Femmes et travail : Des inégalités scandaleuses : bienvenue chez les femmes !
Grâce aux nombreuses luttes qu’elles ont mené, les femmes ont conquis l’égalité
en droit mais, dans la réalité quotidienne, cette égalité est loin d’être acquise.
L’inégale répartition femmes/hommes entre temps occupé aux tâches de la maison
et le temps passé au travail crée et entretient des inégalités professionnelles
et des pratiques discriminatoires de la part des entreprises : temps partiel réservé
aux femmes, tolérance sociale plus grande vis-à-vis du chômage féminin,
accès à la formation continue plus difficile pour les femmes, niveaux de retraite
inférieurs, écarts de salaire persistants, emploi féminin précarisé… Ces situations
d’inégalité empêchent l’exercice d’une autonomie pleine et entière, condition
pourtant essentielle à une participation libre, complète et harmonieuse à toute
démarche sociale collective. Des barrières à l’autonomie économique des femmes,
enracinées dans la société patriarcale à travers le capitalisme peuvent se
décliner sur deux plans :
• Le travail invisible : la plus grande part du travail domestique est effectuée par
les femmes. Aujourd’hui, même s’il y a plus de femmes sur le marché du travail
rémunéré, elles continuent, à l’intérieur de la sphère familiale, à assumer la part
la plus grande du travail et des responsabilités dans la sphère familiale.
• La division sexuelle du marché du travail : les femmes se retrouvent sur peu de
secteurs d’activités qui sont, de surcroît, les moins rémunérés.
Il faut en finir avec :
• les inégalités professionnelles dans les secteurs privé et public notamment sur
les salaires et les carrières ;
• une orientation scolaire et professionnelle sexuée ;
• un service d’accueil de la petite enfance très insuffisant et cher ;
• un niveau de retraite inégalitaire et très insuffisant pour les femmes ;
• une précarisation accrue pour les femmes.
Les données non exhaustives présentées dans ce texte illustrent l’organisation
sexuée du marché du travail dans le contexte capitaliste actuel et dans nos sociétés
patriarcale et rappellent que les rôles et les comportements intégrés par les
femmes et par les hommes diffèrent. Ces réalités, vécues par toutes les femmes,
indiquent l’importance d’agir globalement pour l’autonomie économique des
femmes afin d’avancer vers une humanité basée sur l’égalité et la justice.
L’école : une orientation scolaire sexuée, première étape des inégalités professionnelles
Les enquêtes sur l’école révèlent que les filles réussissent mieux que les garçons,
les résultats du brevet des collèges, du brevet d’étude professionnel ou du baccalauréat
sont autant d’indicateurs de leurs succès. Pourtant, ce constat n’est
pas aussi « rose » que l’on pourrait le croire. À l’instar d’une division sexuelle des
métiers, il existe une division sexuée très marquée des filières d’enseignement.
Et cette sélection sexuée est pernicieuse au sens où elle ne s’effectue plus aux
portes de l’école mais bien en son sein.
Au collège, alors que les filles sont plus nombreuses (57,8%) dans les filières européennes
ou internationales [1], alors qu’à résultats équivalents elles émettent des
vœux de poursuite d’études semblables [2] à ceux des garçons, on observe une
forte différence sexuée en seconde dite générale. Ensuite au lycée, les classes à
option de détermination Art ou LV3 sont composées à 74% de filles, alors que les
classes à options ISI, MPI, ou PCL [3] sont elles constituées à 84% de garçons !
En ce qui concerne la répartition sexuée en enseignement professionnel, qui accueille
environ 700 000 jeunes élèves chaque année (46% de filles), les constats
sont encore plus préoccupants. Les études [4] du ministère de l’Éducation Nationale
révèlent que les filles représentent 70% des effectifs dans les filières du
service et seulement 13% dans les filières de production. Sur les 30 spécialités de
formations proposées en CAP et BEP production, elles ne composent que 13%
des effectifs et 15 filières, soit la moitié, sont constituées à plus de 90% de garçons.
Ces différences genrées se confirment après le baccalauréat : seulement un
quart des diplômés des écoles d’ingénieurs sont des femmes, elles représentent
70 % des étudiants en lettres et sciences humaines, mais elles ne seront que 51%
maîtres de conférence et 30% professeurs d’université, alors qu’elles sont 80 %
professeurs des écoles.
La parité, pourtant tant convoquée dans le débat public, est loin d’être une réalité
dans la sphère scolaire.
