Le changement climatique affecte de façon déjà visible la vie des oiseaux européens, selon les résultats d’une étude menée par l’université de Durham (Royaume-Uni) et publiée, mercredi 4 mars, dans la revue PLoS ONE. Cette conclusion s’appuie sur les données fournies par un nouvel indicateur mesurant la sensibilité des oiseaux aux variations des températures.
Sur les 122 espèces d’oiseaux communs étudiées parmi les 526 que compte l’Europe, 75 % présentent des effectifs en déclin du fait du réchauffement climatique, qui réduit leurs aires potentielles de répartition. Dans un premier temps, les oiseaux peuvent répondre à cette transformation de leur environnement en cherchant à s’installer plus au nord ou à des altitudes plus élevées dans les régions montagneuses, mais ces migrations ne sont pas sans limites. Pour les 25 % d’espèces restantes, les chercheurs observent un impact positif de l’élévation des températures.
« Ce nouvel indicateur est une sorte de »Footsie« de la biodiversité, mais alors que l’indicateur de la Bourse britannique mesure la bonne ou la mauvaise fortune des titres financiers, le nôtre résume l’évolution de la biodiversité sous l’effet du changement climatique. Nos premiers résultats montrent un impact grandissant », explique Stephen Willis, un des auteurs de l’étude.
Bécasses, divers passereaux, pinsons, mésanges boréales ou encore rossignols progné font partie des espèces dont l’avenir sur le territoire européen serait le moins assuré. « Tout le monde pressentait que quelque chose était en train de se passer, mais personne ne pensait que le réchauffement avait déjà de telles conséquences », commente Philippe Dubois, de la Ligue ROC pour la protection de la faune sauvage.
ENGAGEMENT DE L’UE
L’Agence européenne de l’environnement, qui a en partie financé l’étude, a décidé d’intégrer ce nouvel indicateur à la batterie des 26 indices qu’elle utilise pour mesurer l’érosion de la biodiversité sur le continent. L’Union européenne (UE) s’est engagée à stopper ce phénomène d’ici à 2010, allant au-delà des promesses plus prudentes faites par la communauté internationale au Sommet de la Terre de 2002.
Les oiseaux sont considérés comme un bon marqueur de la biodiversité, mais ce choix tient aussi au fait qu’ils font partie des espèces les plus étudiées, pour lesquelles les données sont suffisamment nombreuses pour construire des indicateurs solides.
« C’est un bon point de départ pour mesurer la vulnérabilité au changement climatique, mais nous travaillons sur des projets complémentaires, sur les plantes et les papillons notamment, afin de pouvoir l’enrichir », explique Sophie Condé, du Centre thématique européen sur la biodiversité.