Les affrontements se sont poursuivis aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, notamment aux abords du quartier populaire de Monreval au nord de Nouméa, où plus d’un milliers de jeunes ont caillassé un convoi de camions escorté par les forces de l’ordre. Louis Kotra Uregei, leader du Parti travailliste, émanation politique du syndicat USTKE et figure indépendantiste -il fut le signataire des accords de la rue Oudinot prévoyant en annexe des accords de Matignon (1988) un rééquilibrage économique en faveur des populations locales - a rencontré hier Philippe Gomes, président du gouvernement local (droite). Il répond aux questions de Libération.
Comment s’est passée cette réunion ?
M. Gomes essaye de rapprocher les différents points de vue. Des contacts ont lieu depuis mardi. Je m’associe à cette tentative de trouver des convergences entre les différents partenaires.
Comment analysez-vous la situation ?
Depuis son arrivée il y a deux ans, le Haut-Commissaire Yves Dassonville a voulu jouer au Zorro en s’en prenant continuellement à l’USTKE. Il a tenté de provoquer une ghettoïsation du syndicat. Par une répression systématique et, dernièrement, en encourageant l’intransigeance du patron d’Aircal. Il a par ailleurs eu des mots très durs, traitant les syndicalistes de « voyous », de « bandits », voire de « terroristes ». En tant que président du parti travailliste, je condamne l’attitude du haut-commissaire. C’est pour cette raison que je refuse de le rencontrer. L’USTKE a le droit au respect, au même titre que toute organisation syndicale. Que le leader de l’USTKE -Gérard Jodar- soit poursuivi puis incarcéré sur un motif aussi léger que celui « d’entrave à la circulation des aéronefs » c’est un coup monté. Ils ont tout fait pour qu’il se retrouve en prison.
Pourquoi les jeunes des quartiers se mobilisent-ils avec les salariés de l’USTKE ?
Dans un pays aussi sensible que la Nouvelle-Calédonie, voilà où l’intransigeance du Haut-commissaire nous mène. Il a mal apprécié l’importance de l’USTKE. Et se retrouve aujourd’hui dépassé par la situation. Ce n’est pas en jouant au va-t-en guerre et en dépêchant des gendarmes armés de flashball et de grenades lacrymogènes que l’on apaisera ce conflit. Puisque c’est la politique du tout-répressif qui conduit à ces violences. Les gens n’ont plus peur. Il y a effectivement des miliers de jeunes dans les rues aux côtés de l’USTKE, mais ce n’est pas le syndicat qui les a appelés ! Des camions ont été caillassés. Beaucoup de jeunes s’impliquent car ils en ont marre d’être l’objet de chasses à l’homme. L’argent injecté depuis les accords a permis d’importants investissements d’équipements. Mais l’opulence n’a profité qu’à une toute petite minorité, pas à la population locale.