Communiqué de presse du 9/01/06
De : LPO Loire-Atlantique et Bretagne-Vivante SEPNB
La pollution au fuel lourd suite à la collision de deux butaniers dans
l’estuaire de la Loire touche une zone d’importance internationale pour
l’hivernage des oiseaux d’eaux. Or les communiqués officiels ne parlent que de quelques oiseaux souillés. Malheureusement, les prospections faites par les
observateurs bénévoles des associations et les agents de l’ONCFS
n’incitent pas à partager cet optimisme officiel : c’est plus de la moitié des
oiseaux hivernants dans l’estuaire (avocettes, bécasseaux, oies, canards,
mouettes, goélands,.) qui sont affectés par la pollution et risquent d’aller mourir
dans des sites inaccessibles.
Devant cette situation la LPO Loire-Atlantique et Bretagne Vivante
déplorent que la prise en compte du vivant ait été absente des préoccupations de la
cellule de crise. Elles demandent à ce qu’un suivi des effets de la
pollution sur les organismes vivants, dont les oiseaux, soit organisé et
maintenu tout le temps nécessaire à la bonne connaissance de ceux-ci.
Même si la pollution agit essentiellement dans la réserve de chasse, des
mesures devront être prises pour suspendre la chasse dans les milieux
connexes afin d’éviter d’accroître la concentration des oiseaux dans
la zone polluée.
Enfin, elles soulignent que nous restons toujours à la merci de pollutions
graves même avec de petites quantités de polluants, et que nous avons
besoin de maintenir en permanence des moyens d’intervention notamment en
matière de soins aux oiseaux.
Article de presse
Ouest-France du lundi 9 janvier 2006
Des milliers d’oiseaux souillés par le fioul après la collision entre deux navires dans l’estuaire de la Loire
Par Vanessa Ripoche
La Ligue de protection des oiseaux dénombre entre 12 000 et 15 000
oiseaux mazoutés dans l’estuaire de la Loire. Une conséquence de la
collision entre deux navires butaniers, mercredi. La préfecture ne
confirme pas ce bilan.
NANTES. - « C’est catastrophique ». À leur poste d’observation, les
militants de la Ligue de protection des oiseaux sont anéantis. Ils
estiment que la moitié des 32 000 volatiles hivernant dans la réserve
maritime de l’estuaire de la Loire présentent des traces
d’hydrocarbures. Selon eux, « de 12 000 à 15 000 oiseaux sont
victimes de la pollution ». Mercredi soir, deux navires butaniers
sont entrés en collision face au terminal pétrolier de Donges.
Environ trente tonnes de fioul machine se sont déversées dans la Loire.
Ce week-end, les ornithologues de la LPO ont scruté les vasières, en
particulier celle entre Corsept et Paimboeuf, sur la rive sud. Une
zone de plusieurs milliers d’hectares où les oiseaux viennent
s’alimenter à marée basse. « Les avocettes sont les plus touchées,
constate le militant Alain Gentric. Je ne donne pas cher de leur
peau. » Ces oiseaux au plumage blanc et au bec retroussé vivent et se
nourrissent sur la vase. Oies cendrées, canards, bécasseaux
variables... Toutes ces espèces du nord ou de l’est de l’Europe y
stationnent de novembre à mars.
Les oiseaux souillés risquent « soit de s’intoxiquer, en cherchant à
nettoyer leur plumage avec leur bec, soit de perdre leur
imperméabilité et de mourir de froid », explique Alain Gentric. Les
vasières ne sont pas accessibles, les oiseaux ne peuvent être
approchés. « Quand on les ramassera, ils seront morts », prédit
Philippe De Grissac. En colère, le président de la LPO de Loire-
Atlantique ne comprend pas le mutisme des autorités.
À la préfecture, Jean-Pierre Maltete, directeur des services Défense
et protection civile, ne semble pas s’alarmer. « Il s’agit d’une part
importante d’oiseaux a priori frappés par la pollution, commente-t-
il. La cause reste à vérifier. Si le problème avait une acuité
particulière, nous le saurions. Nous ne pouvons évoquer des problèmes
qui n’existent pas. »
Pourtant, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage
confirme que 80 à 90 % des oiseaux ont été souillés. Hier, la
promenade restait interdite, par arrêtés municipaux sur certaines
rives à Saint- Nazaire et Corsept, où des traces de fioul sont visibles.