La presse ne s’y est pas trompée : affluence exceptionnelle, richesse des débats, enthousiasme, jeunesse, et même réussite de l’organisation (après tout, nous ne sommes pas si mauvais…). La critique s’est faite plutôt discrète, à l’exception peut être de l’Humanité, qui n’a pu s’empêcher de bougonner sur notre prétendue « crise » (sic !) de projet ou de débouché [1]. Pourtant, n’en déplaise à certains, cette université a été, avant tout, un succès politique. Comme les années précédentes, le cadre était certes des plus agréables, et ce fut, comme chaque année, des vacances – parfois même les seules vacances pour un certain nombre de participants et participantes. Mais un sentiment d’urgence a dominé, qui explique le succès et la teneur de la plupart des débats ayant eu lieu.
Face à Sarkozy, on a pu voir émerger une « nouvelle force », en prise avec une radicalité qui plonge ses racines dans la situation elle-même, exprimant le besoin d’un projet qui ne renie rien de son ambition à vouloir « changer le monde ». C’est cette radicalité qui s’est exprimée durant ces quatre jours, cette envie nouvelle de politique que nous avons commencé à ressentir autour de nous, en phase avec ce que nous sommes en train de vivre dans cette société dominée par les crises et les guerres, toujours d’actualité, toujours plus graves.
Elle devait être la dernière de la LCR, mais être en même temps, un peu, celle du nouveau parti anticapitaliste (NPA) : elle fut pleinement les deux. Fait notable, cette université a déjà commencé sa mue. Bien sûr, nous n’avons pas boudé notre plaisir à reconnaître les mêmes têtes, gage d’une fidélité jamais démentie aux combats anciens, qui s’alimente chaque année de nouvelles expériences à l’écoute des autres. Mais, avouons-le, notre plus grand plaisir fut aussi et peut-être surtout de ne pas reconnaître grand monde. Il fut de découvrir un rassemblement non seulement plus important, mais sans doute plus jeune et plus populaire, en tout cas en phase avec ce que nous voulons construire. Une évolution dont on peut dire au passage qu’elle n’est peut-être pas très favorable à un équilibre financier – puisque les tarifs sont adaptés aux moyens de chacun, plutôt en baisse – mais qu’elle est excellente pour le moral ! Ce début d’amalgame entre ancienne et nouvelle génération, entre « vieille Ligue » et « nouveau parti » en gestation, s’est aussi vue dans les débats.
Nouveau projet
On notera donc le souci de transmettre quelque chose, de donner des points de repère communs et d’insister sur la formation – un peu trop diront certains, mais c’est quand même bien diront d’autres –, notamment concernant l’histoire du mouvement ouvrier, du parti, les idées de Marx… Tant il est vrai qu’on ne fait pas du neuf en reniant son passé. Il y eut aussi, comme chaque année, les nombreux débats sur les questions du féminisme, du syndicalisme, sur l’écologie, ceux animés par la commission LGBTI [2]. L’actualité internationale occupa également une large place – en particulier avec des camarades de Pologne, d’Algérie, d’Allemagne, d’Italie, de Kanaky, des États-Unis… Il y eut bien sûr Mai 68 à revisiter, mais pour faire mieux encore !
Pourtant, la nouveauté fut ailleurs. Il y eut, semble-t-il, plus de cultures politiques différentes, plus de fraîcheur aussi dans le public, et sans doute plus d’impertinence que d’habitude, loin des polémiques traditionnelles aux codes parfaitement maîtrisés par les habitués, souvent obscurs aux néophytes et finalement insupportables pour tout le monde à la longue. Il y eut peut-être quelque chose de neuf, enfin, dans nos débats, à la fois plus apaisés et plus contradictoires.
« Vous dites cela, mais… » Ce « mais… » est désormais devenu une habitude dans les comités du NPA, car il faut rediscuter de tout puisque rien n’est acquis, ni évident. Il l’est devenu aussi à l’université d’été, et cela fait un bien fou, loin des querelles de chapelle, avec la volonté de comprendre vraiment, parce que tout est à reconstruire, avec cent fois plus d’énergie. Symboliquement, le débat de clôture et la dernière journée furent organisés par le collectif d’animation national du NPA. Le relais est pris semble-t-il et, désormais, c’est un nouveau projet qu’il nous faudra discuter. Il est bien parti.
Jean-François Cabral
La gazette des gazettes : Université d’été de la LCR
Importante couverture médiatique pour la 17e Université d’été de la LCR. Quatre jours durant, presse écrite, radios et la totalité télés ont rendu compte de l’événement.
La presse régionale a bien couvert ce rendez-vous : « On est dans les starting-blocks » de l’opposition au gouvernement, dit Besancenot dans La Dépêche du Midi ; tandis que Le Midi Libre insistait sur l’élargissement du public touché par le nouveau parti anticapitaliste (NPA). La recherche de l’unité de toute la gauche pour s’opposer à la politique de Sarkozy revient souvent dans les différents articles, et les retombées positives de la présence de la LCR dans les mobilisations sont relevées : « M. Besancenot capitalise sur les difficultés sociales », titrait Le Monde.
