Réunie à l’initiative conjointe du Nouveau parti anticapitaliste et
du Socialist Workers Party du Royaume-Uni, la Conférence a
d’abord mis en évidence la nature structurelle et non passagère
de la crise actuelle. Celle-ci, loin de susciter des remèdes keynésiens – à savoir, la reprise par l’intervention de l’Etat –, donne
lieu à des plans d’austérité qui tendent à institutionnaliser le néolibéralisme, à
l’inscrire dans le code génétique des sociétés.
L’austérité institutionnalisée
Ainsi, en Allemagne par exemple, les mesures d’austérité redéfinissent la
notion même de « minimum vital » avec un plafond, pour le panier de la ménagère, à… 180 euros par mois. En France, Espagne, Grèce, Irlande, ce sont les
systèmes de retraites, le code du travail qui sont dans le collimateur. Et en Italie,
c’est le contrat de travail national – c’est-à-dire la fixation au plan national du
prix minimum de la vente de la force de travail – qui est remis en cause.
Ces politiques, qui s’inscrivent dans une crise sociétale et climatique, s’accompagnent de mesures autoritaires, du développement du racisme, d’un retour
« aux valeurs » qui tend à légitimer le renvoi à la maison de centaines de milliers
de femmes. De plus, comme en Allemagne, Suisse ou Pologne, c’est une nouvelle offensive en faveur de la construction de centrales nucléaires qui ne fait
que commencer.
Contre ces tendances lourdes, en Grèce, en France, dans l’Etat espagnol et
ailleurs, des protestations de masse ont eu lieu, continuent d’avoir lieu. Mais
elles exigent l’élaboration de perspectives de rupture avec le capitalisme, seules
à même de répondre aux besoins fondamentaux de la majorité des populations
européennes.
C’est la raison pour laquelle, sans figer d’emblée des formes organisation-
nelles communes, les participants à la Conférence ont défini un certain nombre
d’échéances qui devraient, dans une pratique partagée, permettre à la fois de
contribuer à la mobilisation de couches significatives de la jeunesse et des sala-
riés, et d’élaborer et affiner des réponses anticapitalistes et socialistes à la triple
crise, économique, climatique et sociétale, que ce monde connaît.
Dans les luttes et par le débat, construire un projet alternatif
A ce titre, ont été présentées les propositions du NPA « pour ne pas devoir
payer pour leur crise ». A partir de l’idée fondamentale selon laquelle nos vies
valent plus que leurs profits, elles définissent un certain nombre de droits fondamentaux – des salaires permettant
de vivre décemment, travailler tous
moins longtemps, développer le
salaire social, le financement de la
santé publique, des retraites, de l’éducation, de la culture, celui d’avoir
accès aux biens communs.
Partant, ces propositions supposent l’organisation de mobilisations –
en toute indépendance par rapport
aux gouvernements et aux logiques
du « moindre mal » – nationales et
internationales. Ainsi, ont été convenues des échéances communes de
mobilisation, à l’échelle continentale.
Il s’agit en particulier du rendez-vous
du 6 novembre contre le nucléaire,
des mobilisations prévues à Lisbonne
du 19 au 21 novembre contre le sommet de l’OTAN, ainsi que d’une
convergence européenne, massive,
en 2011, contre le G20 à Nice.
Parallèlement, l’ensemble des participants à la réunion de Paris ont
reconnu l’urgence d’engager un travail d’élaboration commune. Celui-ci
se doit de lier les préoccupations
sociales immédiates – le droit au travail, à l’alimentation, à la santé, à
l’éducation – et la lutte pour la
défense du cadre vital, celle contre le
patriarcat, contre le racisme et celle
contre les guerres impérialistes qui ne
grèvent pas seulement les budgets
publics, mais sèment la mort et la désolation.
Enfin, une date commune de mobilisation a été retenue, celle qui doit,
au printemps 2011 célébrer les 140
ans de la Commune de Paris. Une
Commune qui reste l’option alternative à la barbarie capitaliste.
Paolo Gilardi
* Outre la Gauche anticapitaliste, de Suisse,
solidaritéS et le MPS étaient aussi présents.