On fête, cette année, les trente ans de la plus vieille centrale nucléaire française. Après tant d’années de « bons et loyaux » services , on pourrait penser qu’il est temps d’en finir avec des équipements qui n’étaient pas prévus pour durer si longtemps. Mais il en va des centrales comme des salariés : il faut les pressurer et les rentabiliser au maximum, sans prendre en compte les éventuels risques encourus.
L’enjeu de la visite de contrôle de Fessenheim, c’est le choix entre sa fermeture définitive ou sa prolongation. Les nucléocrates ont toujours défendu le nucléaire en utilisant l’argument de son bas coût. Mais c’était sans compter les énormes budgets nécessaires au démantèlement des centrales. A tel point que, plutôt que d’entamer dès aujourd’hui les travaux nécessaires à la fin de vie des centrales, EDF préfère investir pour prolonger leur existence de trente ans. Les sommes en jeu ne sont pas négligeables : 400 millions d’euros par réacteur. Sachant que la France possède 58 réacteurs sur son territoire, dont la moyenne d’âge est de 22 ans, on peut déjà se faire une idée de la facture finale pour les dix prochaines années. Si encore elle mettait fin à ces centrales et dirigeait vers la sortie du nucléaire… Mais la politique actuelle de prolongation des centrales montre l’irréversibilité des choix énergétiques ayant donné la priorité au nucléaire. On paye aujourd’hui, et on paiera encore plus demain, la facture pour des politiques mises en place dans les années 1970, sans aucun débat démocratique.
Le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, vient de demander une hausse de 20 % des tarifs de l’électricité, afin de mettre un terme à l’endettement de l’entreprise. Ce choix est d’autant plus choquant au moment où celle-ci investit pour prolonger la durée de vie des centrales. Car, finalement, les contribuables vont payer plusieurs fois les conséquences du lobbying nucléaire : pour la construction des centrales, pour leur prolongation et, finalement, pour leur démantèlement. En effet, malgré les prolongations éventuelles, il faudra bien démanteler les équipements existants. Le faire maintenant est le choix le plus raisonnable, d’autant plus face aux défis énergétiques de l’heure. Le reporter de vingt ou trente ans n’est qu’une fuite en avant supplémentaire, qui ne règle aucun problème, et qui ne fera qu’augmenter les risques liés au vieillissement des centrales.
Pour l’ensemble du mouvement antinucléaire, il est tout aussi important de lutter contre la relance d’un nouveau programme nucléaire et l’installation des réacteurs EPR en Normandie, que d’exiger la fermeture des centrales les plus anciennes qui, plus les années passent, constituent un danger permanent pour les populations et les travailleurs chargés de les surveiller et de les maintenir en vie. Il faut donc préparer, dès aujourd’hui, la manifestation unitaire de Colmar, les 3 et 4 octobre1 prochains, qui exigera la fermeture de la centrale de Fessenheim, ce qui serait non seulement un symbole, mais aussi un premier pas pour envisager une sortie du nucléaire.
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