« La mobilisation a triomphé »
Source : El Watan, le 06.10.10 | 03h00
Le verdict du procès des non-jeûneurs de Aïn El Hammam, à 45 km au sud de Tizi Ouzou, est tombé hier : le juge a prononcé la relaxe en faveur des deux mis en cause, Hocine Hocini et Salem Fellak, âgés respectivement de 44 et 34 ans.
« Je remercie tous les citoyens qui se sont mobilisés pour que l’injustice ne soit pas commise », nous a déclaré Hocine Hocini après l’annonce du verdict. « Le juge n’a pas prononcé la relaxe proprement dite ; il a prononcé le défaut d’infraction, car la poursuite ne pouvait pas avoir le lieu. Aucun article pénal ne prévoit de poursuites pour les non-jeûneurs », nous a expliqué Me Mohamed Aït Mimoune, membre du collectif d’avocats de défense des mis en cause, qui a estimé aussi que « les prévenus ne devaient même pas être poursuivis. La Constitution a prévalu, consacrant la liberté de culte et de la conscience ».
Maître Nacéra Hadouche, membre du collectif d’avocats pour la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales, a ajouté pour sa part : « Je suis très satisfaite de la mobilisation. Le verdict prouve que nul ne peut être coupable qu’en vertu de la loi. Le réquisitoire du procureur n’était fondé sur aucun texte national ou international. L’article de poursuite (144 bis 2) stipule que quiconque dénigre les préceptes de l’Islam, alors que selon le dictionnaire judiciaire international, dénigrer, c’est porter des accusations mensongères envers autrui. Il faut noter aussi que l’article 132 de la Constitution stipule que les lois internationales ratifiées par l’Algérie sont supérieures aux lois internes. »
A l’extérieur du palais de justice, des centaines de personnes ont observé un rassemblement de solidarité avec les prévenus. Parmi les présents, on a remarqué le sénateur Mohamed Ikherbane et des députés du RCD, des militants du MAK, des membres du Congrès mondial amazigh et de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, des représentants de la communauté chrétienne (protestants) en Algérie ainsi que d’autres militants de la cause amazigh comme Abdenour Abdeslam et Arezki About.
Dans un communiqué, le collectif SOS Liberté, pour sa part, prend acte du verdict qui « rétablit dans leurs droits les deux victimes de l’arbitraire » et salue « la mobilisation citoyenne qui l’a rendu possible ». Le même collectif appelle à maintenir le mouvement de solidarité pour soutenir les autres victimes de persécutions pour « délit religieux », notamment lors des procès prévus le 10 octobre à Larbâa Nath Irathen et le 8 novembre à Akbou. Le 26 septembre dernier, lors du procès, le procureur avait requis une peine de trois ans de prison ferme à l’encontre des deux concernés, estimant que les mis en cause « ont porté atteinte aux préceptes de l’Islam, en vertu de l’article 144 bis 2 du code pénal ».
Les avocats de la défense avaient demandé la relaxe, précisant qu’il s’agit là d’une atteinte à la liberté individuelle des citoyens, d’autant plus, avaient-ils soutenu, que « la Constitution algérienne garantit la liberté du culte ». Les deux mis en cause ont été interpellés par la police, au début du mois de Ramadhan, dans un chantier de bâtiment situé non loin du centre-ville de Aïn El Hammam.
Hafid Azzouzi
Verdict d’apaisement à Aïn El-Hammam
Les deux non-jeûneurs relaxés
Source : Liberté-Algérie, 6 octobre 2010.
Le tribunal correctionnel de la ville de Aïn El-Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a rendu hier le verdict dans l’affaire des deux non-jeûneurs, en relaxant Hocine H. et Salem F., interpellés le 12 août dernier par des policiers, alors qu’ils se trouvaient dans un chantier privé, en les accusant d’avoir porté atteinte à l’islam.
À l’extérieur du tribunal hier, le jugement a été applaudi par des centaines de personnes, dont des militants de partis politiques ainsi que de nombreux citoyens venus soutenir ce qu’ils considèrent être une cause faisant partie des libertés démocratiques. “Je suis heureux du verdict”, a déclaré M. Hocine à l’AFP. “Dès le premier jour du procès, j’avais demandé que justice soit faite. Justice a été faite”, a ajouté cet ouvrier journalier, qui a indiqué vouloir se consacrer désormais plus sereinement à sa petite fille et sa famille, tout en continuant à militer pour une plus grande liberté religieuse. Il faut savoir que le procureur avait réclamé trois ans de prison ferme. Mais “il n’y a aucun article de loi qui prévoit des poursuites pour ce cas”, avaient souligné les avocats de la défense.
De son côté, le président de l’Église protestante en Algérie, le pasteur Mustapha Krim, a rappelé qu’il s’agissait d’une “étape”, une “bonne étape”, dans un entretien téléphonique avec l’AFP. “Nous allons continuer à exercer des pressions pour défendre les libertés religieuses” en Algérie, a-t-il ajouté. Le Collectif SOS Libertés a rendu hommage aux deux ex-accusés “qui ont assumé leurs convictions (religieuses) avec dignité et courage”. Ce groupe d’Algériens, réunis pour défendre notamment la liberté religieuse dans ce pays quasi musulman, a également appelé dans un communiqué au renforcement de la solidarité avec d’autres accusés prochainement déférés devant la justice. Le 10 octobre, quatre chrétiens seront jugés à Larbâa n’ath Irathen, également en Kabylie, pour création d’un lieu de culte sans autorisation.
