Les surveillants de prisons se sont mobilisés, depuis le 4 mai, dans les 194 établissements pénitentiaires pour obtenir de meilleures conditions de travail et des créations d’emplois. Leurs actions consistaient à bloquer les mouvements de détenus, c’est-à-dire leurs déplacements vers les Palais de justice, vers les hôpitaux ou d’autres établissements. N’ayant pas le droit de grève, ce sont leurs collègues, en repos, qui effectuaient ces blocages.
La surpopulation en prison est explosive. Elle est d’ailleurs plus importante dans la plupart des maisons d’arrêts (pour les prévenus pas encore jugés et ceux ayant une peine restant à faire de moins d’un an) que dans les centres de détention. Un seul surveillant peut avoir à gérer plus d’une centaine de détenus, ces derniers se retrouvant souvent à trois ou quatre dans une cellule pour deux. Chaque soir, il faut installer des matelas à même le sol et on ne peut plus se déplacer dans la cellule. Ces situations créent des tensions entre détenus et surveillants et détenus eux-mêmes. C’est ce qui est dénoncé, depuis des années, par les associations de défense des droits de l’homme sans que le gouvernement ne bouge.
La politique de Sarkozy est directement responsable de cette situation. Politique uniquement répressive tournant le dos aux alternatives à l’incarcération et à la réinsertion avec des enfermements plus nombreux et plus longs, y compris pour les mineurs, des peines planchers, des remises de peine et grâces en diminution, l’augmentation du nombre de prévenus. Récemment, les conseillers d’insertion et de probation ont mené, dans de nombreux établissements, des actions afin d’obtenir plus de moyens et de personnels.
Le gouvernement brandit la menace de poursuites contre tous ceux qui veulent résister à ce système, syndicalistes, militants politiques et sociaux ou contre les jeunes des quartiers régulièrement condamnés pour « outrage ».
La prison est invivable aussi pour les surveillants. Leur salaire dépasse rarement 1200 euros, les repos sont impossibles à poser, la vie familiale est difficile avec des horaires décalés, les tensions sont permanentes dans les relations avec les détenus, la part de leur travail qui devrait être de l’aide à la réinsertion est réduite à zéro.
Le gouvernement leur a répondu de la seule façon qu’il connaisse : la matraque des CRS. Deux syndicats de surveillants (Ufap, FO) ont signé avec le ministère, contre l’avis de la CGT, un accord prévoyant la création de 174 postes. Il ne résoudra en rien la crise permanente qui prévaut en prison. C’est tout le système judiciaire et carcéral qu’il faudrait remettre à plat. Cette société capitaliste, productrice massive de discriminations et de ségrégations crée les conditions optimales pour que les plus pauvres, les moins éduqués, ceux qui sont sans emploi et souvent sans toit trouvent sur leur route la délinquance et la prison.
La prison ne « rééduque » pas et ne réinsère pas, elle enferme sans espoir de sortie.
La vérité que veut cacher Sarkozy, c’est que la prison tue et qu’elle est un instrument de sa politique de classe : 115 suicides de détenus ont eu lieu en 2008 (96 en 2007) et leur nombre est cette année encore en augmentation. Deux surveillants se sont par ailleurs suicidés ces derniers mois avec des armes de l’administration.
C’est contre ce système pourri, inhumain et dégradant que les militants du NPA luttent au quotidien.
Richard Martinon
* Paru dans « Tout est à nous » (TEAN) n° 8 du 14 mai 2009.
Loi pénitentiaire : non au passage en force
Communiqué du NPA
vendredi 6 mars 2009
Avant d’être exfiltrée vers Strasbourg à l’occasion des prochaines élections européennes, Rachida Dati veut faire adopter en urgence une loi pénitentiaire.
En imposant une procédure accélérée, la ministre de la justice veut accomplir un dernier passage en force et satisfaire les secteurs les plus rétrogrades de son administration, en faisant semblant de vouloir remédier aux carences les plus voyantes des conditions de détention et d’endiguer la surpopulation carcérale qui explose.
La nature du projet de loi témoigne en effet de la détermination de l’administration pénitentiaire à faire échec à toutes velléités réformatrices qui aboutiraient à la priver de sa mainmise sur les règles du jeu intra-muros ou à minorer son emprise sur les personnes dont elle a la charge.
C’est pourquoi le NPA s’associe aux syndicats et associations regroupés au sein des Etats Généraux de la Condition Pénitentiaire pour exiger que les présidents de l’assemblée nationale et du sénat demandent la levée de la procédure d’urgence. Cette bataille ne constitue qu’une première étape dans la mobilisation qui sera nécessaire pour mettre fin au désastre humain et social des conditions de vie et de travail derrière les barreaux, restaurer en urgence la dignité pour les personnes incarcérées et à terme permettre à la société de repenser la gestion des comportements délictueux.
Le 6 mars 2009.