Nous avons appris avec tristesse la disparition de Célia Hart, décédée ce dimanche 7 septembre au cours d’un accident de voiture à Cuba. La nouvelle de sa mort a été confirmée le lendemain par le journal officiel du PC cubain, « Granma », qui lui a consacré un court article. Chercheur en physique, éduquée en République Démocratique Allemande, membre du Parti Communiste Cubain, Celia Hart était la fille de deux figures historiques de la Révolution Cubaine : Armando Hart, ex-Ministre de l’Éducation et Haydée Santamaria, dirigeante du Mouvement du 26 Juillet et, plus tard, directrice de la Casa de las Americas.
Esprit libre et courageux, Celia Hart avait découvert en lisant Trotsky l’explication de la crise et de l’effondrement du prétendu « bloc socialiste ». « C’est grâce à lui, au fondateur de l’Opposition de Gauche », écrit-elle, « que j’ai compris que justice sociale et liberté individuelle ne sont pas contradictoires : nous ne sommes pas condamnés à choisir entre les deux. L’écroulement du mur de Berlin et la fin de l’URSS ne signifient pas la fin du socialisme : la société socialiste, qui ne peux exister qu’à l’échelle planétaire, appartient à l’avenir, non au passé. Et si aujourd’hui la Russie, dans les mains d’une Mafia capitaliste/bureaucratique, a renié son passé révolutionnaire, le drapeau rouge avec la faucille et le marteau flotte encore sur le tombeau de Lev Davidovitch, à Coyoacan ».
Dans ses textes, Célia Hart rappelait que Julio Antonio Mella, le fondateur du Parti Communiste Cubain dans les années 1920 était proche de l’Opposition de Gauche de Trotsky et qu’Ernesto Che Guevara a saisi, mieux que personne, la dynamique de révolution permanente du processus cubain et du combat en Amérique Latine : « ou révolution socialiste ou caricature de révolution ». Le Che avait trouvé, par ses propres moyens, quelques-unes des plus importantes idées du fondateur de l’Armée Rouge. « C’est Che Guevara qui a fait de moi une trotskiste », écrivait Célia Hart.
Si elle regrettait le silence sur Trotsky qui règne à Cuba, elle ne manifestait pas moins son adhésion enthousiaste à la Révolution cubaine ainsi qu’au processus bolivarien enclenché par Chavez au Venezuela. « Il n’existe pas, il ne peut pas exister, de « socialisme dans un seul pays », mais nous avons connu, au cours du XXe siècle, des authentiques révolutions socialistes, dont la cubaine est un des exemples les plus frappants ». Elle voyait aussi les dangers qui menacent son avenir : « l’interpénétration de la bureaucratie avec le marché peut donner naissance à une bourgeoise prête à restaurer le capitalisme. Dans ce cas, Cuba connaîtrait le même destin que la RDA »… Elle pensait toutefois que la révolution cubaine a la possibilité de corriger ses propres erreurs, grâce à une perspective internationaliste.
En décembre 2007, une délégation de la LCR belge l’avait rencontré à Cuba et avait eu avec elle une discussion fraternelle et fructueuse.
Sa disparition constitue une perte douloureuse pour le mouvement révolutionnaire international. La LCR salue sa mémoire et adresse ses plus sincères condoléances à ses proches et à ses camarades.