Une campagne internationale pour la libération des détenus du 1er Mai
En Iran, le 1er mai n’est pas un jour férié et le gouvernement ne reconnaît pas le droit des travailleurs à célébrer cette journée mondiale de la solidarité internationale des travailleurs. Mais, chaque année, les travailleurs iraniens le célèbrent par différentes initiatives. Cette année encore, le régime a ouvertement interdit toute manifestation le 1er mai. Malgré tout ça les syndicalistes et d’autres militants du mouvement ouvrier, ainsi que des étudiants, des militants féministes et des enseignants ont décidé d’organiser un rassemblement dans un parc du centre de Téhéran. Mais dès que le rassemblement a commencé, les forces de sécurité ont attaqué les participants avec une rare brutalité, arrêtant 150 militants et même les passants n’ont pas été indemnes. Le rôle des forces de sécurité en « civile » dans cette attaque montre son caractère organisé et prémédité. A ce jour des dizaines de ces militants sont encore en prison.
Un comité de soutien a été formé en Iran appelant tous les défenseurs des droits de travailleurs à agir. A l’étranger plusieurs initiatives ont été prises par des militants exilés. Entre autres, des militants des associations de solidarité avec des travailleurs iraniens basés en Suède, Allemagne et Paris ont entamé une grève de la faim dans un local du PCF dans Paris 11e. Cette grève a coïncidé avec l’élection présidentielle truquée en Iran et les manifestations de masse contre le régime. Pour dénoncer la répression qui a suivi, la revendication d’arrêt de la répression et la libération de personnes arrêtées pendant ces manifestations a été ajoutée à des demandes formulées par les grévistes de la faim. A Paris les militants de partis politiques et d’associations de gauche, et en particulier ceux du NPA et du PCF ont apporté leur soutien à cette action. Pour affirmer sa solidarité, Alain Krivine, porte parole du Nouveau Partie Anticapitaliste, s’est rendu sur le lieu de la grève de la faim et a accordé un entretien à la Tishk TV. Cet entretien a été diffusé à deux reprises en direction d’Iran.
Cette grève a eu un grand retentissement dans les média iraniens et des reportages télévisés ont été diffusés à plusieurs reprises en direction d’ Iran oû les nouvelles de cette action ont été accueillies avec enthousiasme par les familles des prisonniers et les militants du mouvement ouvrier. Les grévistes de la faim ont également participé à plusieurs manifestations à Paris, notamment devant l’ambassade d’Iran et la Sorbonne. Partout, ils ont insisté sur le fait qu’il faut préserver l’indépendance du mouvement populaire et ouvrier vis-à-vis des luttes des différentes factions du pouvoir en Iran et le fait que dépassement du régime islamique en Iran dans sa totalité et la séparation de l’Etat et la religion est la pré condition absolue de toute avancée démocratique réelle en Iran.
Le 26 juin, quatre grandes centrales internationales des travailleurs avaient appelé à une journée de solidarité internationale avec les travailleurs iraniens emprisonnés. En France à l’initiative de sept syndicats ; CGT, FO, Solidaires, CFDT, CFTC, UNSA et FSU, un rassemblement a été organisé devant l’ambassade d’Iran à Paris auquel beaucoup de iraniens ainsi que les grévistes ont participé. Le même jour un message de M.Mahmood Saléhi, un de dirigeants reconnu du mouvement ouvrier en Iran (qui a passé plus de 4 ans dans les geôles du régime islamique) ainsi que du « Comité de Coordination de l’Aide pour l’Etablissement des Organisation Indépendantes en Iran » (qui regroupe des milliers des militants syndicalistes à travers l’Iran) ont fait parvenir des lettres de soutien dans lesquels, ils demandaient aux grévistes de mettre fin à leur grève. Ainsi, le samedi 26 juin à la soirée du 7e jour, la grève de la faim a pris fin lors d’une soirée de solidarité.
Cette expérience a montré qu’il y a une réelle possibilité d’organiser des actions de solidarité internationale en ce qui concerne l’Iran et les luttes sociales et syndicales intenses qui s’y déroulent. La coopération active et réussie des militants de la gauche radicale de deux pays dans cette action est porteuse de plusieurs leçons positives et ouvre la voie à d’autres actions de solidarité internationale.
