaine façon seulement car l’histoire nous transmet un riche capital d’expériences vis-à-vis duquel nous ne sommes pas agnostiques. La nouvelle période historique dans laquelle nous entrons s’inscrit dans l’histoire du développement du capitalisme et aussi dans celle du mouvement ouvrier, elle en prolonge la courbe même si cette courbe n’est pas linéaire. En définir les traits majeurs ainsi que la continuité de notre combat constitue un des points essentiels qu’il nous faudrait inscrire dans l’agenda de la discussion stratégique.
Nos points d’appuis
L’étape que vient de franchir la crise économique et financière a des influences politiques qui créent une période d’instabilité politique, d’usure, de discrédit des partis institutionnels qui entraîne une évolution rapide des consciences. Aujourd’hui la tendance générale de ces évolutions en Europe s’opère sur la droite vers le populisme et l’extrême droite, un retour de balancier est une forte probabilité comme on peut le voir aujourd’hui dans le monde arabe.
La question de la dette n’a pas de solution dans le cadre des rapports de classe du capitalisme, la dette publique s’inscrit dans le fonctionnement à crédit du capitalisme qui doit anticiper en permanence les profits non encore réalisés ou qui ne se réaliseront… pas. Le gonflement de la bulle financière accroît sans limite cette logique de l’économie d’endettement tant public que privé. Tous les partis sont confrontés à ce problème qui les ruine à court terme.
Dans le même temps, l’Etat apparaît de plus en plus aux yeux des plus larges masses comme un instrument sous la tutelle des banques et de la finance.
Différents éléments convergent pour aider à la naissance d’une nouvelle conscience de classe révolutionnaire parmi une fraction non négligeable du monde du travail et de la jeunesse, ce qui n’a jamais eu lieu dans les vieilles puissances impérialistes occidentales depuis la fin de la deuxième guerre mondiale même au moment des sales guerres coloniales. L’évolution est d’autant plus profonde qu’elle touche tous les pays d’Europe mais aussi les USA.
Le principal facteur de stabilité des vieilles bourgeoisies impérialistes, les surprofits impérialistes, est sapé par une terrible concurrence internationale avec son corollaire, la mise en concurrence des travailleurs à l’échelle internationale.
Ainsi commence à se construire une nouvelle classe ouvrière internationale porteuse de la transformation révolutionnaire de la société.
De nouvelles contradictions sont à l’œuvre, les révoltes arabes en témoignent. La guerre en Lybie participe, de ce point de vue, au redéploiement américain et aux nouvelles tensions, conséquences de nouvelles rivalités internationales en particulier par rapport à la Chine. Ainsi s’ouvrent des espaces pour l’intervention directe des travailleurs et des peuples. Sans aucun doute, il y aurait là aussi un vaste travail d’analyse à faire.
La montée du populisme et de la droite extrême
La montée de l’extrême-droite est un des paramètres de la nouvelle situation politique qui nous contraint à modifier, plutôt à abandonner les raisonnements politiques qui ont longtemps été ceux de large fraction de l’extrême-gauche.
Quelles que soient les exagérations concernant l’influence du FN au sein des classes populaires et surtout au sein du monde du travail, il y a là une réalité incontestable qui nous oblige à nous poser un certain nombre de questions. Deux me semblent centrales.
D’abord le fait que ce soit le FN qui exprime le rejet des partis institutionnels nous interroge sur nos difficultés à capter l’oreille du plus grand nombre. Il y a là en tout cas un point de discussion importante. Notre discours reste trop « de gauche », élitiste, soucieux de radicalité et pas assez soucieux d’exprimer les sentiments, besoins, exigences des classes populaires. Et parfois pour y réussir, certains prennent des raccourcis incertains en identifiant, par exemple, les quartiers populaires à des milieux religieux en abandonnant notre combat féministe, laïc, contre les intégristes.
Ensuite, on ne peut combattre le populisme et les préjugés racistes ou xénophobes par la morale ou l’indignation. Reprendre à notre compte l’idée que le FN ne serait pas un parti comme les autres est une erreur. Cela ne veut rien dire. Sommes-nous un parti comme les autres ? Ou si cela veut dire quelque chose, c’est que nous nous rangeons dans le camp des partis républicains, que nous nous situons de leur point de vue pour en écarter le FN. Cette idée a pour corollaire, le front des partis « comme les autres », c’est-à-dire le front républicain.
