La liberté religieuse, c’est la liberté de pratiquer ou de ne pas pratiquer, de croire ou de ne pas croire !
Que se passe-t-il en Algérie ? A la veille du ramadan, le 9 août, le Ministre algérien des affaires religieuses, Abdellah Ghoullamallah, déclare : « La liberté est assurée en Algérie. Seulement cette liberté ne concerne que la politique et non la religion ! » [1].
Vendredi 13 août 2010, au deuxième jour du ramadan, la police d’Ain El Hammam, à 40 kilomètres à l’est de Tizi Ouzou, interpelle sur leur chantier deux travailleurs du bâtiment, Hocine Hocini, 47 ans et Salem Fellak, 34 ans.
Pendant l’été, la température atteint plus de 40° centigrades. Comment travailler huit heures sous un soleil de plomb, assoiffé et le ventre vide ? Sur le coup de midi et après une demi-journée d’un travail dur et pénible la police surprend les deux ouvriers en train de boire de l’eau et de reprendre un peu d’énergie.
Les policiers emmènent Hocine Hocini et Salem Fellak au commissariat de police voisin du chantier. Le procès-verbal à peine rempli, ils sont déférés devant le juge. Leur procès était prévu mercredi 18 août mais c’était sans compter sur la population de Ain Al Hammam qui a décidé de tenir un sit-in devant le tribunal à l’heure du procès. La mobilisation a conduit le juge à le reporter au 21 septembre 2010.
L’intolérance triomphera-t-elle en Algérie ?
La presse algérienne, El Watan (La Patrie), le Soir d’Algérie, rapporte l’affaire. Selon Boubakeur Hamidechi, chroniqueur au Soir d’Algérie, « ce pseudo néo-islam autour duquel dissertent, si souvent et avec autorité, des personnalités comme le ministre en question […] explique le retour musclé de l’imprécation sous toutes ses formes au nom de supposées « bonnes mœurs ». […]
Le 29 septembre 2008, déjà six hommes, accusés de ne pas avoir respecté « un fondement de l’Islam, celui du ramadan », ont été condamnés à quatre ans de prison ferme par le tribunal de Biskra, une ville située à 420 km au sud d’Alger. Les prévenus, qui devront aussi s’acquitter d’une amende de 1 000 euros, avaient été arrêtés, mi-septembre, pour avoir mangé en public, avant le coucher du soleil, qui marque la rupture du jeûne. Ce verdict avait provoqué l’indignation des défenseurs des droits humains. S’il est sacrilège aux yeux des religieux de s’alimenter durant le ramadan, ce n’est en aucun cas illégal ! La loi et la constitution algérienne garantissent la liberté de culte, de conscience et d’opinion. Aucune loi ne sanctionne qui déroge à ce pilier de l’Islam.
Abdellah Ghoulamallah parle désormais (au nom de la doctrine de la foi) avec un aplomb à faire frémir ceux pour qui la liberté de culte est indissociable de leurs droits constitutionnels. [2].
La lutte contre le racisme islamophobe dénonce la stigmatisation des musulman·nes, la prétendue délinquance ethnique qui leur est attribuée, la croyance en l’existence d’un conflit de civilisation. La reconnaissance du droit des musulman·nes à pratiquer librement et sur la terre entière va de pair avec la reconnaissance du droit de pratiquer ou de ne pas pratiquer librement.
Nicolas Morel, Karl Grünberg,
Parti socialiste, ACOR SOS Racisme
Soutien international contre le procès des deux non-jeûneurs : Signez l’appel sur Facebook
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Vendredi soir 27 août, 6372 personnes l’avaient fait, rejoignez-les et consultez régulièrement le site. D’autres actions seront proposées pour soutenir la mobilisation.