Les travailleurs et le mouvement anti-dictatorial actuel
Le peuple iranien qui s’estime victime d’un coup d’Etat électoral, orchestré au plus haut niveau du pouvoir, a descendu dans la rue par millions. Un simple revu des slogans scandé par les manifestants montre que ce mouvement est un mouvement, avant tout, anti dictatorial qui n’exprime pas encore clairement des demandes socio-économiques.
Les « programmes » des candidats à l’élection présidentielle ont été les plus flous et cela pour cause ; tous les quatre défendent des positions capitalistes néolibérales, sans exception.
Mais ces divisions, au sommet, qui sont apparu au grand jour à l’occasion de cette élection, ont ouvert un espace pour un authentique mouvement de masse.
Quelle est l’attitude de l’avant-garde ouvrière iranienne face à cette situation nouvelle ? Pendant la campagne électorale, la plupart des organisations syndicales et ouvrières (qui sont illégales) n’ont appelé à voter pour aucun des candidats en lice, car, expliquaient-elles, aucun des candidats ne représentait les intérêts des travailleurs.
Cette position était parfaitement correcte. Cependant, une fois le mouvement de masse engagé, le syndicat des chauffeurs de bus de Téhéran (Vahed) a exprimé son soutien sans faille au mouvement. De même, les travailleurs d’Iran Khodro ont organisé une grève d’une demi-heure pour soutenir le mouvement.
Le 18 Juin, le Syndicat des conducteurs de bus de Téhéran a publié un communiqué pour soutenir le mouvement. Il s’agit d’un des secteurs les plus militants de la classe ouvrière iranienne, qui, il y a deux ans a bravé une répression brutale pour défendre ses droits syndicaux. Avant les élections, le Syndicat avait à juste titre déclaré qu’aucun des candidats ne défendait les intérêts des travailleurs iraniens.
Mais tout aussi correctement, il salue aujourd’hui « le magnifique mouvement de millions de personnes de tous âges, tous sexes, toutes confessions religieuses et toutes nationalités ».
Le communiqué poursuit : « Nous soutenons ce mouvement du peuple iranien pour construire une société civile libre et indépendante – et nous condamnons toute violence et toute répression. »
Quelle différence entre cette déclaration et les discours de Moussavi et ses réformistes, même les plus radicaux ! Encore plus significative est la mobilisation des travailleurs de l’usine Iran Khodro, la plus grande entreprise du secteur automobile de tout le Moyen-Orient (100 000 salariés, dont 30 000 dans une seule usine). Le jeudi 18, ils ont organisé une action de grève en soutien au mouvement du peuple.
Voici l’intégralité du communiqué annonçant la grève :
« Nous déclarons notre solidarité avec le mouvement du peuple d’Iran. C’à quoi nous assistons aujourd’hui est une insulte à l’intelligence du peuple et à son vote. Le gouvernement bafoue les principes de la Constitution. Il est de notre devoir de nous joindre au mouvement du peuple. Aujourd’hui, jeudi 28/3/88, nous, travailleurs d’Iran Khodro, cesseront le travail pendant une demi-heure pour protester contre la répression des étudiants, des travailleurs et des femmes. Nous déclarons notre solidarité avec le mouvement du peuple d’Iran. La journée : de 10h à 10h30. La nuit : de 3h à 3h30. Les travailleurs d’Iran Khodro ».
Ces deux déclarations et l’action de grève des travailleurs de Khodro sont très importantes. Ce sont deux des secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière iranienne, et l’avant-garde du mouvement syndical qui commence à ré émerger. L’idée d’une grève générale a été soulevée, mais pas encore appliquée. C’est la question décisive. En 1979, c’est la grève des travailleurs du pétrole qui a donné le dernier coup mortel au long processus de renversement du régime du Shah au sein d’une grève généralisée.
Le 1er juillet des milliers d’ouvriers d’une mine dans la province de Khouzestan ont commencé une grève et quand les forces de sécurité sont arrivées pour les disperser, les ouvriers ont crié « mort au dictateur ». Le 5 juillet les ouvriers de l’usine de canne à sucre de Haft Tapeh se sont remis en grève à nouveau, accusant les autorités de ne pas satisfaire leurs revendications précédentes. Nous pouvons encore continuer la liste…
Les discussions au sujet d’une grève se poursuivent et trois semaines après le début des protestations, une organisation qui s’appelle « Le Comité ouvriers pour la défense des protestations populaire » a publié un certain nombre de communiqués concernant l’organisation des manifestations, mesures de sécurité, conseils d’autodéfense face aux attaques des Bassiji, et des suggestions détaillées concernant la désobéissance civile.