Cela ne veut pas dire que le FN ne soit pas différent de l’UMP, bien évidemment, mais il nous faut souligner à quel point Marine Le Pen est dans la continuité de Sarkozy, elle va plus loin dans le double langage, la démagogie, les préjugés racistes et xénophobes mais la logique politique est la même. C’est sous-estimer aussi à quel point le FN se nourrit des reniements et capitulations de la gauche, comme Sarkozy le fit en 2007. C’est d’une certaine façon être dupe de l’imposture du FN « antisystème », alors qu’il se nourrit des préjugés moraux, sociaux des classes dominantes, hostilité aux travailleurs, à leur organisation, l’élitisme, le chauvinisme, le racisme, et que sa politique est au service du système, des classes dominantes.
La montée du Front national comme la montée du populisme à travers l’Europe est la conséquence de la crise sociale et politique et de l’impuissance du mouvement ouvrier. Elle propose aux classes dominantes une réponse à la crise de leur système parlementaire. On ne peut le combattre qu’en combattant les causes de sa montée, la politique des partis institutionnels au service des classes dominantes. La condamnation morale est impuissante tout comme crier au fascisme. L’histoire ne se répète pas ou en tout cas jamais de la même façon.
La lutte contre la droite et l’extrême-droite est partie intégrante d’une stratégie d’ensemble, une stratégie révolutionnaire pour les masses. Et cela exige de ceux qui veulent changer le monde de changer de logiciel, d’arrêter de regarder l’avenir en décrivant le passé pour raisonner, penser, agir collectivement comme un véritable parti pour les masses. Combattre le FN, c’est d’abord et avant tout combattre la politique des classes dominantes quel que soit le gouvernement qui la mette en œuvre.
Parti de la gauche radicale, Parti « anti-système » ou parti des travailleurs ?
Cette évolution politique nous oblige à mieux nous définir par rapport aux différents courants politiques. Le plus souvent nous faisons référence à la gauche, à la gauche radicale, la gauche de la gauche. Dans le même temps nous voyons bien que nos références devraient souligner la dimension « antisystème » de notre politique et de notre programme mais aussi, pour nous démarquer de l’extrême-droite, la dimension sociale et démocratique de notre combat.
Nous ne sommes pas un parti « antisystème » au sens que prend le qualificatif pour le FN. Notre anticapitalisme est démocratique et révolutionnaire.
Il est étonnant que des camarades prennent argument de la popularité de Marine Le Pen dans une fraction de la classe ouvrière pour démontrer que nous aussi nous devrions formuler des critiques radicales des organisations syndicales en particulier de la CGT. La façon de poser le problème est surprenante : nos critiques des appareils syndicaux sont opposées à celles du FN. Nous discutons dans les organisations syndicales, sur les lieux de travail de la politique nécessaire pour défendre les droits des travailleurs, des moyens d’y parvenir, c’est à dire l’organisation démocratique des travailleurs. Nous ne critiquons pas de l’extérieur, nous développons au sein même de la classe ouvrière les idées et le travail d’organisation.
La façon dont Marine Le Pen combat les organisations syndicales devrait nous mettre en garde contre toute forme de démagogie pour mieux souligner la dimension démocratique de notre travail.
Notre parti doit se définir autour de trois axes, parti des travailleurs, porte-parole des exploités face à la bourgeoise, parti démocratique, militant pour que la population ait les moyens de contrôler et de diriger la marche de la société, parti révolutionnaire, parce que nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de progrès possible sans intervention directe du monde du travail pour conquérir le pouvoir politique et économique par l’expropriation des capitalistes de la finance.
Nous militons pour le regroupement de celles et ceux qui se reconnaissent dans ces objectifs, c’est cela le regroupement des anticapitalistes. Cela implique que nous nous définissions clairement en toute indépendance de la gauche libérale mais aussi de la gauche institutionnelle antilibérale. Nous nous opposons à la contrebande politique qui consiste à faire passer les antilibéraux pour des anticapitalistes.
