Moscou Correspondante
Militant antifasciste, Ivan Khoutorskoï, 26 ans, a été tué par balles dans la soirée du lundi 16 novembre en bas de son immeuble, à Moscou. Selon le parquet, « plusieurs pistes sont explorées dont celle de son assassinat pour son implication dans ce mouvement ».
Les militants antifascistes sont régulièrement la cible des néonazis en Russie. Des combats de rue ont souvent lieu, « crânes rasés » contre « antifa », comme on dit à Moscou. Les crânes rasés jouent du couteau contre leurs adversaires. Les antifa savent se défendre avec les mains et ne font pas usage d’armes.
Ivan Khoutorskoï avait réchappé à trois agressions depuis 2005. En janvier 2009, le jeune homme avait reçu un coup de couteau dans le ventre après une rixe.
Le fait qu’il ait été tué par balles constitue une « anomalie » car, en général, les néonazis attaquent à l’arme blanche. L’élimination par balles est le signe d’un assassinat commandité.
Selon le mouvement de gauche Institut d’action collective (IKD), dont la victime était un sympathisant actif, des sites Internet de la mouvance ultranationaliste publient régulièrement les noms et adresses des sympathisants antifascistes « en appelant à leur élimination ».
La victime connaissait Stanislav Markelov, un avocat assassiné le 19 janvier en plein centre de Moscou d’une balle dans la tête ainsi que la journaliste Anastasia Babourova qui était à ses côtés. Stanislav Markelov avait défendu la famille d’un militant antifasciste assassiné, selon lui, par des néonazis.
Protections
Deux suspects, Nikita Tikhonov, 24 ans, sans profession, et Evguenia Khassis, une gérante de société âgée de 29 ans, ont été arrêtés début novembre dans l’enquête sur le meurtre de Markelov. Tous deux sont décrits comme des sympathisants de l’extrême droite.
La recrudescence des groupuscules d’extrême droite, les protections dont ils jouissent ne sont pas sans inquiéter la société civile. Début novembre, des milliers de néonazis se sont rassemblés à deux pas du Kremlin pour un concert de leur groupe culte, Kolorat. « Ils n’ont pu le faire qu’avec l’appui de personnalités très haut placées », assure Viatcheslav Likhatchev, auteur du livre Le Nazisme en Russie.
Marie Jégo