C’est la voie proposée par des militants du mouvement ouvrier en Iran. Plus le temps passe, plus il devient urgent de changer des méthodes de protestations et diriger la colère populaire vers une voie des actions de type ouvrier et ainsi ouvrir la voie, comme en 1979 à une grève générale.
Les revendications du mouvement ouvrier en Iran le 1er mai 2009
En ce 1er mai 2009, les militants du mouvement ouvrier, tout en célébrant la journée mondiale des travailleurs, ont présenté une charte de revendications qui énumère les revendications des travailleurs iraniens au stade actuel de leur lutte. Comme nous l’avons déjà évoqué à plusieurs reprises ce rassemblement a fait l’objet d’une attaque organisée des forces de sécurité du régime qui a fini par l’arrestation de plus de 150 militants. A ce jour il y a encore environs 100 militants sont toujours en prison. Voici le texte de la résolution présenté par le « Comité d’Organisation de la journée mondiale des Travailleurs 9 » qui regroupe 9 syndicats indépendants. Il faut rappeler que ce texte a été rédigé 5 semaines avant le coup d’Etat électoral en Iran.
Résolution du rassemblement du 1er mai 2009 à Téhéran (Parc Laleh)
Le 1er mai est, pour la classe ouvrière, la journée de la solidarité internationale. Avant tout ce jour pour les travailleurs est une journée de lutte à vertu d’émancipation des pénibilités provoquées par le système capitaliste, mais également l’occasion d’énumérer des revendications qui aspirent à fonder pour elle un monde sans exploitation ni répression.
Cette année, nous, les travailleurs, célébrons le 1er mai dans un contexte d’une crise mondiale du système capitaliste les plus destructrices, tandis qu’il tente désespérément de se sauvegarder.
La grande crise actuelle, couplée à l’incapacité des Etats capitalistes à la contrôler, ainsi que leur tentative de la faire payer par les travailleurs, montre de plus en plus l’aspect nauséabond et immoral de ce système, presque deux décennies après l’effondrement du bloc de l’Est et les déclarations annonçant la « fin de l’histoire ». Cet amer constat démontre la nécessité de l’établissement d’un monde purgé des rapports capitalistes inhumains qui l’animent aujourd’hui, comme l’unique voie viable qui se présente aux travailleurs, ainsi qu’à l’humanité toute entière, dans leur quête de pouvoir mettre fin à leurs souffrances actuelles.
Cette crise, et ses conséquences néfastes sur la vie des travailleurs partout dans le monde, n’a pas encore montré en Iran tous ses effets pervers, et à nos yeux, contrairement à ce que prétendent les employeurs et leurs propagandistes, les difficultés que nous, travailleurs iraniens, rencontrons dans notre vie de tous les jours, sont avant tout le résultat de la domination économique, politique, sociale et de la nature même du système capitaliste en Iran.
Les salaires, qui sont déjà largement en dessous du seuil de pauvreté, les licenciements et le chômage massif, le non-paiement des salaires dus à des millions de travailleurs, l’imposition des contrats précaires dénués de signature, donc le caractère officiel illégal, et la mainmise par des sociétés intérimaires du destin des salariés, ou encore la banalisation des nouveaux contrats esclavagistes, ne sont pas des conséquences de la crise actuelle du système capitaliste mondial importé en Iran, c’est une situation qui dure depuis des années, bien avant le déclenchement de cette crise mondiale, et qui de surcroît s’aggrave chaque année qui passe.
Nous les travailleurs, ne resterons pas muets face à une telle situation inhumaine et sa dégradation, ni ne permettrons qu’elle détruise davantage nos vies et nos existences. C’est nous qui produisons la richesse et le bien-être dans ce pays et alors il s’agit pour nous d’un droit indéniable et inaliénable de vivre dans les conditions infiniment plus décentes, conformes aux standards d’une vie de bonheur et d’aisance.
Pouvoir mener une vie décente est notre droit absolu, et nous nous battrons sans relâche afin de le faire valoir, au travers notamment de l’établissement de nos organisations indépendantes de l’Etat et du patronat.
