Nouméa le 21 septembre 2009
La justice rendue au nom du Peuple français en Kanaky, conforte plus que jamais les intérêts de l’Etat colonial et ses alliés politiques dans notre Pays ainsi que le patronat local, rassuré dans ses positionnements ultra-libéraux. La baisse effective des peines prononcées le 15 septembre dernier, contre quelques uns de nos 28 camarades, n’enlève en rien le caractère répressif de cette décision de justice qui confirme la prison ferme et surtout le mandat de dépôt, requis à l’encontre de 6 de nos camarades dont le Président de l’Ustke, Gérard Jodar.
Une logique répressive qui remet en cause les droits constitutionnels du syndicalisme et notamment le droit de grève. Une situation insoutenable, que le Bureau Confédéral de l’Ustke condamne fermement, au regard des menaces qu’elle fait peser sur les intérêts des salariés mais aussi des plus démunis, dans un contexte social et économique qui accentue les inégalités sociales et favorise l’arbitraire dans notre Pays.
Cette décision de la cour d’appel de Nouméa a valeur de jurisprudence et ses conséquences doivent interpeller le mouvement social en Kanaky. Le mandat de dépôt et la prison ferme requis contre le Président et les camarades de l’Ustke ont été prononcés exclusivement pour motif « d’entrave à la libre circulation d’un aéronef »
Quoiqu’en dise les suppôts du pouvoir en place tel que les Dassonville, Bouvier, Nidoish N et consorts, la perturbation par l’entrave constitue parfois, le dernier recours pour se faire entendre, face à certains patrons despotiques, fussent-ils kanak, comme récemment dans le conflit Aircal. Que restera t’il donc aux syndicalistes, privés de cette ultime éventualité, pour défendre les intérêts de ceux qu’ils représentent face à de tels dictateurs ? Le renoncement ? Pire, le dialogue social version Martin-Gomèz …
Il est bien évident que le syndicalisme de terrain, revendicatif ou encore le syndicalisme révolutionnaire, au sens noble du terme, c’est à dire animé par une volonté de transformer la société que nous savons profondément inégalitaire en Kanaky, vit ses derniers jours si nous devions en rester là. !! Aussi, l’Ustke refuse pour sa part, de se résigner tout comme il condamne plus que jamais le dialogue social aseptisant d’un Gomèz sans parole !
Cette remise en cause des acquis de la lutte syndicale de nos aînés et parfois de leurs sacrifices, ne doit pas laisser sans réaction le mouvement social en Kanaky qui doit prendre ses responsabilités face à cette répression qui, à terme, réprimera sans exception tout mouvement revendicatif. Il est tout aussi évident que pérenniser un dialogue social, version pacte Républicain, ne peut constituer une réponse crédible à cet acharnement répressif à l’encontre des syndicalistes, au risque de se rendre complice de la mise à mort préméditée d’un syndicalisme libre.
Cette décision de justice doit également interpeller les forces progressistes et au 1er rang, les indépendantistes.
Dans le chantier en cours, pour l’émancipation tant sociale que politique de notre Pays où les questionnements ne manquent pas, suscités par la fin du processus en vigueur de l’Accord de Nouméa, censurer la substance revendicative des forces vives, tel que les syndicalistes, c’est conforter notre Pays dans une voie qui le mène irréversiblement vers un régime totalitaire au détriment d’une voie démocratique originale. C’est laisser le champ libre à toutes les dérives ultra-libérales qui accentueront les inégalités sociales déjà criantes dans notre Pays. C’est laisser aux mains des spéculateurs de toute sorte la gestion de nos ressources naturelles et notamment notre patrimoine minier. C’est remettre en cause également, à ne pas en douter, le processus de décolonisation ouvert difficilement par les derniers accords politiques. C’est enfin achever de tordre le cou aux mesures de rééquilibrage qui en découlent.
Cette régression agit fortement sur un climat social qui se dégrade dangereusement. Vingt ans après les Accords de Matignon et plus de dix ans après ceux de Nouméa, celui-ci porte en lui les germes d’une nouvelle crise politique qui se fait de plus en plus jour, malgré la diversion entretenue par un consensus politique de façade, animé par les partenaires de l’accord de Nouméa.
Un mutisme persistant sur cette situation inquiétante fera de leurs auteurs les complices d’une logique néo-coloniale triomphante qui ne cesse de progresser chez les indépendantistes et faire de certaines de leurs figures emblématiques les adeptes dissimulés de cette dérive politique.
Face à cette tourmente entretenue par cette énième agression des groupes organisés, autour d’un Etat Sarkozyen répressif, la réaffirmation des fondamentaux de l’USTKE et notre attachement à ses valeurs, sont les priorités d’une résistance qui s’impose. La solidarité sans faille doit également s’organiser à l’endroit de nos camarades maintenus en détention et ceux actuellement poursuivis au nord, aux îles et dans le sud. Solidarité aussi envers les jeunes, de la tribu de Saint-Louis et des quartiers populaires de Nouméa, emprisonnés pour s’être reconnus dans le combat mené par l’Ustke et victimes à leur tour d’une répression impitoyable.
Enfin, le Bureau Confédéral de l’Ustke convoque les Bureaux de chaque Fédération, Syndicat, Union Provinciale et Communale à la réunion du Bureau élargi, le samedi 26 septembre prochain, à la maison des syndicats à Nouméa pour faire le point sur la situation actuelle. L’importance de l’ordre du jour et les décisions qui en découleront, exigent la présence de tous.
Le bureau Confédéral