Selon un responsable du collectif SOS Libertés, Arezki Aït Larbi, “ils n’ont fait que prier dans la maison de l’un d’entre eux, faute d’avoir pu obtenir un document officiel leur permettant de créer un temple”. Un autre procès est prévu le 8 novembre dans la région d’Akbou. Il s’agit également de non-jeûneurs durant le ramadhan, au nombre de neuf, mais qui ne sont pas chrétiens. Ces hommes avaient été interpellés de “manière musclée” par la police, à en croire le collectif SOS Libertés, alors qu’ils buvaient un café dans un local commercial désaffecté à Ighzer Amokrane (Béjaïa).
Algérie : relaxe des deux chrétiens non jeûneurs durant le ramadan
Source : (AFP) – 5.10.2010
AÏN EL HAMMAM (Algérie) — Les deux ouvriers chrétiens, interpellés durant le ramadan dans l’est de l’Algérie pour non respect du jeûne et jugés pour « atteinte à un précepte de l’islam » ont été relaxés mardi, à la grande joie de dizaines de militants massés à l’extérieur du tribunal.
Un juge du tribunal de Aïn El Hamman, en Kabylie, a prononcé un non-lieu car « aucun article ne prévoit de poursuite » dans le cas de non respect du jeûne durant le ramadan, selon une traduction des propos en arabe du magistrat.
Le juge a suivi l’argument de la défense qui avait plaidé la relaxe lors de la comparution libre le 21 septembre de Hocine Hocini, 44 ans, et Salem Fellak, 34 ans. Le procureur avait réclamé trois ans de prison ferme.
« Je suis heureux du verdict », a déclaré M. Hocini à l’AFP. « Dès le premier jour du procès, j’avais demandé que justice soit faite. Justice a été faite », a ajouté cet ouvrier journalier qui a indiqué vouloir se consacrer désormais plus sereinement à sa petite fille et sa famille tout en continuant à militer pour une plus grande liberté religieuse.
Les deux ouvriers, chrétiens évangélistes, avaient été interpellés par la police le 13 août sur un chantier alors qu’ils venaient de finir de manger dans un lieu discret.
A l’extérieur du tribunal, le jugement a été applaudi par des centaines de personnes, parmi lesquelles des militants du MAK, Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie, du Congrès mondial amazigh, fondé en France par des militants kabyles, et de la Ligue de défense des droits de l’Homme, a constaté le correspondant de l’AFP.
« Heureux » également, le président de l’Eglise protestante en Algérie, le pasteur Mustapha Krim, a rappelé qu’il s’agissait d’une « étape », une « bonne étape », dans un entretien téléphonique avec l’AFP. « Nous allons continuer à exercer des pressions pour défendre les libertés religieuses » en Algérie, a-t-il ajouté.
Le Collectif SOS Libertés a rendu hommage aux deux ex-accusés « qui ont assumé leurs convictions (religieuses) avec dignité et courage ». Ce groupe d’Algériens, réunis pour défendre notamment la liberté religieuse dans ce pays quasi-exclusivement musulman, a également appelé dans un communiqué au renforcement de la solidarité avec d’autres accusés prochainement déférés devant la justice.
Le 10 octobre, quatre chrétiens seront jugés à Larbâa-Nath-Irathen, également en Kabylie, pour création d’un lieu de culte sans autorisation. Un autre procès est prévu le 8 novembre dans la région d’Akbou, en petite Kabylie. Il s’agit également de non-jeûneurs durant le ramadan, au nombre de neuf, mais qui ne sont pas chrétiens.
L’islam est religion d’Etat en Algérie où les chrétiens seraient au nombre de 11.000 pour 35,5 millions d’habitants, selon le ministère des Affaires religieuses. Le pasteur Krim, selon lequel les conversions sont plus nombreuses depuis les années 1990, évalue les seuls protestants à 30.000, surtout en Kabylie.
Source :
la solidarité et la mobilisation ont fini par payer. Et pour cause, le tribunal de Ain El Hammam (Kabylie) a prononcé mardi matin la relaxe en faveur des deux prévenus, Hocine Hocini et Salem Fellak.
Ainsi, dans son verdict, le tribunal a rejeté les accusations du procureur qui avait requis le 21 septembre trois ans de prison ferme à l’encontre des deux prévenus. Les deux prévenus, de confession chrétienne, sont, des lors, sortis libres et soulagés du palais de justice. Les deux prévenus n’ont, d’ailleurs, pas caché leur joie par rapport à cette issue heureuse de ce procès honteux.
« Je remercie tous les citoyens qui se sont mobilisés pour que l’injustice soit bannie dans notre pays », a déclaré, à El Watan, dans ce sens Hocine Hocini après l’annonce du verdict.
Après un feuilleton judiciaire qui a tenu en haleine toute l’Algérie, le tribunal d’Ain El Hamma a finalement coupé court aux rêveries fanatiques de certains cercles officiels qui voulaient bien mettre en prison ces deux citoyens.
Pour de nombreux observateurs, la mobilisation internationale a été pour beaucoup dans la relaxe de Hocine Hocini et Salem Fellak. De leur côté, les cinq avocats de la défense ont salué « une victoire de la justice contre l’arbitraire ».
Signalons que des centaines de personnes se sont rassemblées aujourd’hui encore à l’extérieur du tribunal pour clamer haut et fort leur soutien aux deux non-jeûneurs.
Un soutien qui a été d’un secours extraordinaire puisqu’il a permis à Hocine Hocini et Salem Fellak de croire encore un peu en leur pays et garder cette confiance en soi si précieuse dans une telle épreuve.
Signalons juste que d’autres procès de citoyens non-jeûneurs s’ouvriront prochainement à Béjaia et Larbâa Nath Irathen. Et là encore l’opinion publique retient toujours son souffle en espérant que la Justice Algérienne sauvera une fois pour toute son honneur en relaxant tous les prévenus.
Abderrahmane Semmar