LONDRES, de notre correspondant
Entre 30 000 et 40 000 personnes ont manifesté samedi dans la capitale britannique à l’approche su sommet du G20. Mis à part quelques sifflets et huées en passant devant le 10 Downing Street, résidence du Premier ministre, Gordon Brown, hôte du sommet, l’ambiance était bon enfant, même si la police anglaise affirme toujours craindre des débordements lors des prochaines manifestations mercredi et jeudi.
Samedi, entre la Tamise et Hyde Park, entre averses et éclaircies, les manifestants étaient venus entre collègues, copains, ou en famille. Et les poussettes n’étaient pas rares, sous les pancartes les plus diverses, depuis « Le capitalisme ne marche pas », jusqu’à « Libérez la Palestine », en passant par « Urgence climat ». « Nous ne sommes peut-être pas tous d’accord sur les priorités, explique un jeune militant écologiste. Mais je crois que nous sommes tous là pour dire aux dirigeants du monde que le consumérisme capitaliste ne fonctionne pas. Et que l’exploitation des ressources de la planète touche à sa fin. Le G20 ne servira à rien si c’est pour recommencer la même chose, revenir au business as usual. Il faut changer de système. »
En chœur. Ecologistes, altermondialistes, pacifistes, syndicalistes… Les manifestants répondaient à l’appel de la coalition PPF, Put people first (Les gens d’abord), qui réunissait plus de 150 organisations, syndicats, ONG, associations. Le slogan adopté, « Job, Justice, Climate », était assez large pour contenter tout le monde. « Les gens d’abord ? explique Shona, une étudiante à Oxford. Ça veut dire qu’il n’y a pas que l’argent et les affaires, qu’il faut penser au bien-être de tous, surtout dans les pays en voie de développement. » L’argent et le capitalisme, les banquiers et la crise sont au cœur des slogans affichés ou parfois repris en chœur par la foule : « Taxer les riches, faites-les payer », « Capitalistes, vous êtes la crise, nous sommes la solution »…
« C’est une bonne chose de voir des milliers de gens ordinaires dans les rues pour montrer combien la crise les frappe, a conclu en fin de manifestation Brendan Barber, patron du Trades Union Congress, la fédération des syndicats britanniques. La crise financière est en train de devenir une crise du développement, et risque de se transformer en crise humanitaire. Nous voulons que les leaders du monde pensent d’abord à l’impact de cette crise sur les pauvres. » Dans la soirée, Brown a affirmé avoir « compris » la manifestation de samedi : « Les actions que nous comptons prendre au G20 sont préparées pour répondre aux inquiétudes des manifestants. »
Caillassé. Pas sûr que cela suffise. Des groupes plus radicaux appellent à diverses manifestations programmées la veille et le jour du sommet. La police craint des violences, notamment dans le quartier de la City, où sont concentrées les grandes banques. Certaines de ces dernières ont d’ailleurs conseillé à leurs employés de travailler à domicile durant ces deux jours. La banque JP Morgan leur a même donné trois jours de repos… Mercredi, à Edimbourg, la maison de l’ex-patron de la banque RBS (Royal Bank of Scotland), Fred Goodwin, avait été caillassée. Alors que RBS avait dû être recapitalisée par l’Etat, le banquier était parti avec près de 20 millions d’euros de parachute doré. L’attaque du domicile de Goodwin avait été revendiquée par un groupe appelé « Les patrons de banques sont des criminels ». « Ce n’est qu’un début », annonçait son communiqué.