Dimanche 31 Mai, une quarantaine de militants de la « Liste Antisioniste », avec à leur tête « l’humoriste » Dieudonné, l’ancien membre de la direction du FN Alain Soral, et Yahyia Ghouasmi sont venus faire campagne à leur manière sur le marché Pyrénées de Paris.
Cette liste, qui prend pour prétexte la lutte du peuple palestinien dans le seul but de mener une campagne antisémite, est composée de militants de diverses organisations d’extrême droite et/ou connus pour leur appartenance au milieu négationniste (comme Ginette Skandrani, exclue des Verts en 2005 ).
Comme tous les dimanches, des militant/es de gauche et d’extrême gauche du 20e arrondissement étaient présent/Es sur ce marché. Ils ont voulu s’opposer politiquement, par le biais de tracts et de slogans, à cette campagne haineuse et intolérable. Les nervis d’extrême droite ont alors montré leur vrai visage, en agressant très violemment les militants antifascistes présents, en en blessant plusieurs, le tout sous les yeux de la police, présente durant tout l’affrontement. Celle-ci a finalement réagi... en arrêtant 4 des militants antifascites, qui ont été placés en garde à vue.
Le NPA, tout en réaffirmant son soutien à la lutte du peuple palestinien dénonce la campagne antisémite de Dieudonné et de ses colistiers. Il dénonce également la répression qui touche les militants antifascistes.
Le NPA exprime sa solidarité avec les militants antifascistes interpellés et exige qu’aucune poursuite ne soit prise à leur encontre.
Il appelle toutes les organisations progressistes à lutter contre les idées nauséabondes et les agissements de l’extrême droite, quelle que soit son visage.
Communiqué du NPA
L’extrême droite tente une embuscade
Si elle reste dispersée en France, l’extrême droite ne se réduit pas à une quantité négligeable et dépasse la barre des 5% dans les sondages d’opinion.
Si l’on en croit Carl Lang, ancien numéro trois du Front national, « les européennes du 7 juin marqueront le chant du cygne d’un FN en fin de cycle historique ».
Député européen FN sortant, Carl Lang, considérant le parti comme trop « marinisé » (en référence à Marine Le Pen), a quitté le FN à la fin 2008. Avec de nombreux élus régionaux et de vieux cadres lepénistes, il a créé le Parti de la France (PDF).
Jean-Claude Martinez, autre élu FN au Parlement européen en 2004, a créé, de son côté, la Maison de la vie et des libertés. Les deux ex-dirigeants frontistes ont décidé d’unir leur force à d’autres groupuscules (MNR, NDP) pour présenter des listes concurrentes à celles du FN dans trois circonscriptions (Nord-Ouest, Sud-Ouest et Centre).
En février 2009, nouveau rebondissement : Alain Soral claque bruyamment la porte du FN. Il dénonce la « “bande à Marine” – cet agglomérat de multitransfuges, de marchands du Temple et de cage aux folles – qui a tout fait pour me barrer la route » et il souligne les désaccords l’opposant au « libéral atlanto-sioniste » Jean-Michel Dubois, tête de liste du FN en Île-de-France. Soral veut démontrer sa capacité de nuisance et rejoint Dieudonné dans de « nouvelles convergences » d’extrême droite. Malgré ces dissidences, le Front national prétend reconquérir son électorat perdu en 2007. Présent dans les huit circonscriptions européennes (après de nombreuses péripéties internes), il renoue avec ses thématiques de prédilection : opposition à l’euromondialisme, rejet de l’« immigration-invasion ». Il aimerait récupérer les déçus du sarkozysme et cherche à dévoyer la colère des victimes de la crise.
Mais les dirigeants frontistes savent que l’espace électoral à la droite de l’UMP n’est pas infini et que Libertas, l’alliance libérale-conservatrice MPF-CPNT, risque de leur prendre des voix, tout comme les petites listes de droite « indépendantes », souverainistes ou ultralibérales.
En 2004, le FN, avec 9,8% des voix, avait obtenu sept élus au Parlement européen. En 2009, les sondages les plus récents lui attribuent tout au plus 8%. Peut-on parler de « chant du cygne » ?
Gabriel Gérard
* Paru dans « Tout est à nous » n°9 du 21 mai >2009.
Dieudonné, une liste d’extrême droite en plus....
Après la liste du Front national et celle des amis de Carl Lang, l’extrême droite « antisioniste » aura également sa tribune, sortant ainsi de la confidentialité, pour la première fois depuis les années 1940.
La liste francilienne, conduite par Dieudonné, regroupe des néo-fascistes, des illuminés sectaires, des extrémistes religieux, des adeptes de la théorie du complot, des nationaux-catholiques antimusulmans, un cadre régional du FNJ ainsi que des révisionnistes.
Cette liste de prétendus « anticommunautaristes », pour beaucoup partisans de l’assimilation et du colonialisme, dénonce la « sionisation » de la société évitant ainsi les débats sur les difficultés économiques et sociales auxquelles sont confrontés les travailleurs et la jeunesse des quartiers populaires. Et pour cause, ces questions pourraient la faire voler en éclats.
Cette liste distille un antisémitisme, plus ou moins explicite selon ses composantes, favorisant une nouvelle offensive amalgamant antisionisme et antisémitisme. Elle porte ainsi atteinte à la cause palestinienne et bénéficie à ceux qui veulent étouffer toute forme de critique à l’encontre de la politique coloniale des gouvernements israéliens successifs, aggravée aujourd’hui par la présence e d’Avigdor Lieberman (extrême droite) au gouvernement.
Pour notre part, nous pensons que la meilleure façon de combattre l’imposture de l’extrême droite, sous ses différentes appellations, est de mener campagne pour une Europe sociale, démocratique, écologique, une Europe des droits et de l’égalité. Nous poursuivrons notre lutte contre l’Europe forteresse, pour la solidarité internationale. Nous continuerons de soutenir la lutte du peuple palestinien et les anticolonialistes israéliens, juifs et arabes, militants pour une paix juste et durable au Moyen-Orient.
* Paru dans « Tout est à nous » n°8 du 14 mai 2009.