Après avoir assoupli les règles du travail du dimanche pour les magasins d’ameublement, le ministre du Travail a annoncé qu’il souhaitait étendre cette mesure à l’ensemble du commerce. Pour convaincre de la nécessité de cette mesure, il s’est appuyé sur un sondage établissant que 67 % des salariés se déclaraient prêts à travailler le dimanche. Les médias se sont largement mobilisés pour épauler la politique gouvernementale, à coup de microtrottoirs démontrant l’attente de la population pour une telle mesure et ses prétendus enjeux en termes d’emplois. Alors que la plupart des luttes dans la grande distribution ne sont jamais mentionnées dans les journaux, le moindre rassemblement de salariés de Castorama ou de Leroy-Merlin, initié par les directions, réclamant le maintien des ouvertures du dimanche – comme c’est régulièrement le cas dans le Val-d’Oise – est couvert.
C’est un véritable piège qui est en train de se refermer sur plus de 1 million d’employés. Alors que la formidable lutte du 1er février dernier pour l’augmentation des salaires est restée sans lendemain, pas étonnant que, pour s’en sortir, les salariés soient de plus en plus nombreux à accepter ce chantage. Surtout avec la carotte du doublement de la paie le dimanche ! Pour une mère de famille seule, ces quelques dizaines d’euros font la différence à la fin du mois. Et des milliers d’étudiants ne parviennent à payer leurs études que grâce à ces boulots. Quel volontariat dans de telles conditions ? Encore une fois, ce sont les travailleurs qui vont payer l’addition.
Bien sûr, pour le patronat, l’objectif est de rentabiliser au maximum les investissements : pourquoi laisser les magasins fermés un jour dans la semaine ? Déjà, les horaires de fermeture ont reculé, parfois jusqu’à minuit. Notre quotidien est de plus en plus accaparé par la logique marchande et les diktats de la publicité. Au-delà du refus d’une nouvelle extension des horaires, il s’agit de relancer la bataille pour la réduction du temps de travail, en lien avec la campagne pour les salaires.