Dans cette voie, aujourd’hui, nous les travailleurs unis et résolus, réclamons haut et fort nos revendications minimums et demandons leurs réalisations immédiates :
1- Garantie de la sécurité du travail pour tous les travailleurs, l’abolition des contrats précaires et « blancs » et l’élimination des nouveaux contrats du travail.
2- Nous considérons le montant du salaire minimum décidé par le « Conseil Supérieur du Travail » comme l’imposition d’une mort graduelle programmée pour des millions de familles des travailleurs et nous demandons vivement une augmentation immédiate du salaire minimum selon l’avis des travailleurs eux-mêmes par l’intermédiaire de leurs représentants réels et leurs institutions indépendantes.
3- L’établissement des organisations indépendantes, le droit de grève, organiser des protestations et rassemblement, et la liberté d’expression sont nos droits absolus et l’on doit les reconnaître sans conditions, comme les droits sociaux intouchables des travailleurs.
4- Les salaires impayés dus et en retard des salariés doivent être payés immédiatement sans aucune excuse. Le non paiement de ces salaires dus doit être considéré comme un délit qui peut être porté devant des tribunaux.
5- Arrêt des licenciements et la mise en chômage des travailleurs. Tous ceux qui ont perdus leurs travails ou qui ont atteint l’âge légal du travail doivent bénéficier d’une indemnité du chômage qui doit correspondre à une vie humaine.
6- Nous réclamons l’égalité des droits des femmes et des hommes dans tous les aspects de la vie sociale et économique et demandons l’abolition de toutes les discriminatoires à l’égard des femmes.
7- Nous réclamons le droit à une vie aisé et sans souci économique pour tous les retraités et nous condamnons fermement toutes formes de discriminations en ce concerne le paiement des retraites.
8- Tout en soutenant fermement les revendications des enseignants, ces travailleurs intellectuels, les infirmières et tous les salariés de notre société, nous nous considérons comme leurs alliés et réclamons la réalisation immédiate de leurs revendications et exigeons l’abrogation du verdict de la peine de mort annoncé contre monsieur Farzad Kamangar.
9- En raison du fait que les travailleurs saisonniers sont complètement privés de toutes sortes de couvertures sociales, nous soutenons les protestations de ce secteur de la classe ouvrière qui lutte pour obtenir leurs droits humains.
10- Le système capitaliste est responsable du travail des enfants. Tous les enfants, indépendamment de la situation économique et sociale de leurs parents, leurs sexes, leurs appartenances nationales, ethniques, raciales, ou religieuses doivent bénéficier des facilités d’éducation, de la santé et du bien être.
11- Nous demandons la libération de tous les travailleurs emprisonnés, y compris Mansour Ossaloo et Ebrahim Madadi (les dirigeants du Syndicat du transport – Vahéd), et réclamons l’abrogation de tous les verdicts et les poursuites judicaires en cours contre les militants ouvriers.
12- Nous soutenons les mouvements revendicatifs et égalitaristes des femmes et des étudiants et condamnons avec fermeté les arrestations, les procès, et l’emprisonnement des militants de ces mouvements.
13- Nous faisons partie de la classe ouvrière mondiale et nous condamnons les licenciements, les doubles exploitations les travailleurs immigrés afghans et d’autres nationalités en Iran ainsi que la discrimination qu’ils subissent, quelques soient les prétextes.
14- Nous sommes reconnaissants des soutiens internationaux à l’égard des luttes des travailleurs en Iran. Mutuellement nous soutenons fermement les revendications et les protestations de tous les travailleurs partout dans le monde et nous nous considérons comme leurs alliés, nous soulignons, plus que jamais sur la solidarité internationale de la classe ouvrière pour se libérer des souffrances du système capitaliste.
15- Le 1er mai doit être déclaré comme un jour férié inscrit au calendrier officiel du pays et toutes les restrictions imposées sur les célébrations organisées à ce jour doivent être enlevées.
Vive le 1er mai !
Vive la solidarité internationale de la classe ouvrière !
1er mai 2009
Tract de la grève de la faim
« Le Comité du 1er Mai d’Iran,
formé par plusieurs organisations de travailleurs interdites
par la République islamique, célébrait le 1er Mai dans un parc de Téhéran quand la
police du régime a attaqué ce rassemblement et arrêté de nombreux participants.
C’est pourquoi, il appelle aujourd’hui à une « campagne internationale pour la libération
des travailleurs emprisonnés ».
