Nombreuses sont les nouveautés apparues lors des dernières élections régionales. Il y a, en premier, l’abstention qui a atteint des sommets jamais vus, proches de 40% dans certaines régions (presque 50% à Rome) et qui frappe presque partout, à droite et à gauche.
Mème la Lega, la gagnante de ces élections, en a été victime : elle a perdu 60’000 voix au Piémont et quelques 150’000 voix dans les autres régions du Nord. On dirait que, au delà du fait d’avoir fait mieux que le “peuple de la liberté” –le PdL- en Vénétie et de s’en être rapprochée dans les autres régions du Nord, la Lega peine à dépasser ses records dans les régions où elle est née.
Elle commence cependant à pénétrer en Emilie –elle y a gagné 10’000 voix- dans les Marches et en Toscane où elle accentue la démagogie de droite.
Merci, le centre-gauche
Son succès dans le Piémont et le Latium est dû à de graves erreurs du centre-gauche. Dans le Latium a pesé la démission forcée du gouverneur Marazzo issu du centre-gauche. On a découvert qu’il dépensait des miliers d’euros pour des “nuits fauves” avec transexuels et cocaïne qui lui ont valu d’être l’objet de chantage. Incapable de lui retrouver un remplaçant crédible issu de ses rangs, le Parti démocrate avait choisi la radicale Emma Bonino, détestée par le Vatican pour avoir été une des pionnières du droit à l’avortement, mais également mal vue par l’électorat de gauche à cause de son soutien fervent à l’impérialisme américain et à Israël, et de son indifférence affichée aux problèmes du monde du travail.
Au Piémont, c’est l’attitude arrogante de la gouverneure sortante, Mercedes Bresso, à l’égard des opposants à la construction d’une ligne de trains à grande vitesse, les “No TAV”1 que le centre-gauche a payé. Ces suffrages elle ne les a pourtant pas perdus au profit de la Lega ou du PdL, mais au profit d’une toute petite liste se revendiquant de l’acteur comique Beppe Grillo qui grâce à son soutien aux “No TAV” a engrangé les 3,5% suffisants pour entrer au conseil et couler la “tsarine”.
Les enquêtes des principaux quotidiens font apparaître des motivations multiples de ceux qui ont voté pour la ligue du Nord. Dans les provinces rouges, comme celle de Reggio Emilia, le vote de protestation visait les magasins Coop –historiquement liés au Parti démocrate- qui ouvrent de grands centres commerciaux provoquant la fermeture d’échoppes et cafés dans le centre-ville ou encore l’inefficience de la Confédération générale du travail qui ne défend pas les travailleurs mais gère le marché du travail.
Clowneries païennes et bénédiction chrétienne
Et puis, lourd de conséquences a été le soutien discret de l’Eglise au Centre-droit sans que, pour autant, le Centre-gauche ne la menace en quoi que ce soit. Elle n’a fait peu de cas ni de l’amoralité de Berlusconi, ni des clowneries païennisantes de la Ligue qui, jusqu’à il y a peu, vénérait le “dieu Pô” au cours de rites grotesques.
Le vote massifs pour la Lega dans les régions les plus catholiques d’Italie, jadis forteresses démocrates-chrétiennes, a été immédiatement recompensé par une incroyable attaque des nouveaux présidents de la Vénétie et du Piémont contre la pillule Ru486 dont ils voulaient interdire l’usage. A la fin, ils ont du faire marche arrière : parce que la pillule est autorisée par une loi de l’Etat, et parcequ’ils ont été contestés par des femmes de leur propre parti.
De la même manière, on a mis une sourdine aux attaques islamophobes –le ministre Calderoni s’en allant faire paître un porc sur un terrain prévu pour une mosquée- car, surtout en Vénétie et en Emilie-Romagne, les industriels ont un fort besoin d’immigrés.Les proclamations anti-immigrés servent à titiller le sentiment d’insécurté des couches les plus arrières de la population manipulée par des escroqueries statistiques.
A partir d’un blog
Le vote pour la Lega est presque partout un vote de protestation, y compris contrre le gouvernement. Mais ses concurrents ne se réduisent plus à l’anémique Parti démocrate ou à la contradictoire formation politique du juge Di Pietro. Avec une ancienne gauche réduite aux dénominateurs communs miunimum de sa confusion, ce sont les listes construites autour du blog de Grillo qui représentent la vraie nouveauté. Et qui semblent se développer car en dehors des blocs traditionnels.
Antonio Moscato