Une orientation sexuée persiste et, au même titre que l’école reproduit les inégalités
sociales, elle reproduit les inégalités de sexe (le sexisme des manuels, les
interactions pédagogiques maître-élèves asymétriques selon le sexe, le partage
des rôles sexués dans les jeux ou lors de l’occupation des espaces de récréation,
etc.). Et cette division scolaire sexuée est en parfaite cohérence avec la répartition
sexuelle des métiers où, malgré une apparente harmonisation des comportements
professionnels, les métiers féminins sont en fait peu diversifiés [5], les
emplois à responsabilités sont bien moins proposés aux femmes qu’aux hommes,
une forte concentration de femmes occupe des postes peu qualifiés, ou
encore, pour un travail identique, leurs salaires sont toujours inférieurs à ceux
des hommes. Ces éléments, parmi d’autres, révèlent qu’école, emploi, et activité
professionnelle sont encore, au XXI° siècle, des réalités sociales fortement marquées
par la différence sexuelle.
Les salaires : une réalité affligeante, des lois existantes… mais pas respectées
Le 8 mars 2008, Sarkozy s’engageait à mettre fin aux inégalités salariales sous
peine de sanctions financières pour les employeurs… aujourd’hui cet engagement
est au point mort. Dans nos sociétés patriarcales, les représentations de
la femme en font encore la gardienne du foyer familial et des enfants, et de son
salaire (si elle travaille) est encore trop souvent considéré comme un salaire d’appoint.
Les femmes gagnent, en moyenne, 25% de moins que les hommes dans le
secteur privé et cette disparité atteint 29% chez les cadres. Dans la fonction publique,
cet écart varie entre 14 et 18%. Des lois existent pourtant pour mettre fin
à cette injustice et en particulier la loi de 2006 qui fait obligation dans le secteur
privé, de négocier pour atteindre l’égalité salariale avant le 31 décembre 2010.
Qui pourrait croire à cela au vu des réalités ? Car ces lois peu ou pas contraignantes
ne sont pas appliquées.
Les carrières :
le fameux plafond de verre
Il reste encore dans les esprits, l’image de la femme n’ayant pas les qualités requises
pour prendre des responsabilités d’encadrement et de direction dans
l’entreprise. Ainsi, le congé de maternité, le congé parental (pris à 90% par les
mères), le temps partiel pris pour effectuer les tâches domestiques et parentales
freinent le déroulement de carrière, les promotions, les prises de responsabilités
pour les femmes dans l’entreprise. Toutes ces raisons qui rendent les femmes
moins disponibles et qui les écartent des lieux de décisions renforcent le plafond
de verre et les inégalités.
L’emploi :
une division sexuelle du travail
Dans nos sociétés, historiquement dirigées par les hommes, les femmes ont
« soit disant » des qualités dites « naturelles » pour soigner, éduquer, aider…
Sur 31 catégories de métiers, 6 concentrent 60% des emplois féminins, essentiellement
dans le nettoyage, l’aide à la personne, le commerce, le secrétariat,
la santé (infirmière, aide-soignante…), l’enseignement (primaire), le social. La
plupart de ces métiers sont dévalorisés, peu reconnus socialement et financièrement.
Lorsque les femmes effectuent une formation professionnelle pour les
métiers autres que ceux dits « féminins », elles subissent des discriminations à
l’embauche de la part des employeurs, discriminations issues de stéréotypes encore
bien ancrés dans les rouages de nos sociétés et donc dans le marché du
travail.
Précarité et Pauvreté : la précarité renforce encore les dépendances et les violences patriarcales et atteint gravement l’autonomie des femmes
• 80 % des travailleurs pauvres sont des femmes
• 85 % des postes à temps partiels sont occupés par des femmes
• 80 % des salariées au smic sont des femmes
• 57% des chômeurs non indemnisés sont des femmes
• 61% des salariés peu qualifiés sont des femmes
Elles occupent la plupart des postes dans le nettoyage, l’aide à domicile, elles
sont caissières de supermarchés : horaires coupés, temps partiel, et bas salaires.
Dans ces entreprises les patrons ou les petits chefs leur font parfois subir le
chantage au chômage (par le harcèlement ou l’abus sexuel) et les contraignent
à accepter des conditions de travail inhumaines et souvent illégales.
Dans les quartiers pauvres et populaires les femmes vivent un cumul de difficultés.
