Le 9 septembre, la justice coloniale française condamnait, en appel, une vingtaine de militants de l’Union des syndicats des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE), dont son secrétaire général, Gérard Jodar, à de la prison ferme pour des affrontements sur le piquet de grève devant la société Carsud, filiale de Veolia transport (lire Rouge N° 2265).
Certes, les condamnations à de la prison ferme ont été réduites de moitié et les privations de droits civiques levées, mais ces diminutions sont chèrement payées puisqu’elles s’accompagnent d’une amende de 135 000 euros. L’État colonial veut asphyxier financièrement le syndicat.
C’est la première fois, dans l’histoire judiciaire française, que le secrétaire général d’un syndicat est condamné pour avoir prétendument « incité » ses adhérents à commettre des violences dans le cadre d’un conflit social. Ce sont pourtant les forces de l’ordre colonial qui ont déclenché les affrontements du 17 janvier en chargeant, à deux heures du matin, le piquet de grève. Gérard Jodar n’était pas présent et les militants se sont naturellement défendus.
Depuis quelques années, particulièrement depuis l’arrivée de Sarkozy au ministère de l’Intérieur puis à l’Élysée, on assiste à une criminalisation du mouvement social. Une nouvelle étape vient d’être franchie en Kanaky. Il ne faut pas laisser une jurisprudence s’installer et permettra de condamner, de surcroît à de la prison ferme, un responsable politique ou syndical pour des faits qu’il aurait incité à commettre.
Les quotidiens de métropole n’ont pas écrit une ligne sur ces condamnations iniques.La solidarité du mouvement ouvrier et social doit lever la chape de silence qui entoure ce jugement. La LCR continuera à affirmer sa solidarité avec les militants kanaks et à dénoncer la justice coloniale.
Le conflit à Carsud se poursuit et le piquet de grève est toujours en place aux abords de l’entreprise. L’intransigeance de la maison mère de l’entreprise, Veolia, doit aussi être dénoncée et ses responsables doivent être interpellés, partout dans le monde, sur leurs pratiques sociales, à l’antipode de la France.
Bernard Alleton
* Paru dans Rouge n° 2266, 18/09/2008.
Solidarité avec les syndicalistes de l’USTKE
Le procès en appel des 22 syndicalistes de l’USTKE condamnés à des peines de prison ferme à la suite des affrontements du 17 janvier dernier, à Nouméa, a été fixé au 15 juillet. Maître Laurent Aguilla, du barreau de Nouméa, a participé à une conférence de presse du Collectif solidarité Kanaky, le 16 juin, à Paris. Il a dénoncé les violations des principes d’une justice équitable dans cette colonie française.
Le 17 janvier dernier, l’USTKE avait appelé à 24 heures de solidarité avec les grévistes de l’entreprise de transport Carsud (Veolia). Les représentants de l’État ont envoyé les gendarmes contre le piquet de solidarité. La provocation semble préméditée, et les violences souhaitées par les responsables de l’État, afin de criminaliser le mouvement social, et particulièrement l’USTKE, le syndicat indépendantiste qui refuse la colonisation « douce ». Dix-neuf syndicalistes ont été placés en détention provisoire durant plus de cinq semaines, avant que le tribunal de Nouméa annule la procédure et ordonne leur libération, le 22 février. Mais, moins de deux semaines plus tard, la procureure générale a regretté la décision rendue par le tribunal. Le Syndicat de la magistrature, à Paris, et les avocats du barreau de Nouméa se sont indignés.
Le 25 mars, des condamnations de prison ferme ont été prononcées, dont six mois contre le président du syndicat, Gérard Jodar. Maître Aguilla va donc plaider l’annulation de toutes les procédures contre les syndicalistes, tant que les conditions d’une justice sereine et équitable ne seront pas réunies dans ce territoire colonisé.
* Paru dans Rouge n° 2257, 19/06/2008 (Au jour le jour).
Non à la justice coloniale en Kanaky
Communiqué de la LCR
Le 9 septembre, la cour d’appel de Nouméa a confirmé, en les réduisant, les peines de prison ferme prononcées en première instance contre Gérard Jodar, président de l’USTKE et 21 autres militants.
La LCR s’élève contre la condamnation à un an de prison dont trois ferme du président du plus gros syndicat en Kanaky. Gérard Jodar est accusé, non pas d’avoir commis des violences, mais d’y avoir « incité » les militants du syndicat, alors qu’il est clair qu’en chargeant à 2 heures du matin un piquet de grève à CARSUD, ce sont les forces de l’ordre colonial qui ont déclenché les affrontements du 17 janvier 2008.
C’est une première pour la justice française que tous les défenseurs des libertés ne doivent pas laisser passer sous prétexte que cela se passe dans une lointaine colonie.
L’enfermement des vingt deux condamnés serait une véritable provocation qui ,ne pourra déboucher que sur de nouveaux conflits. La LCR réaffirme sa solidarité pleine et entière avec l’USTKE, ses militants et ses dirigeants.
Le 10 septembre 2008.