Afin de soutenir les travailleurs et travailleuses migrant africain-e-s et asiatiques, fuyant la Lybie depuis plusieurs semaines, le secrétaire général d’Attac Togo a pris part à une mission initiée par l’ONG Al Taller International. Cette mission s’est rendue les 21 et 22 mars au camp de Choucha, à 580 km de Tunis, dans la région de Ben Guerdane, à la frontière tuniso-libyenne de Ras Jdir.
Le camp de Choucha monté il y a trois semaines pour accueillir 20.000 personnes voit arriver quotidiennement 3.000 réfugié-e-s, essentiellement des travailleuses et travailleurs migrant-e-s étrangers/ères en Libye et des migrant-e-s en transit en Libye en route vers l’Europe. Après avoir parcouru pour certains 70 km à pied, ces réfugié-e-s arrivent en Tunisie dépouillés des économies qu’ils et elles ont pu réaliser pendant leur séjour en Libye. L’exode vers la Tunisie a été traumatisant pour la plupart. Ils et elles se voient systématiquement arrêté-e-s à des « chek-point » par des soldats ou des milices libyennes, fouillé-e-s jusqu’au slip, menacé-e-s par des fusils ou à l’arme blanche et dévalisé-e-s de tout leur argent, objets de valeurs, téléphones portables, etc. Après avoir subis mille et une humiliations, insultes racistes et avoir été exploité-e-s comme des esclaves dans la société libyenne, ces milliers de migrant-e-s se retrouvent aujourd’hui sans un sous, dormant sous les tentes du HCR, contraint-e-s de faire trois à quatre heures de file pour pouvoir prendre une douche, bénéficier d’une petite ration de thé, de riz ou de spaghetti pour apaiser leur faim et leur soif dans la plaine semi-aride de Choucha. Leur seul vœux : rentrer dans leur pays, sans espoir de trouver un nouvel emploi et avec la crainte d’être à nouveau victime de la répression des autorités politiques pour celles et ceux qui ont du quitter leur pays pour des raisons politiques.
Lors de sa tournée dans le camp, la mission a pu rencontrer des réfugié-e-s togolai-se-s. Selon les informations recueillies à leur niveau, plus de trois cents réfugié-e-s togolai-se-s sont déjà passé-e-s par le camp de Choucha, conduit-e-s pour certains d’entre eux par l’ambassadeur du Togo en Libye, Mr Nabiema Daoud. Beaucoup témoignent devoir leur survie grâce à l’effort fourni par cet ambassadeur, qui n’a pas hésité à traverser les zones d’affrontements pour venir rentre visite aux réfugié-e-s togolai-se-s la semaine passée au camp de Choucha. Sur les trois cents réfugié-e-s togolai-se-s, 170 ont été rapatrié-e-s, les autres se retrouvant dans une longue attente et ayant chaque jour le regard fixé sur le tableau de rapatriement affiché par l’Organisation Internationale de la Migration, sur lequel il reste écrit pour le Togo : « pas confirmé ». Au même moment, les autres pays d’Afrique de l’Ouest ne cessent d’affréter des avions pour le rapatriement chaque jour de leurs ressortissant-e-s. Pour la seule journée du 22 mars, trois vols ont quitté Tunis pour Accra et le même nombre de vol est prévu le lendemain pour convoyer des réfugié-e-s ghanéen-ne-s. Les échos reçus des premiers réfugié-e-s arrivé-e-s au Togo font état de leur abandon à Lomé à leur arrivée, alors que la majeure partie des réfugié-e-s togolai-se-s rencontré-e-s sur place sont originaires du Nord du Togo et n’ont plus aucune ressource pour rejoindre leur famille.
Face à cette situation dramatique, Attac Togo, par ce communiqué de presse, tient à lancer un appel à toute la communauté internationale pour une aide accrue aux victimes de la crise libyenne en Egypte et en Tunisie et appelle à un cessez le feu entre les belligérants et à l’arrêt des frappes aériennes sur la Lybie pour éviter un désastre humanitaire sans précédent. Attac Togo demande par la même occasion au gouvernement togolais :
– de prendre dans l’immédiat des mesures urgentes pour le rapatriement de tou-te-s les réfugié-e-s togolai-se-s dans les camps en Tunisie, en Egypte et des Togolai-se-s encore présent-e-s en Libye, particulièrement les étudiant-e-s togolai-se-s boursiers/ères vivant à Tripoli.
– d’assurer le transport des réfugié-e-s à leur arrivé à Lomé vers leur ville d’origine ou leur lieu de résidence.
– de leur fournir un suivi médical gratuit à leur arrivée.
– de faciliter leur réintégration sociale et économique au Togo.
Fait à Lomé le 25 mars 2011.
ATTAC TOGO
(Membre du réseau CADTM)