Elles sont nombreuses à vivre seules avec leurs enfants, ont rarement une
formation professionnelle. Elles doivent se « débrouiller » avec une dure réalité
économique : travail précaire, travail non déclaré, allocations et aides sociales,
prostitution de fin de mois cachée… Pour éviter l’extrême pauvreté qui conduit
à l’exclusion définitive, ces femmes ont organisé leur vie avec leur famille autour
de réseaux et de pratiques non reconnues par la société. C’est parfois la seule
façon de rester « debout » pour ne pas se retrouver dans l’exclusion complète. Le
capitalisme et sa sauvagerie ont fait sauter les repères de la dignité humaine.
Ces femmes cumulent les oppressions : elles sont pauvres, souvent issues de
l’immigration, femmes dans une société machiste. Pauvres parmi les pauvres, les
femmes Sans-papiers n’ont pas de droits, exerçant souvent dans un emploi non
déclaré. Pour pouvoir survivre, elles sont forcées d’accepter les pires exploitations
y compris la violence, en attendant une hypothétique régularisation.
Le RSA, qui a remplacé le RMI et l’API, est conditionné par les ressources de l’ensemble
du ménage, rien n’a changé sur ce plan. Il ne permet donc pas de donner
une autonomie aux femmes par rapport à leur conjoint. De plus, contrairement
à ce qui se passait pour le RMI, la situation financière des postulants au RSA est
totalement contrôlée par les services des impôts et les CAF. Le RSA est refusé
aux personnes qui disposent encore d’une petite épargne, ou qui sont propriétaires
de leur appartement. Les personnes bénéficiaires du RSA peuvent perdre
par rapport à leur situation antérieure, compte tenu des frais occasionnés par
la reprise d’un emploi, et de la perte concomitante de certains avantages (gratuité
des transports, CMU, tarifications spéciales sur l’énergie, dispense de la
taxe d’habitation). Aucun dispositif n’est prévu pour améliorer la formation. Le
nouveau « RSA-jeune » ne concernera que 10 % d’entre eux - ceux qui sont déjà
insérés dans le monde du travail.
Les violences sexistes dans l’entreprise : lutter contre les maux du travail des femmes
Les suicides chez France-Telecom ont relancé les débats sur la souffrance au travail.
Depuis quelque temps, médecins du travail, psychiatres ou psychanalystes
expliquent dans les médias les mécanismes qui conduisent les salarié-e-s dans
leurs retranchements physiques ou mentaux. Plusieurs de ces spécialistes ont
noté des différences entre les hommes et les femmes tant dans les maux du
travail que dans les stratégies mises en place pour s’en protéger mais ces spéci-
ficités concernant les travailleuses sont rarement abordées.
Harcèlement et organisation du travail : contrairement aux idées reçues, la souffrance
spécifique des femmes au travail ne se limite pas au harcèlement sexuel
et moral d’un pervers (bien que cela existe) qu’il s’agirait de mettre hors d’état de
nuire. Trois autres formes de harcèlement ont été révélés, notamment par Marie
Pezé : le « harcèlement stratégique » qui est le produit des réorganisations de l’entreprise,
le « harcèlement institutionnel » généré par de nouvelles formes d’organisation
du travail s’appuyant sur de nouvelles méthodes de management et le
« harcèlement transversal » un moyen de déporter la responsabilité de la souffrance
collective sur un bouc-émissaire, souvent une femme. Ces harcèlements
ont cela de commun, ils passent par l’individualisation, la « désolidarisation des
collectifs de travail ». Les risques psychosociaux et la santé : l’étude des risques
psychosociaux et de leurs conséquences pour la santé montre qu’il est demandé
beaucoup aux femmes sans qu’elles aient de marge de manœuvre décisionnelle.
De plus, leurs efforts ne sont pas reconnus, ni financièrement, ni en terme d’estime.
Ces situations créent donc des tensions au travail conduisant à diverses formes
de souffrance. Les femmes sont plus touchées que les hommes par les troubles
musculo-squelettiques (TMS) : 58% des cas de TMS reconnus en maladie professionnelle
en 2003 concernent des femmes. Les ouvrières sont souvent atteintes
du syndrome du canal carpien, par exemple. Si les gestes répétitifs sont une
explication, les contraintes psychosociales constituent un facteur aggravant car
souvent après des opérations chirurgicales, la douleur continue de perdurer.
Par ailleurs, Marie Pezé note la « fréquence inquiétante des atteintes de la sphères
gynécologique chez les femmes, cancer du sein, de l’ovaire… ». Les expressions
de la souffrance au travail varient donc selon le genre.
