TOKYO CORRESPONDANCE
La crise et la montée du chômage incitent Tokyo et Séoul à encourager le partage du travail. Jeudi 19 mars, le ministre japonais des affaires sociales, Yoichi Masuzoe, a dévoilé un projet gouvernemental doté de 1 500 milliards de yens (11,6 milliards d’euros), consacré à la sauvegarde de l’emploi. Les aides iront notamment aux entreprises qui réduisent les heures supplémentaires et répartissent la charge de travail pour éviter les licenciements.
Le même jour, les organisations syndicales et patronales ont, avec les représentants du gouvernement, finalisé un projet de préservation de l’emploi par le partage du travail, mettant fin à plusieurs mois de débats sur la question. L’idée avait été émise le 6 janvier par le président de la fédération patronale Keidanren, Fujio Mitarai, qui souhaitait explorer toutes les options possibles, « la réaffectation, la fin des heures supplémentaires et les congés non rémunérés ».
Les syndicats souhaitaient, eux, une hausse des salaires pour rattraper la baisse de 6,4 % entre 1997 et 2007 et relancer la consommation. Le recul du produit intérieur brut (PIB) - 12,7 % au dernier trimestre 2008 en rythme annuel -, la dégradation de l’emploi et le taux de chômage à 4,1 % les ont fait reculer.
L’accord de jeudi devrait être validé le 23 mars, en présence du premier ministre, Taro Aso, du Keidanren et de la confédération syndicale Rengo.
Un mouvement similaire a été observé en Corée du Sud, où le PIB a reculé de 5,6 % entre octobre et décembre 2008 par rapport au trimestre précédent et où le chômage a atteint les 3,6 % en janvier, contre 3,3 % fin 2008. Le 23 février, syndicats et patronats ont convenu de « tout faire pour préserver l’emploi ». Le 5 mars, le ministre des finances, Yoon Jeung-hyun, a promis des aides de l’Etat aux entreprises qui promeuvent le partage du travail. Une campagne a été lancée, dotée d’un budget de 486,2 milliards de wons (257,8 millions d’euros). Son objectif, préserver 200 000 emplois en 2009.
Les entreprises n’ont pourtant pas attendu ces décisions pour expérimenter la mesure. Le constructeur automobile japonais Mazda l’a mise en œuvre dans ses deux usines de l’Archipel, où la production a diminué de moitié en un an. Nissan s’y met, après avoir accepté le 6 mars que ses salariés à temps plein occupent des petits boulots à l’extérieur de l’entreprise pour compenser les baisses de salaire dues à la chute de la production.
En Corée du Sud, selon la Chambre coréenne de commerce, 50 % des 500 plus grandes entreprises du pays pratiquent déjà le partage du travail. Le « chaebol » (conglomérat) Hanwha va réduire de 10 % le salaire de ses dirigeants pour financer des stages pour 300 étudiants. Le cimentier Ssangyong a prévu de prélever 30 % de la rémunération de ses dirigeants pour garantir les postes de ses salariés.
Les administrations suivent. Une réduction de 2 % à 4 % des salaires des hauts fonctionnaires sud-coréens du ministère de l’administration publique et de la sécurité permettra de financer des créations de postes. Des mesures similaires sont en œuvre dans les administrations locales et les entreprises publiques.
Ces mesures ne font cependant pas l’unanimité. Le quotidien économique japonais Nihon Keizai rappelle qu’aux Pays-Bas - modèle souvent cité par les médias nippons -, ce partage a été accepté, car il a permis « d’améliorer la productivité ».
En Corée du Sud, les syndicats ont critiqué la décision, prise fin février par une trentaine de conglomérats, dont Samsung et LG, de réduire de plus de 28 % les salaires des nouveaux diplômés recrutés, officiellement pour préserver l’emploi.
« S’ils coupent une partie des salaires, observe Cho Seong-jae, de l’Institut coréen du travail, les employeurs ne pourront pas demander autant qu’avant à leur personnel. » Cité par le quotidien Korea Times, un employé d’une société de crédit fait remarquer que « la crise ne va pas durer éternellement. Je crains que les sacrifices demandés aux employés ne durent plus longtemps qu’elle ».
Philippe Mesmer
* Article paru dans le Monde, édition du 21.03.09. LE MONDE | 20.03.09 | 14h46 • Mis à jour le 20.03.09 | 14h46.
DES PRÉVISIONS MOROSES
Taux de chômage (en janvier) :
Japon : 4,1 %
Corée du Sud : 3,6 %.
PIB :
Japon : - 3,2 % au 4e trimestre 2008. Prévisions : - 1,8 % pour l’exercice fiscal 2008 clos fin mars. - 2 % pour l’exercice 2009.
