« Tout est à nous, rien n’est à eux, tout ce qu’ils ont ils l’ont volé ! » scandaient les 650 délégué·e·s représentant les quelque 9000 membres du Nouveau Parti Anti-capitaliste (NPA). En effet, une nouvelle force politique a vu le jour en France.
Une force anticapitaliste, combative et plus à l’image des classes opprimées (immigrés, jeunes des quartiers populaires, travailleurs du secteur privé, etc.). Cette nouvelle diversité militante est rendu possible grâce à la pluralité des organisations et des trajectoires individuelles ayant rejoint ce processus et participé au congrès fondateur les 6, 7 et 8 février derniers à Paris.
Du bas vers le haut
L’élaboration des principes fondateurs, des statuts et des orientations politiques adoptés au congrès ont été le fruit d’un processus démocratique tout à fait remarquable, allant de bas en haut, c’est-à-dire des 450 comités locaux réunis en plus de 150 congrès régionaux discutant l’ensemble des amendements produits par tous les comités. Le processus d’élaboration par le bas répondait à un constat émis depuis plusieurs années par la Ligue Communiste Révolutionnaire : construire un nouveau parti par le haut – c’est à dire par des accords entre directions – est une chose impossible, et qui ne stimule pas l’adhésion au processus de celles et ceux, les plus nombreux, qui jusque là étaient orphelin de toute organisation. De plus, la démocratie socialiste que les membres du NPA souhaitent pour la société, c’est d’abord au sein du parti qu’il faut la mettre en œuvre si l’on veut dépasser le simple lyrisme révolutionnaire.
Cette méthode revêt évidemment un aspect fastidieux dans la mesure où elle prend du temps – alors même que la brutalité des attaques du pouvoir sarkozyste impose une résistance de tous les jours – mais c’est elle aussi qui assure la consistance nécessaire à la réélaboration d’un projet de société radicalement alternatif, la formation des nouveaux militants et la cohérence nécessaire pour agir ensemble.
Ce congrès a également accompli la tâche délicate d’élire une direction, le CPN (Conseil Politique National), qui soit l’expression des orientations et de la pluralité du parti. Direction donc de 192 membres croisant, non sans complexité, plusieurs critère parmi lesquels : majorité des non-membre de la LCR, représentativité géographique, pluralité des sensibilité politiques, parité homme-femme, diversité de l’origine socio-professionnelle des membres.
Orientations
Les différents textes adoptés lors de ce congrès sont, de par leur contenu radical, la démonstration d’une ligne politique clairement révolutionnaire. Pour exemple, citons ces principes fondateurs qui appellent au « renversement de la classe bourgeoise » et à « la destruction de son Etat ».
Une dynamique qui s’inscrit dans un contexte de crise économique internationale, offrant ainsi au NPA une résonance particulière. Reste à mettre en pratique et à concrétiser ces prises de positions dans les luttes et autres échéances électorales à venir.
C’est à ce propos que nous avons discuté avec le camarade François Sabado, ex-membre de la direction nationale de la LCR, qui nous a parlé des différents enjeux à court terme pour le NPA. Pour ce qui est des luttes, les priorités sont de trouver les manières de rebondir après la grève du 29 janvier pour bloquer un gouvernement qui multiplie les réformes antisociales et n’en finit pas d’attaquer le service public. Pour cela, il s’agit de créer un front unitaire avec tout les mouvements de gauche et de passer très vite à l’offensive afin de lutter et d’empêcher des milliers de licenciements, tant dans un secteur privé ravagé par la crise que dans un secteur public dont le démantèlement s’accentue. Au sujet des élections qui, certes ne sont pas une préoccupation première, la prochaine échéance est celle des européennes. Ici le NPA souhaite, tout comme feu la LCR le faisait pour les présidentielles, appeler tout les partis anticapitalistes à s’unir et à proposer une liste commune indépendante du PS. François Sabado insiste sur cette indépendance qui, selon lui, renforce la cohérence des positions prises par le NPA. Cette position exclut donc la collaboration avec le Parti de Gauche (PG) récemment créé par Jean-Luc Mélenchon ainsi qu’avec le PC, tant que ces derniers campent sur leur orientation de gauche plurielle.