Se donner les moyens de développer une politique pour les luttes
Dans notre intervention tant syndicale que politique au sein du monde du travail, malheureusement surtout syndicale, se retrouve le même type de confusion que sur la question de la transformation révolutionnaire. Là, elle se manifeste sous la forme de deux grands thèmes : ceux qui pensent que l’on ne dénonce pas assez les bureaucraties syndicales ou ceux qui privilégient l’activité syndicale en en faisant une fin en soi. Notre intervention en direction du monde du travail se limite aussi de trop au soutien aux luttes. Là encore la discussion renvoie à la question stratégique.
Nous militons dans les organisations syndicales, nous y participons à la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, non en nous considérant comme leurs avocats ou leurs représentants, mais comme des organisateurs. Le syndical reste une école d’organisation et politique, au sens général du terme, indispensable, une école pour s’éduquer à l’exercice des responsabilités sociales et politiques, à l’action collective, à aider l’ensemble des travailleurs à défendre leur dignité et leurs droits. L’école de la lutte quotidienne, de la lutte de classe à son stade moléculaire, élémentaire.
Les militants du NPA sont des ferments de ces mille et une luttes à travers lesquelles se forgent la solidarité de classe loin du double langage des bureaucraties syndicales, de toutes celles et ceux pour qui la défense de leur propre appareil passe avant la défense des intérêts généraux des travailleurs, pour qui l’organisation est une fin et non un moyen, un instrument.
Cette démarche est une démarche politique, elle repose sur une compréhension politique du rôle des travailleurs, la compréhension de la nécessité de leur organisation pour intervenir en tant que classe sur le terrain politique. Toute notre activité syndicale s’intègre dans une stratégie de conquête du pouvoir par les travailleurs, « les producteurs associés ». Cela veut dire concrètement la lutte pour conquérir démocratiquement des positions sur la base de nos orientations syndicales et revendicatives mais aussi politique. D’où l’importance de formuler une politique par-delà les rivalités d’appareil pour l’ensemble de la classe salariée. La véritable rupture avec les bureaucraties, pour nous, s’opère à ce niveau-là, la défense d’une politique pour la classe ouvrière nécessitant des cadres démocratiques de décision et d’organisation. Mais, là encore, une telle démarche suppose un accord sur nos objectifs stratégiques.
Front unique et l’indépendance de classe
La politique du Front unique est née de la scission du mouvement ouvrier, après la révolution russe, entre la tendance communiste et la tendance social-démocrate et du besoin de reconstruire l’unité de la classe ouvrière sur la base de la défense de ses propres intérêts. Si la démarche de front unique a acquis une dimension universelle pour le mouvement ouvrier révolutionnaire, il est cependant clair qu’elle prend inévitablement un contenu différent selon les situations concrètes. La tactique du front unique a été conçue dans le cadre d’une stratégie révolutionnaire, unir les forces du monde du travail dans l’objectif de la conquête du pouvoir. Qu’est-ce que cela implique dans un contexte où l’objectif du pouvoir n’est pas posé à court terme ?
La lutte politique passe nécessairement par des alliances et des compromis. En la matière, la règle devrait, me semble-t-il, être simple, toute alliance qui représente un pas en avant est positive à condition qu’elle n’implique pas des prises de positions contraire à notre stratégie, à notre programme. Nous ne sommes pas des révolutionnaires de la phrase qui ont toujours peur de ne pas dire tout le programme, les Don Quichotte de la lutte contre toutes illusions mais nous ne sommes pas non plus des opportunistes qui sont prêts à dire des choses qu’ils ne pensent pas pour trouver des alliés. Ainsi nous étions prêts à nous allier avec les antilibéraux pour porter ensemble sur le terrain électoral les exigences du monde du travail à condition de garder toute indépendance vis à vis d’une politique d’union de la gauche et de gestion des institutions.
Renaissance du marxisme
« Je conclurais lapidairement en disant qu’il nous faut une refondation (ce qui n’est pas plaquer les conceptions passées sur le présent !), et que cette refondation sera marxiste.