Nous, militants politiques exilés qui soutenons le mouvement ouvrier et les mouvements
sociaux d’Iran engageons une grève de la faim et appelons à un sit-in à
Paris pour dénoncer les arrestations, licenciements, torture et massacre, notamment
dans le cadre de la répression des manifestations de ces derniers jours contre la
mascarade électorale.
Nous voulons relayer les mouvements de protestation contre le régime criminel
de la République islamique et dénoncer les quatre candidats des soi-disant élections
présidentielles islamiques : tous ont eu des responsabilités dans la répression
des opposants à des périodes différentes du régime.
Rappelons le massacre des prisonniers politiques en 1980 et 1988 : c’est Mir
Hossein Moussavi qui était alors Premier Ministre. Et maintenant, Ahmadinéjad veut
détruire le carré de Khavaran où plusieurs milliers de combattants du mouvement social
et démocratique ont été enterrés après le massacre de l’été 1988.
Le régime de la République islamique vient une nouvelle fois de montrer sa nature
en réprimant dans le sang les protestations de rue contre les fraudes électorales.
Le peuple iranien a dit NON à l’Etat des religieux et des capitalistes. Il faut maintenant
continuer la lutte jusqu’à son renversement.
Nous soutenons les mouvements de protestation indépendants et défendons
sans réserve les droits des travailleurs d’Iran exprimés dans la résolution du 1er Mai
de Téhéran.
L’appel à la grève de la faim et du sit-in à Paris est un effort commun
des militants qui vont y participer, mais aussi de celles et ceux qui nous apportent
leur aide et leur soutien.
LE 26 JUIN, quatre organisations syndicales internationales ont appelé à une
journée de solidarité avec les travailleurs d’Iran. Participons-y activement pour faire
tomber le régime criminel de la République islamique. »
Comité contre la répression en Iran
et pour la libération des travailleurs emprisonnés
Solidarité !
Mail : comiteetesab yahoo.fr . Tel + 33 624 71 71 74
SOLIDARITÉ IRAN
En soutien aux luttes
et aux travailleurs emprisonnés
le 1er mai
Grève de la faim
et sit-in à Paris
AVEC
LE SOUTIEN DE
(Signataires au 23 juin
dans le 11e)
ADPOI - Association
pour la Défense des
Prisonniers Politiques
et d’Opinion en Iran
Les Alternatifs 11e
Fédaiian (minorité)
FSU - Fédération
Syndicale Unitaire
LDH - Ligue des Droits
de l’Homme 10-11e
Mouvement de
la Paix 10-11e
NPA -Nouveau Parti
Anticapitaliste 11e
PCF - Parti
Communiste
Français 11e
Parti de Gauche 11e
PS - Parti socialiste
Rah-é Kargar
SSTI - Solidarité
Socialiste avec les
Travailleurs en Iran
SUD - Solidaires
Unitaires Démocratie
Les Verts 11e
La lettre de M. Mahmood Salehi Adressée Aux camarades grévistes en France
Mes chers amis jamais rencontrés : A. Bekhrad-Tab, J. Javadi, H. Hessam, H. Moghaddam, T. Shams et K. Ezzati. Je vous sers les mains chaleureusement et je m’incline devant vos sentiments et convictions révolutionnaires. Mes chers, ceux qui ne peuvent pas supportés la privation d’un seul repas quotidien, peuvent facilement ignorer une grève de la faim, mais pour ceux qui l’ont fait, même un jour, c’est quelque chose familière et palpable, eux ils savent bien aux quelles conséquence périlleuses peut s’attendre un gréviste de la faim.
Tout en soutenant votre but révolutionnaire, j’estime nécessaire de rappeler des points suivants :
• Il n’y a aucun doute que nos camarades ne doivent pas être en prison et qu’il faut lutter et imposer aux capitalistes leur libération et celle des autres militants et activistes emprisonnés ;
• Toute tactique choisie pour atteindre ce but doit avoir le moindre cout possible et d’ayant un pouvoir de mobilisation. Déjà, tout en pensant à votre but vos santés me préoccupent ;
• Quand moi-même j’ai décidé de faire une grève de la faim en prison, c’était un acte bien réfléchi et choisi en amont. Mais en raison de l’endroit où je me trouvais et les conditions particulières, j’ai pu constater le résultat a été positif ;
• Votre grève se tiens peut être dans un lieu et dans des conditions différentes mais il fallait mieux la faire dans un lieu qui serait nuisible aux actions routines des ennemis des travailleurs.
