Introduction
Cette note résume mes observations sur le site entre fin juin et fin octobre 2008, soit sur une quarantaine de visites.
Elle confirme le travail de Thierry Laugier en ce qui concerne les rhopalocères et les autres espèces de macrolépidoptères volants ou visibles en plein jour.
Par contre il m’a semblé important d’adjoindre à la liste de Thierry Laugier quelques espèces de micolépidoptères que l’on peut observer relativement facilement au parc des Beaumonts. Certains volent de jour, d’autres sont de mœurs nocturnes, mais s’envolent pour se poser quelques mètres plus loin quand ils sont dérangés par notre passage.
Si certaines espèces de rhopalocères sont considérées à juste titre comme des marqueurs de la qualité d’un milieu, il n’y a aucune raison de penser qu’il en soit autrement pour les microlépidoptères. Leur discrétion, due à leur petite taille et leur comportement, ne les rende pas très visibles pour le grand public, ce qui a sans doute entrainé peu d’études d’impact sur les différents biotopes en dehors de quelques cas particuliers.
En effet, malgré leur envergure de quelques millimètres à un ou deux centimètres pour les plus grands d’entre eux, certaines espèces peuvent occasionner des dommages en agriculture, comme le carpocapse des pommes (Cydia pomonella) dont la chenille se développe à l’intérieur du fruit, ou procurer un jaunissement prématuré des feuilles et rendre inesthétique nos marronniers comme la mineuse du marronnier (Cameraria ohridella) pour ne citer que ces deux exemples.
La liste suivante présentée est conforme dans l’ordre adopté pour les familles et pour les noms de genre et d’espèces à la liste systématique et synonymique des lépidoptères de France, Belgique et Corse de Patrice Leraut (édition de 1997).
La liste est déclinée en deux tableaux :
Le premier tableau indique pour chaque espèce : la famille, la sous-famille, le genre, le nom d’espèce latin et usuel, la période de vol indiquée dans les ouvrages de référence, le nombre de générations et la ou les plantes hôtes des chenilles.
Le second tableau indique pour les mêmes espèces les périodes de vol observées au parc des Beaumonts de début juillet au début novembre ainsi que l’importance relative de la population des imagos.
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive et devra être complétée, d’une part par les espèces émergeant au printemps et par de nouvelles observations au cours des prochaines années. Certaines espèces communes, mais pas toujours faciles à déterminer sur le terrain, devront faire l’objet d’une étude plus approfondie.
Il serait aussi intéressant de comparer la présence de certains de ces microlépidoptères sur le site des Beaumonts avec la présence ou l’absence de ces espèces sur d’autres lieux de la région parisienne en milieu périurbain présentant des milieux et une flore comparables.
Les commentaires ci-dessous concernent essentiellement les microlépidoptères.
Commentaires
GRACILLARIIDAE
Cameraria ohridella (La mineuse du marronnier)
Très petit papillon dont les ailes ne dépassent pas 4 à 5 mm, dont la chenille se nourrit à l’intérieur de la feuille de marronnier, creusant une galerie (d’où le nom de mineuse). Plusieurs larves peuvent se trouver sur une même feuille. Ces chenilles provoquent le brunissement des feuilles pouvant conduire à leur chute prématurée. Il y a en général trois générations par an. On peut observer les adultes voler le matin et en journée auprès des troncs où ils viennent s’y poser. Ceci est assez spectaculaire les jours d’éclosions massives où les insectes volent par centaines voir par millier près des marronniers du parc. Cet insecte envahisseur a été observé pour la première fois en France vers l’année 2000 dans les départements de l’est de la France. Sa progression a été très rapide.
CHOREUTIDAE
Anthophila fabriciana (Le xylopode de Fabricius)
Petit papillon gris dont les ailes mesurent un peu moins d’un centimètre. La disposition des ailes au repos est assez caractéristique. Il vole de jour et ne s’éloigne guère des orties, plante nourricière de la chenille. Il m’est arrivé de l’observer sur des fleurs de tanaisie.
TORTRICIDAE
Cacoecimorpha pronubana
Espèce colorée aux ailes antérieures brunes marquées par une zone diagonale plus sombre rougeâtre et aux ailes postérieures jaune bordée de brun foncé. Cette tordeuse plutôt nocturne se déplace cependant en plein jour. La chenille se développe sur divers arbustes. On peut rencontrer plusieurs spécimens volant à la limite de la zone boisée et de la « savane ».
