Se montrant extrêmement critique vis-à-vis de son gouvernement, le chef du patronat japonais, Yonekura Hiromasa, a estimé, lundi 2 mai, qu’il revenait à l’Etat, et non à l’opérateur de Fukushima, d’indemniser les riverains de la centrale nucléaire accidentée lors du séisme et du tsunami du 11 mars.
« Le gouvernement se défausse pour n’assumer aucune responsabilité », a dénoncé le président de la fédération Keidanren dans un entretien accordé à l’AFP, prenant la défense de la société Tokyo Electric Power (Tepco), critiquée pour sa gestion de l’accident nucléaire. « Je critique ouvertement le gouvernement au sujet des indemnisations », a-t-il ajouté.
Selon M. Hiromasa, « le gouvernement doit continuer à aider Tepco et doit aussi indemniser ces habitants ». « Ils ont toujours dit que Tepco était responsable de ces indemnisations, mais ce n’est pas vrai au regard de la loi », a-t-il insisté.
REJET DE TOUTE NATIONALISATION
Poussé par le gouvernement, l’opérateur a commencé à verser des indemnités aux personnes chassées de chez elles par l’accident provoqué par le tsunami qui a mis hors de service le système de refroidissement des réacteurs. « Cette attitude du gouvernement japonais a eu une influence vraiment négative sur les réactions de l’opinion mondiale en termes de politiques énergétiques », a-t-il jugé au sujet des décisions de plusieurs gouvernements de suspendre leurs programmes nucléaires.
Le patron des patrons a aussi vivement rejeté toute éventuelle nationalisation de Tepco, une hypothèse évoquée fin mars par le ministre délégué à la stratégie nationale. « Il y a un ministre stupide, ignorant, qui a mentionné l’éventualité d’une nationalisation de Tepco, qui ne peut en aucun cas avoir lieu », a-t-il affirmé.
« DÉSASTRE INIMAGINABLE »
Yonekura Hiromasa a assuré que l’opérateur avait construit et géré la centrale de Fukushima Daichi sur la base des normes établies par l’Etat. Il a expliqué que la loi japonaise prévoyait que les opérateurs étaient responsables de tout dégât provoqué par leurs installations, sauf « en cas de désastre inimaginable [1], ou de conflit interne ou de terrorisme, auxquels cas l’Etat doit prendre à sa charge toutes les indemnisations ».