Encore une fois j’exprime mon soutien à votre action courageuse et je vous demande, en tant que quelqu’un appartenant à la même classe, de mettre fin à votre grève. Le fait que vous vous êtes lancés dans une lutte pour la libération des militants ouvriers et les autres prisonniers politiques nous remplis de joie. Nous, les travailleurs, espérons pouvoir l’organiser sur une base plus large et de donner du poids à la lutte pour la libération des militants arrêtés au rassemblement du 1er mai 2009 et les autres opposants et militants emprisonnés.
Nous, les travailleurs, ne doivent pas dépendre qu’à notre propre force. Notre force réside dans notre unité, et pour agir dans ce but nous devons agir avec un esprit tranquille et un corps sain. Mes chers, par respect pour votre action et pour que vous soyez informés sur mon action et mes revendications, je vous joins une lettre publiée pour la première fois, contenant ma déclaration de la grève de la faim que j’avais adressé aux responsables de la prison de Sanandadj en espérant être utile.
Mahmood Salehi, le 25 juin 2009
Déclaration de l’ « Association de défense des droits des travailleurs iraniens »
Les responsables et commanditaires des assassinats et des arrestations des manifestants et des détenus doivent être poursuivis.
L’attaque contre les manifestations du peuple iranien, debout depuis deux mois pour revendiquer ses droits, prend une ampleur sans précédent. Face à la radicalisation des revendications populaires, le régime accentue sa répression. Le massacre des manifestants, l’usage de matraque électrique, d’armes à feu et les milliers d’arrestations n’ont pas affaibli la mobilisation. Face à cette détermination le régime a fait un pas de plus dans l’escalade de la violence en torturant et assassinant les manifestants incarcérés. Ainsi des dizaines de personnes ont perdu leur vie sous la torture dans les geôles de la République Islamique.
Parmi les victimes d’aujourd’hui se trouvent des responsables politiques qui dans les années 80 ne voyaient rien à redire de la torture et de la répression qui s’abattait sur les opposants d’alors. Et pour cause, certains d’entre eux, aujourd’hui en prison, étaient les concepteurs et les organisateurs de la répression de l’époque. En se rendant complice des massacres des prisonniers politiques dans les années 80, des assassinats ciblés d’opposants au régime ou des attaques contre les dortoirs universitaires et les étudiants dans les années 90, ces responsables politiques du régime aujourd’hui emprisonné ont permis la répétition de ses actes inhumains.
D’autre part et parallèlement au soutien des réfugiés et exilés iranien au soulèvement populaire en Iran, les forces de répression irakienne avec le feu vert étatsunien, ont attaqué le camp de réfugié d’Achraf et assassinées sauvagement plusieurs opposants au régime iranien. Quelques soit les idées de ces opposants, nous mettons en garde les gouvernements irakien et des USA (soit disant garant des Droits de l’Homme) contre cette agression inhumaine. Le peuple iranien n’oubliera jamais ce crime.
La répression inhumaine infligée au peuple iranien par la République Islamique, s’accompagne du pillage et de la fuite de capitaux qui atteint un niveau astronomique. Ainsi, les tenants du pouvoir iranien s’assurent une porte de sortie dorée au cas où leur répression sauvage ne permette d’étouffer le soulèvement populaire.
L’absence de droit du travail et l’exploitation sans limite des travailleurs iraniens, les privatisations des biens publics n’étanchent pas la soif des capitalistes iraniens qui entendent accélérer leur pillage à la faveur de la terreur et de la répression.
Nous condamnons les violences perpétrées contre les opposants, les aveux extorqué sous la torture dans les geôles du régime ainsi que les agressions menées contre les réfugies iraniens à l’extérieur. L’Association de défense des droits des travailleurs condamne fermement cette répression inhumaine et exige la poursuite contre les donneurs d’ordre, les tortionnaires et les assassins des détenus politiques. Nous condamnons les pilleurs des biens publics et nous exigeons le rapatriement des capitaux expatriés.
• Nous exigeons la libération sans condition de tous les prisonniers politiques et la dissolution de l’ensemble des organes de répression.
• Nous exigeons le transfert devant la justice de tous les responsables des crimes et de la répression perpétrées contre le peuple.