Des conséquences internationales
Outre les probables répercussions dans les mouvements sociaux de France, l’émergence de cette force nouvelle est aussi un événement international et, de fait, peut avoir une influence constructive dans les pays d’Europe et d’ailleurs. 70 organisations représentant 45 pays ont répondu à l’appel. Des révolutionnaires de tous les continents étaient là, enthousiastes devant ce processus. « C’est une occasion de construire un front anticapitaliste à l’échelle de l’Europe », défend le représentant du syndicat Août 80, de Pologne.
Plus loin que des mots, des initiatives concrètes sont en court. Le projet d’un Forum Anticapitaliste Méditerranéen, par exemple, est le fruit d’une discussion entre les organisations Espagnoles, Italiennes, Palestiniennes et Algériennes qui s’est déroulée lors de ce congrès (en réponse à l’Union de la Méditerranée impulsée par Sarkozy). Voici un exemple montrant que le NPA a, toute proportion gardée, des répercussions hors frontières.
Mais, ce qui, peut-être, est le plus important à l’échelle internationale et donc pour nous, ce sont tous les domaines dans lesquels le NPA, sa création, sa structure et ses projets peuvent et doivent nous servir d’exemple ; il ne s’agit pas de se calquer à tout prix sur ce parti mais bien de prendre en compte que ce qui fait sa force, c’est sa volonté d’unité, c’est son indépendance totale face aux partis institutionnels et aux institutions elles-même, c’est de ne pas avoir peur de la radicalité, d’avoir réalisé que l’acceptation et l’affirmation de cette dernière est porteuse, fédératrice de celles et ceux qui veulent transformer la société.
Si nous sommes révolutionnaires, camarades, disons-le et montrons-le !
Hadrien Buclin, Pierre Conscience et Vincent Trunde
Message au Congrès de fondation du NPA
Chers et Chères Camarades,
solidaritéS, mouvement de la gauche anticapitaliste et socialiste de Suisse, salue le Congrès de fondation du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).
Dans cette période de crise profonde du capitalisme, mais de crise aussi d’une alternative socialiste à l’échelle planétaire, nous sommes comme vous convaincus de l’importance de défendre un projet anticapitaliste, féministe et écologiste sans concession.
Ne nous y trompons pas, ce projet doit être envisagé à l’échelle européenne et internationale. C’est pourquoi, les combats anti-impérialistes des peuples opprimés du monde, du Moyen-Orient et de Palestine, comme d’Amérique latine, d’Inde ou de Chine, sont aussi nos combats.
En Europe, il nous faut en particulier lutter ensemble pour les droits des travailleurs-euses immigrés et la libre circulation, contre toutes celles et ceux qui prétendent défendre les salarié·e·s « établis » en réglementant – avec l’Etat bourgeois – l’entrée des travailleurs-euses étrangers.
Enfin, nous sommes comme vous convaincus qu’il n’y a pas d’alternative socialiste possible sans rupture avec le patriarcat, c’est-à-dire avec la domination des hommes sur les femmes. Nous devons donc en tirer toutes les conséquences dans nos revendications, nos luttes, mais aussi notre fonctionnement organisationnel.
Il nous faut aussi de plus en plus parler d’une seule voix à l’échelle européenne, celle de la gauche anticapitaliste, socialiste et féministe, pour refuser que la crise soit payée par les salarié·e·s, les retraité·e·s et les jeunes des classes populaires. C’est pourquoi, nous devons travailler à élaborer et défendre ensemble un programme de rupture avec le capitalisme.
solidaritéS (Suisse)