BANGKOK — Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a réaffirmé dimanche sa volonté de déloger les manifestants qui paralysent le centre de Bangkok, dans une émission télévisée aux côtés du chef de l’armée censée témoigner d’une certaine unité au sommet du pouvoir.
« Il y aura une opération pour reprendre Ratchaprasong mais nous ne pouvons révéler le processus, les mesures et le moment, parce que cela dépend de plusieurs facteurs », a déclaré Abhisit.
Les « chemises rouges », qui exigent des élections anticipées, manifestent depuis la mi-mars pour faire tomber le gouvernement et occupent depuis trois semaines un quartier touristique et commerçant autour duquel ils ont érigé des barricades.
Nombre de femmes et quelques enfants y campent actuellement, rendant une opération des forces de l’ordre particulièrement délicate. La crise a déjà pris un tour radicalement violent avec les affrontements du 10 avril (25 morts, plus de 800 blessés) et les attaques à la grenade de jeudi (un mort, 85 blessés).
« Le problème n’est pas tant de savoir s’il faut ordonner une dispersion mais plutôt de savoir comment régler la crise », a ajouté Abhisit, contraint depuis six semaines d’expédier les affaires courantes depuis un camp militaire en banlieue de Bangkok.
Pressé par son camp d’en finir, le Premier ministre est apparu avec le chef de l’armée, Anupong Paojinda, pour faire taire des rumeurs de désaccords. « Nous sommes une armée pour la nation, pour la monarchie et pour le peuple. Nous ferons notre travail sans prendre parti. Nous suivrons la politique du gouvernement », a assuré le général lors de cette émission pré-enregistrée samedi.
Le général avait pris la parole publiquement jeudi, dans un entretien avec l’AFP, pour indiquer qu’il n’entendait pas recourir à la force contre les manifestants. Des déclarations en contradiction avec des propos très durs d’un porte-parole militaire quelques heures avant.
La presse et de nombreux analystes ont par ailleurs fait état depuis des semaines de divisions au sein des forces de l’ordre. Anupong s’est employé à les minimiser.
« Quant à une scission au sein de l’armée, il est possible qu’il y ait des scissions dans une grande organisation, mais le nombre de personnes qui ont des idées différentes est très faible et ne pose pas de problème », a-t-il expliqué. Les « chemises rouges » affirment qu’une opération militaire est imminente, citant des sources amies au sein de l’armée. « Abhisit a ordonné la répression de nos partisans sous 48 heures », avait affirmé samedi l’un des cadres du mouvement, Nattawut Saikuar.
L’armée reste un acteur incontournable de la vie politique, à l’origine du coup d’Etat qui a renversé en 2006 l’ex-Premier ministre en exil et idole des « rouges », Thaksin Shinawatra.
La communauté internationale - Etats-Unis et ONU en tête - a appelé à plusieurs reprises les protagonistes du conflit à proscrire la violence et résoudre le conflit de façon pacifique.
Mais les espoirs d’un règlement de la crise semblaient s’éloigner après le rejet par Abhisit d’une offre des manifestants, qui s’étaient déclarés prêts au dialogue sous réserve de dissolution dans un délai de 30 jours et d’élections sous trois mois.
Le chef du gouvernement a accepté l’idée d’organiser des élections avant l’expiration de son mandat fin 2011, mais rejette le délai réclamé par les « chemises rouges ». Les prémices d’un dialogue s’étaient déjà soldées par un échec fin mars.
Une dissolution de la chambre basse « doit être effectuée pour le bien de tout le pays et non simplement pour celui des +chemises rouges+, et cela doit être fait au bon moment », a-t-il estimé.