• Nous pensons que les lois doivent protéger les intérêts du peuple en lui garantissant le droit de libre expression, de grève et de manifestation.
• Les lois doivent favoriser et garantir la liberté, la justice et l’égalité.
Association de défense des droits des travailleurs iraniens.
Août 2009, Téhéran
Sur l’importance de la solidarité internationale
Si la réussite des luttes des peuples dépend, en premier lieu de la propre détermination et de l’engagement des ces peuples, l’histoire récente de la lutte des peuples pour l’indépendance, la liberté, la démocratie et la justice sociale montre l’importance du soutien de l’opinion publique mondiale, en particulier les couches laborieuses dans le sort des masses qui lutte pour la liberté et la démocratie.
Au siècle dernier, nous étions les témoins de l’efficacité de la solidarité entre les peuples concernant le sort de trois conflits importants. Le Vietnam dans les années 1960, la lutte anti-apartheid en Afrique du sud dans les années 1970, et la Résistance Palestinienne contre l’occupation israélienne ces dernières décennies, nous montrent à quel degré, le soutien et la solidarité des peuples peuvent accélérer et changer le déroulement des événements. Ainsi, le peuple vietnamien a pu profiter de la cassure intervenue au sein de la population américaine. En Afrique du Sud, l’ANC a pu avec succès, rallier une partie de la population blanche à sa cause. Le peuple palestinien, dans sa lutte pour la création de leur Pays viable et indépendant, démocratique et souverain contre l’occupation et le colonialisme israélien a besoins aussi des concours de la population d’Israël, et le soutien agrandissant des peuples, des indiens d’Amérique latine aux philippins, du Maroc à la France, …est un facteur déterminant pour qu’ils atteignent le but.
En ce qui concerne la lutte des peuples d’Iran pour la liberté, la démocratie, la laïcité et la justice sociale, le chemin est encore très difficile et long. La répression farouche du pouvoir théocratique est la barrière principale mais pas le seul. Dans la scène internationale, les Etats occidentaux et les médias mettent l’accent sur les problèmes qui les arrangent. En Europe, on a beaucoup insisté sur le programme nucléaire iranien. Sans le négliger, il faut souligner que les problèmes des droits de l’homme et les libertés individuelles sont beaucoup plus préoccupant. Depuis 30 ans d’existence, le régime islamique a exécuté des dizaines de milliers d’opposants et ses prisons sont toujours pleine des militants ouvriers, femmes, étudiants, enseignants, journalistes, juristes et …
Mais les intérêts économiques ont toujours eu le dernier mot. Et les gouvernements successifs, en France et ailleurs ont passé sous silence la répression des opposants : PSA, Renault, Total, Alsthom, etc. continuent à faire les affaires avec le régime y compris avec les sociétés dépendant des « Pasdaran » (Les Gardiens de la Révolution) qui sont actives dans tous les domaines et aussi le responsable majeur de la répression.
L’ampleur du mouvement des protestations récentes a brisé un peu ce silence. Bien-sur, les mouvements en lutte en Iran ont bénéficié du soutien inconditionnel des partis révolutionnaires et progressistes, les syndicats et les organismes de défense des droits de l’homme. Nos actions contre la répression en Iran et surtout pour la libération des ouvriers, syndicalistes, féministes, étudiants, journaliste,…ont reçu le ferme soutien du NPA, PCF, Sud ainsi que les Verts et le PS. Les syndicaliste iraniens, ont remercié, pour l’occasion, les organisations et partis français pour leur solidarité dans le passé et ont espéré que cette solidarité ne fléchisse pas.
Ces deux derniers mois, le monde s’est élevé contre la répression sauvage du régime iranien vis à vis des contestataires pacifistes qui ne formulaient que la reconnaissance de leurs volontés et de leurs votes malgré les règles anti démocratique de l’élection présidentielle truquée. Le porte parole du « pouvoir judiciaire » de la République Islamique a admis le 12 août 2009, l’arrestation de 4000 personnes lors des ces manifestations dont au moins 63 victimes tombées sous les balles ou la torture.
C’est dans ces jours difficiles, que le peuple iranien compte encore plus sur la solidarité sans faille des opinions progressistes du monde pour qu’ils fassent pression sur leurs propres gouvernements pour restreindre leurs relations diplomatiques et exercer une pression internationale sur le régime islamique pour qu’il mette fin aux exactions contre les opposants iraniens. Dans ce soutien, le rôle des partis progressiste, des syndicats et les organisations luttant pour la liberté est primordial.