Les suicides, par exemple, sont davantage le fait des hommes tandis que les
femmes font état de pathologies souvent plus discrètes. Les stratégies genrées
de défense au travail : pour tenir au travail, les travailleurs mettent en place des
stratégies de défense individuelles ou collectives, qui diffèrent en fonction du
genre. Ainsi, face la souffrance, les hommes ont tendance à nier les risques ou les
difficultés et s’appuient parfois sur leur position de domination (harcèlement).
De leurs côtés, les femmes ont recours à d’autres stratégies défensives : elles
expriment leur souffrance et font appel à la compassion du collectif de travail
pour tenir face à la souffrance. Elles peuvent également opter pour un rôle de
« naïves » pour ne pas être incriminées. En ce qui concerne les positions collectives
de résistance : dans les années 1970, les conditions de travail ont pendant
plusieurs années fait la « Une » de l’actualité des luttes syndicales. En particulier,
les ouvrières, le mouvement féministe aidant, ont commencé à s’exprimer.
Par exemple, certaines « crises de nerfs », dénigrées par la hiérarchie comme un
« truc de bonnes femmes », ont déclenché des grèves de solidarité avec la victime.
De nombreux tracts ont évoqué ce phénomène, le transformant en une
sorte de revendication collective : « on en a marre des crises de nerfs ! ». Exprimer
les maux du travail est important car c’est une façon de nommer les conditions
de travail. Mesurer que ce qui est vécu par une est aussi vécu par la collègue peut
permettre de casser l’isolement.
Le handicap
Il faut bien constater que si de nombreuses études ont été publiées sur le travail
des femmes, les connaissances sur le vécu au travail des femmes handicapées
sont peu nombreuses. Il y a là un déficit à combler.
Tous les indicateurs le confirment, le taux de chômage des personnes handicapées
est deux fois plus élevé que celui des personnes valides et dans ce cadre les
femmes vivent une double discrimination, celle d’être femme et celle d’être handicapée.
Dès l’instant où nous ne sommes pas dans la norme commune, nous
faisons peur. C’est cette peur qu’il faut faire disparaître en partageant des expériences,
en échangeant avec les autres, en disant haut et fort que nous sommes
des citoyennes à part entière, y compris bien évidemment dans les milieux de
travail, les bureaux, les ateliers, les commerces, ou encore dans les entreprises
que nous créons. Les fantasmes qui accompagnent les femmes handicapées,
pourvues de diplômes ou non, renvoient avec violence à la peur du manque
d’efficacité tant redouté par les chefs d’entreprises.
Une statistique montre que 38% d’hommes handicapés trouvent un emploi
pour 22% de femmes handicapées. Plus que les autres femmes et plus que les
hommes, les femmes handicapées doivent prouver leurs capacités, leurs compétences,
briser les tabous de la non rentabilité, de leur fragilité.
Le travail est un droit. Les femmes handicapées se heurtent à la représentation
négative de la Femme, à cela se rajoute une singularité qui fait tache
dans notre monde bien normée. Soit elles sont exclues, soit elles sont mises
« au placard ». À diplôme égal, à compétence égale, sera d’abord embauchée
une personne valide, puis un homme handicapé, puis une femme handicapée.
Des femmes handicapées travaillent mais elles sont peu nombreuses et trop
souvent leur environnement leur fait payer leur différence.
Retraites : la poursuite des inégalités
Les retraites des femmes sont les plus basses : leurs pensions de droit direct sont
la moitié de celles des hommes et, malgré les droits à réversion, elles sont encore
inférieures de 40%. Les « petites retraites » sont celles des femmes, pour 75% des
« bénéficiaires » du minimum contributif : 590,33euros par mois !
Le gouvernement a décidé d’engager une nouvelle réforme qui s’annonce comme
un bouleversement complet du système français. Plutôt que de s’attaquer à
la cause réelle du déficit, il cherche par tous les moyens à diminuer le montant
des retraites. Les réformes de 1993 (régime général) et de 2003 (secteur public)
ont déjà été une véritable agression.
Toutes les mesures d’allongement de la durée de cotisation pénalisent d’abord
celles et ceux dont les carrières sont incomplètes et, ultra majoritairement, les
femmes sont majoritairement touchées par le passage des 10 aux 25 meilleures
années. Pour les droits familiaux, les femmes fonctionnaires ont été les premières
victimes en 2003 avec la suppression de l’essentiel des majorations pour
enfant. De plus, on constate que toutes les mesures, permettant de prendre des
congés pour élever les enfants (congé parental, temps partiels etc…) ont fait
reculer l’égalité au sein des couples et favorisent un modèle social impliquant la
femme au foyer.
