Nous, citoyens de Tunisie, du Maroc et acteurs de l’immigration, participants à l’atelier sur les « mouvements sociaux maghrébins », lors de la deuxième session du Forum social Maroc les 27, 28 et 29 juillet 2004, considérons que la mondialisation néo-libérale constitue un danger imminent qui menace les peuples de la région et tous les peuples de la planète, de plus de précarité, d’exclusions sociale et culturelle et de chômage.
La hausse du coût de la vie devient vertigineuse, elle touche en premier les régimes de soin et de santé, l’éducation et plus généralement tous les services publics, lesquels services ont vu leurs prestations se détériorer ; le marché de l’emploi connaît une véritable érosion touchant même les diplômés de l’enseignement supérieur.
Les gouvernements se plient au diktat du capital mondial et refusent de remplir les revendications de leurs peuples à une vie digne dans un grand Maghreb uni et offrant à ses citoyens et citoyennes une justice sociale et une égalité devant la loi ; un Maghreb de droits pour toutes et pour tous.
La mondialisation néo-libérale a eu des conséquences désastreuses sur nos sociétés notamment sur les couches les plus pauvres. Elle menace de détruire notre environnement naturel, nos droits au présent et ceux des générations futures. Elle a aggravé les problèmes d’endettement de nos pays et a systématiquement détruit le tissu économique. Elle nous a obligés, par la force, à adopter un système qui « marchandise » tous les aspects de notre vie et les soumet à la logique du profit effréné.
Cette mondialisation capitaliste renforce la répression des femmes et de tous les travailleuses et travailleurs ; elle facilite la circulation des drogues et des maladies mortelles et pousse des milliers d’exclus et de précaires vers le désespoir. Dans nos pays, « les barques de la mort » avec leur lot quotidien de cadavres des candidats à l’immigration clandestine sur les rives de la Méditerranée, sont un témoignage poignant et révoltant sur l’étendue du désespoir qui s’empare de nos jeunes ; un désespoir tel, que la vie et la mort se valent pour eux.
Convaincus que la vie est un droit et que nous sommes prêts à tout pour la défendre et enraciner son amour au plus profond de nos jeunes, au cœur des femmes et des peuples, nous nous engageons et appelons à s’engager dans une mondialisation des résistances : syndicats, associations, organisations non gouvernementales, intellectuels, jeunes, acteurs divers...à l’image de tous les mouvements sociaux de par le monde, mobilisés sur la base des principes du Forum social mondial, pour une mondialisation alternative qui sauverait la nature et libérerait les femmes et les hommes de l’appétence fiévreuse du capital.
Partant des acquis du Forum social marocain lors de ses deux précédentes sessions pour « Un autre Maroc », poursuivant les efforts enregistrés en Tunisie -et ce malgré la fermeture de l’espace public et l’asphyxie des libertés- pour installer une commission nationale du Forum social tunisien, et après avoir accumulé une somme considérable de luttes de tous les mouvements sociaux, syndicaux, juridiques et civiques qui ont ouvert des perspectives importantes ; croyant fermement qu’un Forum social maghrébin à côté des forums sociaux locaux, est devenu une nécessité urgente, nous soutenons haut et fort qu’ « Un autre Maghreb est possible ».
Nous, participants à l’atelier sur les mouvements sociaux maghrébins :
– Valorisons les acquis du Forum social Maroc et appelons à le développer, le radicaliser, l’enraciner dans toutes les sphères de la société et exprimons notre soutien à la dynamique tunisienne en vue de créer son forum social local
– Appelons et recommandons la poursuite des débats et l’extension des liens et des contacts entre toutes les acteurs des pays maghrébins et les acteurs de l’immigration d’œuvrer ensemble pour un Forum social maghrébin qui faciliterait le renforcement de mouvements sociaux émergents dans nos pays respectifs, renforcerait la solidarité et consoliderait la conviction dans notre destin commun
L’engagement dans cette voie serait la meilleure réponse à la guerre atroce que nous oppose la capitalisme barbare par diverses armes avec la complicité des gouvernements « Hors la loi » complètement détournés des intérêts de leurs peuples.
Le Forum social maghrébin dont nous nous revendiquons, nous l’espérons un espace d’élaboration d’alternatives auxquelles aspirent les peuples de la région. Un espace de redynamisation de la résistance qui renforcerait la lutte commune, participerait à apporter des solutions aux conflits et à bâtir le Grand Maghreb dans le respect au droit à la différence.
Rabat, 28 juillet 2004