Corée du Sud : - 5,6 % au 4e trimestre 2008.
Prévisions : 2,8 % en 2008 et - 0,7 % en 2009.
Inflation (en janvier, en glissement annuel) :
Japon : 0 % (2,3 % en juillet 2008).
Corée du Sud : 3,7 % (5,8 % en juillet 2008).
Tokyo s’apprête à débloquer 12 milliards d’euros pour sauver l’emploi
Le gouvernement japonais prépare un plan de 1 500 milliards de yens (12 milliards d’euros) pour préserver les emplois dans les entreprises et aider les chômeurs, alors que le pays traverse sa pire récession depuis 1945, a annoncé jeudi le ministre du travail, Yoichi Masuzoe. « Nous allons élaborer des mesures énergiques en faveur de l’emploi », a déclaré M. Masuzoe aux journalistes. « Les gens s’inquiètent de savoir comment ils vont vivre pendant qu’ils cherchent un emploi ou qu’ils suivent une formation. Nous voulons adopter des mesures drastiques pour résoudre ce type de problème », a-t-il ajouté.
M. Masuzoe n’a pas détaillé le contenu du plan. Selon la presse, les mesures envisagées consistent notamment à financer des formations pour les demandeurs d’emploi, à subventionner les entreprises pour qu’elles s’abstiennent de licencier, ou encore à accorder des aides aux travailleurs immigrés ayant perdu leur travail à cause de la crise ou à financer leur retour au pays.
Les entreprises japonaises, frappées de plein fouet par la chute des exportations, ont licencié par dizaines de milliers ces derniers mois. Environ 158 000 travailleurs temporaires doivent notamment se retrouver sans emploi à l’expiration de leur contrat le 31 mars, date de la fin de l’année budgétaire. Le taux de chômage au Japon a atteint 4,1 % en janvier, encore loin de son record de 5,5 % atteint en 2002, mais la plupart des analystes prédisent qu’il dépassera les 5 % dans le courant de l’année alors que la crise s’aggrave.
Selon M. Masuzoe, les nouvelles mesures en faveur de l’emploi seront incluses dans un nouveau plan de relance, le troisième en quelques mois, que prépare actuellement le gouvernement japonais.
* LEMONDE.FR avec AFP | 19.03.09 | 08h06.
La Banque du Japon octroie 8 milliards d’euros pour soutenir le secteur bancaire
La Banque du Japon (BOJ) a annoncé mardi qu’elle allait octroyer des prêts subordonnés d’un montant total de 1 000 milliards de yens (8 milliards d’euros) aux banques pour les aider à renforcer leur capital et les inciter à desserrer le robinet du crédit.
Il s’agit d’une mesure « extrêmement extraordinaire » destinée à préserver la stabilité du système financier japonais, a affirmé la BOJ dans un communiqué. « Alors que les perturbations se poursuivent sur les marchés financiers et que la situation économique se détériore au Japon et à l’étranger, la gestion des institutions financières est influencée par les pertes croissantes sur les marchés et par la hausse des coûts du crédit », a-t-elle expliqué.
La banque centrale craint en effet que les banques, voyant la valeur de leur capital fondre sous l’effet de la chute généralisée des marchés mondiaux, réagissent en restreignant leurs prêts aux entreprises, contribuant ainsi à enfoncer davantage l’économie japonaise dans la récession.
* LEMONDE.FR avec AFP | 17.03.09 | 11h49 • Mis à jour le 17.03.09 | 11h52.
Sony Ericsson prévoit une perte importante au 1er trimestre
Le fabricant de téléphones mobiles Sony Ericsson, qui s’était enfoncé dans le rouge au dernier trimestre 2008, a émis vendredi un avertissement sur ses résultats du premier trimestre, prévoyant une perte avant impôt de 340 à 390 millions d’euros.
« Sony Ericsson annonce aujourd’hui que son chiffre d’affaires et son bénéfice net avant impôts du premier trimestre continuent d’être négativement affectés par une faible demande et par les opérations de déstockage dans les réseaux de distribution », indique le groupe nippo-suédois dans un communiqué.
Il précise qu’il escompte vendre « environ 14 millions de téléphones » pour la période janvier-mars à un prix moyen de 120 euros par appareil contre 24,2 millions d’appareils au prix moyen de 121 euros, au dernier trimestre de l’an dernier. Et au premier trimestre 2008, il avait livré au total 22,3 millions de téléphones, à un prix moyen de vente de 121 euros.
* LEMONDE.FR avec AFP | 20.03.09 | 09h35 • Mis à jour le 20.03.09 | 09h44.