Le droit à la retraite à 60 ans à taux plein doit être accessible à toutes et tous
avec un niveau au moins égal à 75% du salaire et un minimum au moins égal au
SMIC. La pension de réversion par la suppression des conditions de ressources et
l’augmentation du taux doit permettre aux femmes de maintenir leur niveau de
vie. Mais assurer des retraites et les financer, cela suppose une autre distribution
des richesses.
Les travailleuses sans papiers : de multiples discriminations
La vague de grève de 2008 a concerné 3000 salarié-es et 92 entreprises de nombreux
secteurs (BTP, nettoyage, sécurité, restauration…).
Selon les chiffres du Ministère de l’immigration, 2800 salarié-es ont été régularisé-es en 2008 au titre de l’article 40 de la loi Hortefeux du 20/11/07, qui prévoit
des possibilités de régularisation pour des Sans-papiers employés dans des
« secteurs en tension ».
Une 2e vague de grève a démarré le 12 octobre 2009 et a touché jusqu’à 6000
grévistes dans 2100 entreprises et 40 départements. Ce mouvement, qui dure
maintenant depuis 7 mois, n’a pas encore trouvé un débouché.
Cette 2e vague, plus importante que la première, a été plus diffuse mais la place
des femmes s’est imposée notamment celles des travailleuses qui exercent dans
le nettoyage (au moins 120 femmes grévistes).
De nombreu-x-ses intérimaires, des salarié-es au noir et/ou à domicile, de nombreu-x-ses chinois-es qui travaillent dans la confection et dans la restauration
(dont une majorité de femmes) se sont mis-es en grève. 300 femmes qui travaillent
dans l’aide à domicile se sont associées au mouvement.
Les revendications en 2009 réclament une circulaire qui instituerait une solution
globale de régularisation, avec des critères applicables à l’ensemble des salariées,
quel que soit la nationalité, le statut de l’entreprise ou le département. 80
femmes sur les 90 qui exercent dans le secteur de l’aide à domicile ont été régularisées
en 2008/09. 300 femmes de la 2e vague sont à nouveau partie prenante
de la lutte. Ces femmes éprouvent encore plus de difficultés que les hommes
à être régularisées car elles n’ont souvent aucun document qui prouve leurs activités
professionnelles en France. Elles ont souvent plusieurs employeurs à la fois,
et travaillent à temps partiel. Les pouvoirs publics exigent, pour les régulariser,
un contrat en CDI, 35 heures hebdomadaires, et un salaire au minimum égal au
Smic mensuel. Pour les femmes immigrées, l’accès à l’autonomie passe d’abord
par l’obtention d’un titre de séjour de longue durée, qui doit être accessible à
toutes celles qui travaillent, quelle que soit leur situation familiale.
Pour l’égalité entre les femmes et les hommes, nous exigeons :
• L’application des lois existantes pour l’égalité professionnelle,
sous peine de sanctions pour les employeurs (en particulier la loi
du 26 mars 2006 sur l’égalité salariale).
• La revalorisation des salaires des métiers dits « féminins », et la
professionnalisation des métiers de services comme l’aide à la personne.
• L’interdiction du temps partiel imposé.
• Nous affirmons que les femmes ont droit à de vrais emplois en
CDI à temps complet, avec des qualifications reconnues. Cela
suppose aussi une continuité des droits sociaux, en particulier un
droit à un revenu de remplacement en cas de chômage, un droit à
la formation, à la santé, au logement, afin qu’elles puissent béné-
ficier d’une autonomie complète vis-à-vis du conjoint, et choisir
librement leur emploi.
• La gratuité des transports pour les chomeurs(ses) et les précaires.
• Le droit à la retraite à 60 ans, au moins égale à 75% du salaire brut
prenant en compte le congé parental dans les annuités, les boni-
fications pour enfants sans condition s’appuyant sur un système
par répartition ainsi que l’arrêt du hold up sur la revalorisation des
retraites.
• La création d’un service public de la petite enfance, qui prévoit
le développement et la gratuité des crèches, un nombre de places
suffisant pour toutes, et de larges amplitudes horaires.
• Le seuil de pauvreté ne doit pas être une référence de revenus
pour mener des politiques publiques, la référence unique pour
tous les revenus doit être, au minimum le Smic. Smic lui-même qui
doit être fortement revalorisé (à 1500 euros minimum).
• Un arrêt immédiat et une interdiction de toutes les expulsions
locatives. La mise en place d’un vrai service public du logement, et
de structures d’hébergement d’urgence pour les femmes en diffi-
cultés, avec ou sans enfants.