Nous comptons sur votyre solidarité !
Mobilisons-nous pour arrêter la machine de terreur du régime Iranien
Le régime de la République Islamique, après le coup d’Etat électoral d’Ahmadi-Néjad et de l’Armée des Pasdaran, mobilise tout ses appareils répressifs pour terroriser tout un peuple et le faire taire. Aujourd’hui en Iran un Etat de siège non déclaré est imposé et les forces militaires quadrillent toutes les villes afin d’empêcher toute manifestation. Pendant les récentes manifestations il y a eu plus de 3000 personnes arrêtées et des centaines de disparus. Officiellement plus de 65 cadavres des personnes tuées sous les tortures dans les prisons du régime, ont été livrées à leurs familles. L’ampleur des crimes et sévices commis dans les prisons est inouïe, même en comparaison aux standards du régime, déjà « champion » dans ce domaine. Les iraniens disent que la prison de Guantanamo est comme un hôtel à côté de celle de « Kahrizak » ou les corps mutilés de manifestants disparus ont été retrouvés. Les conditions de détention dans la prison « Kahrizak » sont tellement terrifiantes que le guide suprême en personne a été forcé d’afficher son « inquiétude » et a promis de construire une « prison moderne » !
Des « procès » collectifs sont organisés et des opposants sont contraints à des aveux forcés afin de dissuader le peuple de manifester. Mais malgré la répression atroce, le peuple iranien est déterminé à se débarrasser de ce régime une fois pour toute. Nous assistons à des manifestations de masse au quotidien et les revendications se radicalisent. Le peuple exprime de plus en plus clairement sa distance avec le régime et ses factions. Aujourd’hui, le mouvement de révolte populaire qui a secoué l’Iran contre la fraude électorale, ne se pose plus la question de savoir qui doit présider aux destinées de ce sinistre régime. Moussavi, qui est un ancien dirigeant de la république islamique, et qui porte une responsabilité dans le massacre de milliers de prisonniers politiques dans les années 80 alors qu’il était premier ministre, est loin d’être une alternative. La mobilisation populaire a pris désormais toute son ampleur et ne s’en prend pas seulement à Ahmadinejad mais au régime tout entier.
La radicalisation et l’extension de la lutte populaire contraignent le régime à accélérer le processus de répression et ce par tous les moyens. Le régime a
mis en scène les procès publics des « casseurs »
avec des aveux extorqués sous la torture. Parmi
ceux qui ont fait acte de repentance figurent
plusieurs partisans réformateurs du régime qui
ont été eux-mêmes, au cours des années 80, à
l’initiative de la mise en place de l’appareil
répressif du régime et du système juridique et
pénitentiaire, basés sur la torture et sur l’aveu
extorqué, dont ils font aujourd’hui les frais !
Leur torture et leurs aveux forcés n’en forcent
pas moins la colère et le dégoût. Depuis trente
ans ces méthodes ont toujours été monnaie
courante dans la République Islamique ; la population ne prête aucune portée à ces aveux forcés.
Mais derrière la scène des procès publics contre un certain nombre de membres de la faction réformatrice, le régime dissimule une horreur d’une toute autre ampleur : le destin tragique des milliers d’inconnus arrêtés, des manifestants ordinaires, qui ne font partie d’aucune des factions du régime. La plupart de ces inconnus n’arrive même pas à la phase des « aveux » et meurt massacré sous la torture. Ces « inconnus » sont oubliés par les media occidentaux qui préfèrent privilégier les partisans de la vague verte. Il faut réagir contre ces crimes par tous les moyens, très vite et avant qu’il ne soit trop tard pour celles et ceux encore détenus !
Nul ne peut dire qu’elle sera l’issue des mobilisations. Mais le soulèvement de la jeunesse, des femmes et des travailleurs iraniens ne doit pas rester isolé. En France, comme partout dans le monde, des appels et des initiatives en solidarité avec les manifestants se multiplient. Le mouvement ouvrier et démocratique doit être clairement aux côtés de ceux qui, en Iran, luttent contre la République islamique, pour la démocratie, l’égalité entre hommes et femmes et la justice sociale.
Vive la solidarité internationale !