Cochylis hybridella
Espèce liée aux friches et espaces découverts, elle est de petite taille. On peut la rencontrer sur les fleurs (origan ; luzerne). La chenille vit sur le genre Picris (Astéracées) qui ressemble un peu au pissenlit par ses fleurs jaunes entièrement ligulées. Ce papillon est aussi attiré par la lumière la nuit.
Cydia compositella
Cette jolie espèce appartient au même genre que celle du carpocapse des pommes. Elle est cependant nettement plus petite. Sa chenille se nourrit de diverses Fabacées. Le papillon vole aussi de jour et se pose sur les fleurs.
PTEROPHORIDAE
Pterophorus pentadactyla (Le ptérophore blanc)
Cette espèce est très reconnaissable à ses ailes découpées en « plumes ». Elle est entièrement blanche. L’adulte est attiré la nuit à la lumière mais il est aussi observable de jour. La chenille se développe surtout sur le liseron.
PYRALIDAE
Phycitodes binaevella
Présente au parc, c’est une espèce des friches ou terrains découverts dont la chenille se développe sur les cirses et les chardons.
CRAMBIDAE
Agriphila tristella (Le crambus-aigle)
Agriphila geniculea
Chrysoteuchia culmella
Crambus perlella (Le crambus-perle)
Ces espèces sont toutes inféodées aux graminées dont les chenilles se nourrissent.
C’est dans les espaces découverts que l’on pourra les observer. De mœurs nocturnes, ils s’envolent cependant pour se reposer quelques mètres plus loin dans la végétation quand on passe à proximité.
C. perlella et C. culmella étaient visibles cette année de mi-juin à mi-juillet. A. tristella arrive plus tard en août et A. geniculea de fin août à début septembre.
Pyrausta aurata (la pyrale de la menthe)
Très commune pendant la belle saison, de juin à septembre, mais avec une plus forte population en juillet et août, on l’observe dans les parcelles où pousse l’origan. (L’origan est nettement plus répandu au parc des Beaumonts que la menthe). Elle ne s’éloigne guère de cette plante.
Pyrausta despicata
Ressemble par la taille et le vol à l’espèce précédente mais est de couleur ocre plus terne. Vole également de jour. On l’observe dans les espaces découverts avec graminées où pousse le plantain.
Sitochroa palealis
Assez belle espèce blanche, dont la chenille se nourrit des fleurs d’apiacées. L’adulte se trouve souvent posé sur les tiges de diverses graminées mais on peut aussi l’observer sur des fleurs. Il s’éloigne de plusieurs mètres quand il est dérangé. La présence d’une population importante de carottes sauvages non fauchées dans la « savane » contribue sans aucun doute au maintien de cette espèce. Il est à noter que la forme typique blanche et la forme selenalis, dont les nervures des ailes antérieures sont soulignées de noir sont toutes les deux présentes sur le site.
Nomophila noctuella (la pyrale hybride)
C’est une espèce cosmopolite, répandue dans tous les milieux. Elle s’envole si on la dérange pour se poser quelques mètres plus loin dans la végétation. Son vol peut être assez rapide. Je l’ai observée de juillet à septembre.
Pleuroptya ruralis
C’est une des plus grandes crambidées. Abondante par endroits, elle n’en reste pas moins difficilement visible car de mœurs nocturnes. De plus elle affectionne se reposer, au parc des Beaumonts, au revers des feuilles de clématites poussant à proximité des orties, plante hôte de la chenille. En secouant volontairement certaines lianes de clématites, ou d’arbustes, il n’est pas rare de faire s’envoler plusieurs adultes. J’ai pu ainsi observer une bonne dizaine d’adultes sur quelques mètres carrés.
LYCAENIDAE
Cacyreus marshalli
La chenille se nourrit de pélargoniums ornementaux. Cependant les adultes ont été observés cette année de manière régulière en septembre, ne dédaignant pas butiner comme les autres lycènes sur les fleurs de luzernes.
Sur le plan anecdotique, j’ai pu observer, à ma grande surprise, le 5 août un papillon exotique d’Amérique qui s’est posé pour butiner les fleurs de Buddleia : Dryas iulia
NYMPHALIDAE
Issoria lathonia (le petit nacré)
Cette espèce n’avait pas encore été observée sur le site. Un seul exemplaire a été vu et photographié le 23 juillet 2008. Sans doute un migrateur.