Quelle est la situation des populations vivant dans les zones contaminées par les retombées de Tchernobyl ?
Elle est très mauvaise. Toute la population biélorusse est, du fait de l’alimentation, en contact avec la radioactivité. Mais dans les régions les plus contaminées, au sud-est du pays, autour de la ville de Gomel, deux millions de personnes sont dans une situation très dangereuse.
Les taux de mortalité et de maladies y sont beaucoup plus élevés que dans le reste du pays. Les docteurs Valentina Smolnikova, Alexeï Duzhy et Elena Bulova, qui présentent leurs travaux à la conférence, font état d’une forte augmentation des maladies cardio-vasculaires et des cancers des organes internes. Cela explique une forte mortalité, trois à quatre fois plus forte que dans le reste du pays. Mais il est difficile de rassembler l’information. Le gouvernement cherche à la cacher. Les données ont été trouvées dans des rapports nationaux non publiés et grâce à divers contacts. Il faut ouvrir les yeux : au cœur de l’Europe, une population vit dans une situation mortelle.
Comment se pose le problème des liquidateurs ?
La Biélorussie compte plus de 100 000 liquidateurs, ces personnes qui ont travaillé à nettoyer les zones contaminées dans les mois qui ont suivi l’accident de 1986. Beaucoup sont dans une très mauvaise situation de santé. Mais il est difficile de la connaître précisément, parce qu’ils n’ont pas tous été enregistrés par les autorités, qui ne s’occupent pas d’eux.
La situation des liquidateurs en Lituanie ou en Russie est meilleure. Nous voulons organiser un soutien moral et physique des liquidateurs biélorusses, et la conférence devrait permettre de créer leur syndicat. Il pourra assurer leur défense juridique, pour faire reconnaître le lien entre leur mauvais état de santé et l’accident de Tchernobyl.
Quelle est la politique du président Loukachenko sur Tchernobyl ?
Excusez-moi, je ne peux pas commenter la situation politique en Biélorussie. Vous connaissez mon chemin : étudier les conséquences de l’accident est dangereux. Mais j’ai poursuivi mon travail et je continue. Le gouvernement connaît très bien la situation de Tchernobyl, mais il ne veut pas en parler.