● Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à organiser un tel meeting ?
Jean-Pierre Delannoy – D’abord, la situation de plus en plus insupportable des salariés : souffrance au travail, augmentation des accidents, des suicides et des décès, épuisement quand on arrive à la cinquantaine… À cette souffrance, il faut ajouter la perte vertigineuse de pouvoir d’achat. Sarkozy a décidé de s’attaquer à l’ensemble des garanties collectives obtenues par les luttes des travailleurs. Ensuite, il y a l’inertie de nos instances syndicales nationales, au moment où patronat et gouvernement veulent nous faire payer la crise de leur système. Cela suscite la colère de nombreux militants de base. Jusqu’à maintenant, ce mécontentement n’est pas vraiment parvenu à se faire entendre. La direction confédérale fait le choix d’accompagner le système plutôt que de le combattre. Les accords signés au nom des « diagnostics partagés » tournent le dos aux intérêts des salariés, comme l’accord signé sur la représentativité syndicale. Considérer, comme l’a fait récemment un responsable confédéral, que le syndicalisme de classe appartient à une autre époque, c’est renier le passé de lutte de la CGT. Le prix de l’accompagnement du capitalisme, le piège du dialogue social et des « diagnostics partagés », ce sont dix années d’échecs et de reculs pour les travailleurs, que ce soit sur les salaires, les retraites, l’emploi ou la protection sociale. C’est ce constat qui m’a amené, avec quelques camarades, à proposer ce meeting.
● Qu’attends-tu de ce meeting ?
J.-P. Delannoy – L’objectif est de rendre visible le mécontentement des militants et de peser sur les débats de fond au sein de la confédération. Nous voulons mener le débat avec tous les militants qui veulent reprendre leur syndicat en main. Il faut revoir notre orientation avec des objectifs revendicatifs clairs, dont les salariés puissent se saisir pour mener leurs luttes. Plutôt que de revendiquer un « travail décent » ou une « retraite digne », il faut 300 euros net d’augmentation des salaires, une retraite pleine et entière à 55 ans, le maintien de tous les emplois et des sites industriels. L’argent existe pour cela. Il faut en finir avec le recul et l’échec. Il faut aussi revoir notre stratégie de lutte ; en finir avec les appels à la grève tous les deux, trois ou quatre mois, en ordre dispersé ; lutter pour nos revendications dans le cadre d’une mobilisation générale, puissante et durable, capable d’inverser le rapport de force et de répondre à la souffrance du monde du travail.
Notes
1. À Paris, le 29 novembre, de 10 h à 13 h, salle des conférences de l’hôpital des Diaconesses (18, rue du Sergent-Bauchat), Paris 12e (M° Nation).