La refondation s’est nourrie, se nourrit et se nourrira de nombreuses sources. Nous nous inspirons toutes et tous (du moins je l’espère) d’expériences diverses et d’auteur.e.s qui ne sont pas marxistes. Le « savoir » ne se réduit pas au marxisme, loin s’en faut ! Mais il s’agit ici de refonder une théorie de la révolution dans le monde d’aujourd’hui – au cœur de laquelle se trouve la critique du capitalisme et la compréhension de la place de la lutte des classes dans l’ensemble des luttes sociales, culturelles, idéologiques, politiques, etc., – pour qui le marxisme constitue véritablement une ossature.[…]La vitalité d’une tradition théorique ne se juge pas à sa capacité à prédire (c’est un exercice vain), mais à percevoir rapidement l’émergence du neuf quand il prend forme et à l’intégrer, à ouvrir débats et réflexion. » écrit Pierre Rousset dans sa contribution. [3]
On ne peut que souscrire en soulignant le fait que cette refondation marxiste ne pourra être qu’un travail collectif politique, théorique et pratique en lien avec le développement de notre intervention dans la lutte de classe dans ses manifestations y compris les plus quotidiennes. Il n’y a pas plus un marxisme que mille. La cohérence du marxisme lui vient de ce qui le définit, la théorie des luttes d’émancipation, la mise au service du combat pour la démocratie et la liberté, pour le socialisme des connaissances modernes au moyen du matérialiste évolutionniste. Cette tradition marxiste clairement dégagée des caricatures totalitaires du stalinisme ou du maoïsme est l’instrument nécessaire pour étayer, argumenter notre perspective stratégique, construire le lien entre pratique et théorie avec, de toute évidence, un débat ancien qui va rebondir avec force au sein du NPA, les rapports entre marxisme et anarchisme. De fait nous est posée la question de savoir quelles implications pratiques recoupent nos divergences ou, dit de façon plus abrupte, si nous pouvons être deux tendances d’un même parti. Nous en avons fait le pari mais là aussi, ce pari implique des clarifications.
Démocratie révolutionnaire
Le travail auquel nous sommes confrontés est immense, il reçoit un profond stimulant des besoins mêmes de la lutte, de rendre les coups contre tous ceux qui voudraient nous enterrer, du besoin de chacun de comprendre pour agir. Surmonter la crise que nous traversons nécessite une certaine capacité d’autocritique. Ce n’est pas le projet, ni les textes principaux qui le définissent qui sont en cause mais bien nos capacités individuelles et collectives à les assumer, à leur donner un contenu pratique, dynamique, militant au sein du monde du travail et de la jeunesse. Cette capacité ne renvoie pas à des qualités morales, individuelles mais bien à cette question de stratégie, la compréhension de la nouvelle période, les tâches qui en résultent, les changements qu’elle implique.
Mais nous avons de solides points d’appui pour refonder le NPA. Notre débat stratégique n’a pas à tout repenser ou tout réinventer, loin s’en faut, il doit mettre les choses en cohérence. A la fois les idées qui ont prévalu à la fondation du NPA, l’analyse de la période, nos réponses à la crise pour construire une pensée collective globale, une volonté politique.
Le dernier congrès n’a pas été bon parce que la position 1 n’a pas assumé pleinement ses propres textes mais ces derniers définissent les grandes lignes d’une orientation permettant de reprendre l’offensive, le texte d’orientation de la P1, Nos réponses à la crise et je crois qu’il faut y ajouter le texte Anne, Cathy, Galia, Guillaume, Ingrid sur féminisme, laïcité, religion.
Assumer pleinement ces textes, surmonter les doutes, mener largement la bataille politique est le point de départ pour refonder dès maintenant dans l’activité quotidienne le NPA, préparer notre campagne présidentielle, entourer notre future candidate, créer une dynamique interne en faisant vivre largement la démocratie. Pas seulement la démocratie des tendances et fractions où chacun lutte pour ses propres positions au prix souvent d’une paralysie du parti, mais plus que cela, une réelle démocratie révolutionnaire soucieuse d’associer tout le monde, de débattre de tout, d’encourager les initiatives, force dynamique qui fonde la confiance et la solidarité de parti. C’est cette démocratie vivante qui permet dans la pratique de construire, pas à pas, le lien entre le travail quotidien, la tactique et la stratégie révolutionnaire.
L’enjeu du débat qui commence est bien de définir plus que ce qui nous réunit le cadre stratégique global qui en résulte et dans lequel nous inscrivons notre politique et travail quotidien. Le congrès fondateur a défini ce qui nous réunissait, notre premier congrès a été un rendez-vous manqué qui ne nous a pas permis de franchir l’étape de nous constituer en parti en définissant clairement notre stratégie. C’est ce travail qui commence, ce n’est pas une mince affaire.
Le 6/05/2012
Yvan Lemaitre