TOKYO CORRESPONDANCE
L’annonce conjointe, jeudi 22 janvier, du ralentissement de la croissance chinoise, des perspectives de l’économie japonaise et de l’évolution du produit intérieur brut (PIB) sud-coréen n’a rien d’une coïncidence. La Chine est aujourd’hui le principal partenaire commercial du Japon et de la Corée du Sud. En 2008, 17 % du commerce nippon se faisaient avec la Chine (10 % en 2000) ; en 2007, les échanges entre la Corée du Sud et son grand voisin ont atteint 145 milliards de dollars (113 milliards d’euros), l’équivalent du total de ceux réalisés avec le Japon et les Etats-Unis.
Jeudi, la Banque du Japon a prédit deux années de récession dans l’Archipel. Après un repli de 1,8 % pour 2008-2009, elle attend un recul de 2 % pour l’exercice 2009, qui débute le 1er avril. Le même jour, la Banque de Corée a annoncé une contraction du PIB de 5,6 % au quatrième trimestre 2008, le pire recul depuis onze ans. En cause, l’effondrement des exportations, principal moteur des économies des deux pays. Les ventes à l’étranger ont reculé de 11,9 % en Corée du Sud entre octobre et décembre 2008, et de 35 % au Japon en décembre 2008.
La Chine abrite une partie non négligeable de la production des firmes nippones et sud-coréennes. Elle est donc directement affectée par leurs difficultés.
Depuis une dizaine d’années, 19 000 sociétés sud-coréennes ont investi quelque 26 milliards de dollars en Chine. Conséquence de la crise, certaines stoppent leur activité. De manière abrupte parfois, au point que Pékin a annoncé, le 20 décembre 2008, des mesures pour faire face au « comportement irrationnel des entreprises étrangères » qui fuient le pays sans payer leurs impôts et leurs salariés.
Côté japonais, plusieurs grands groupes revoient certains de leurs projets en Chine. Le sidérurgiste Kobe Steel a reporté l’ouverture d’une usine dans la province de Shandong (Est), ses principaux clients ayant annulé des commandes faute de financements ; le constructeur automobile Nissan révise ses projets de nouvelles usines, dont une en Chine. Les groupes de la grande distribution s’approvisionnent de plus en plus hors de ce pays, où le coût du travail est devenu à leurs yeux trop élevé. Le ralentissement de l’activité a amené la compagnie aérienne JAL à supprimer certaines liaisons entre les deux pays.
Enfin, la crise porte un coup au modèle d’entreprises nippones et sud-coréennes exportant vers la Chine des pièces détachées, qui entraient dans l’assemblage de produits finis ensuite réexportés.