On a pas mal parlé de la FIFA ces derniers temps. D’abord, pour des soupçons de corruption puis pour l’attribution des coupes du monde 2018 et 2022. Pour l’affaire de corruption, la presse anglaise s’est offusquée du fait que le vote des membres du comité de la FIFA soit facile à acheter. Après une enquête tout ce qu’il y a de plus interne, la FIFA suspendait deux de ses membres, dont Reynald Temarii, vice-président de l’association. Plus tard, Michel Zen-Ruffinen rajouta une couche en listant les membres dont le vote se négocie à coup de millions ou de femmes. Et le public de s’offusquer. Mais cette suspension, ce n’est rien d’autre que de la communication. En effet, le fonctionnement de la FIFA est basé sur la corruption. Dans la démocratie américaine, on appelle ça le lobbying. Les différents pays approchent les membres du comité pour les convaincre de soutenir leur candidature. Alors oui, ça n’a rien à voir avec le sport. Mais la FIFA n’a rien à voir ni avec le football ni avec une association. C’est une institution néolibérale qui vise à faire le plus de profit possible à partir du spectacle le plus populaire au niveau mondial qui se trouve être le football.
Pays autoritaires
A partir de là, on comprend mieux le choix du Qatar pour la coupe du monde 2022. Le choix de la Russie pour celle de 2018 porte moins à la critique, car cette grande nation du foot n’avait encore jamais accueilli de coupe du monde. Quand la FIFA choisit un pays, elle regarde plusieurs choses. D’abord l’argent. Dans ce cas, le Qatar fait figure d’excellent débiteur. Deuxièmement, elle ne veut pas d’agitation sociale qui fasse mauvais genre. Elle apprécie tout particulièrement les pays autoritaires : l’Argentine des colonels en 78, l’Afrique du Sud, la Russie et donc le Qatar. Elle cherche également à faire fructifier l’événement. Organiser la coupe du monde au Qatar signifie alors se tourner vers le marché arabe, après le marché asiatique visé par la coupe du monde 2002 au Japon et en Corée du Sud. Cela signifie également se situer dans un fuseau horaire proche de celui de l’Europe, principal réservoir d’audience, contrairement au principal concurrent du Qatar, l’Australie. Car il ne faut pas oublier qu’une coupe du monde, c’est avant tout un événement télévisuel.
Les autres critères ne comptent pas. Peu importe si le Qatar est un pays sans aucune tradition footballistique, sans aucune expérience d’organisation d’événements importants, un pays où les supporter ne pourront pas s’embrasser, un pays où il fait si chaud, qu’il est prévu, sans rire, de climatiser les stades. La FIFA s’en fout. En bonne institution capitaliste, elle ne cherche que le profit. Son comité « éthique » cache difficilement son fonctionnement corrompu et sa quête de nouveaux marchés ne s’embarrasse pas des questions écologiques ou sociales. Plus qu’un scandale, c’est l’ensemble du système qui est scandaleux.
Pierre Raboud