La CIA n’utilise plus, à l’étranger, de prisons secrètes pour détenir les personnes soupçonnées de terrorisme, a affirmé, jeudi 9 avril, son directeur, Leon Panetta. Dans une lettre adressée aux employés de l’Agence centrale de renseignement, il a précisé que ces centres de détention, surnommés black sites, n’avaient accueilli aucun prisonnier depuis sa nomination en février 2009.
Selon lui, la CIA a proposé un plan « en vue de fermer les sites restants », et ordonné que « les contrats de sous-traitance pour la sécurité des sites prennent fin rapidement ». M. Panetta estime que la prise en charge de cette mission par la CIA allait « faire économiser jusqu’à 4 millions de dollars » à l’administration.
Cette lettre est le premier document officiel de l’administration américaine reconnaissant l’existence, encore aujourd’hui, de prisons secrètes. En revanche, le document ne donne aucune indication sur le nombre et la localisation de ces centres, qui ont détenu au moins une centaine de membres présumés d’Al-Qaida de haut rang depuis les attentats du 11 septembre 2001, selon les médias américains. D’après le Washington Post, qui cite différentes sources, certains de ces sites ont été découverts en Thaïlande, en Roumanie et en Pologne.
La révélation de l’existence des prisons secrètes de la CIA à l’étranger, dans des pays où la torture n’est pas interdite, comme l’Irak, ou à Bagram en Afghanistan, avait provoqué un tollé planétaire qui a marqué la présidence de George Bush. Son successeur, Barack Obama, en a ordonné, le 22 janvier, la fermeture en même temps que celle du centre de détention militaire de Guantanamo, sur l’île de Cuba.
Dans sa lettre, Leon Panetta indique également qu’« en vertu du décret présidentiel, la CIA n’emploie plus les techniques musclées d’interrogatoire qui étaient autorisées par le département de la justice de 2002 à 2009 ».
Toutefois, il précise que les agents ayant travaillé sur ces sites « ne devraient pas être poursuivis », en raison, précisément, du caractère légal de ces actions sous l’administration Bush.
En janvier, le président Obama n’avait pas interdit l’usage des « restitutions extraordinaires » mis en place par George Bush à partir de 2002. L’expression désigne l’ensemble des transferts illégaux effectués à travers le monde par la CIA - souvent avec l’aide de services de renseignements étrangers.
Dans sa lettre, M. Panetta affirme à ce sujet que « la CIA garde le droit de détenir des individus à court terme et de manière provisoire », et précise que « nous nous attendons à remettre toute personne sous notre garde aux autorités militaires ou à leur pays d’origine, en fonction de la situation ».
Depuis des mois, de nombreux récits de maltraitance dans ces centres de détention ont été publiés dans les médias. Un rapport confidentiel du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), rédigé en 2007 et révélé par la presse à la mi-mars, concluait que le traitement infligé aux personnes soupçonnées de terrorisme dans les prisons secrètes de la CIA relevait de la « torture ».