Les arrière-pensées politiques n’étaient pas absentes dans la façon de couvrir l’événement. Libération a fait très fort ! Muet pendant trois jours, ce quotidien se réveillait, le mardi 26 août, avec une première page ornée de la tête d’Olivier Besancenot, accolée à celle de Daniel Cohn-Bendit, sous le titre global « L’opposition nouvelle ». Parallèle très osé ! Cohn-Bendit, ce n’est pas vraiment la nouvelle génération. Quant à l’opposition, il se charge lui-même de calmer le jeu en disant à propos de l’Europe : « C’est donc plus une différenciation qu’une opposition à Sarkozy. » On n’en attendait pas moins d’un converti au libéralisme. Quant à l’envoyé spécial de l’Humanité, il a suivi ces quatre jours avec des lunettes très particulières. La LCR et le futur NPA font de l’ombre au PCF, qui garde l’œil fixé sur le PS et la gauche plurielle. Des militants communistes s’interrogent, certains ayant franchi le pas vers le NPA. D’où, l’importance de jeter le doute sur le NPA. Il ne faut pas chercher plus loin les raisons de ce titre étrange : « Le NPA, pas si simple. La création du NPA sème le trouble dans le parti d’extrême gauche », qui témoignait d’une méconnaissance de l’ambiance à Port-Leucate. Rebelote le lendemain : « Le NPA en mal de débouché. Le NPA n’échappe pas à la crise de projet à gauche », oubliant sans doute que la fondation du NPA est prévue pour janvier 2009 et que le débat d’orientation et programmatique est devant nous. Le NPA polarise vraiment le débat politique à gauche ! ■
Henri Gautier
* Paru dans Rouge n° 2264, 04/09/2008.
Archive : Le bloc-notes
UNIVERSITÉ D’ÉTÉ : Le prochain rendez-vous
* Paru dans Rouge n° 2263, 31/07/2008.
C’est une évidence : la perspective de construire, maintenant, un nouveau parti anticapitaliste sera au cœur des nombreux débats de la 17e Université d’été de la LCR, qui se tiendra du 23 au 26 août1.
Avec deux moments privilégiés : d’abord, au cours des trois premiers jours, un cycle de quatre ateliers – animés par des responsables de la LCR – reviendra sur la question du parti, telle qu’elle s’est posée dans l’histoire du mouvement ouvrier : partis, syndicats et mutuelles (à travers l’expérience de la Ire Internationale) ; l’expérience des partis de masse et de la IIe Internationale ; partis d’avant-garde et révolution mondiale (l’Internationale communiste) ; et, enfin, un retour sur l’évolution des conceptions de la LCR et de la IVe Internationale.
Deuxième moment fort : le quatrième jour de l’université d’été, organisé conjointement par la direction nationale de la LCR et le collectif d’animation du nouveau parti anticapitaliste. La matinée sera consacrée à débattre, à travers huit ateliers, du programme du futur parti à travers plusieurs thématiques, comme la crise capitaliste, la lutte de classe, la lutte contre les différentes formes d’oppression, l’écosocialisme, le projet socialiste, les institutions, l’internationalisme, la transformation révolutionnaire de la société. L’après-midi, de nouveau huit ateliers, pour traiter du fonctionnement et des interventions du NPA : l’état du mouvement ouvrier, le syndicalisme, les dangers bureaucratiques, un parti pour l’émancipation, l’intervention dans la jeunesse, les anticapitalistes dans les institutions, le mouvement féministe, les luttes internationalistes.
Enfin, la journée s’achèvera par un débat en assemblée générale plénière sur le processus constituant et les échéances de fondation du nouveau parti anticapitaliste.
François Duval
Coquillages et crustacés à Port-Leucate
* Paru dans Rouge n° 2261, 17/07/2008.
Du 22 au 27 août, se tiendra la 17e et dernière Université d’été de la LCR. Cette année, la Ligue passe le témoin au NPA.
Plus qu’un mois ! Que les impatients se réjouissent : l’université d’été approche à grands pas. Même si, cette année, le flot d’inscriptions est incessant, il reste encore des places. Cette année, l’université d’été sera certainement la dernière organisée par la LCR passant le témoin au nouveau parti anticapitaliste, qui organisera la dernière journée de débats. Pour fêter cette dernière université d’été – du 22 au 27 août –, gageons que le soleil a déjà prévu d’être au rendez-vous…
Pour vous aider à faire votre choix à l’avance, le programme devrait être mis sur le site de la LCR, ainsi que des fiches et des liens pour chaque thème, afin de préparer les débats ou pour les malheureux qui ne pourront pas faire le déplacement. 40 ans après 1968, nous reviendrons sur ce mois de mai, pour poser la question du pouvoir, des grèves ouvrières jusqu’à la grève générale.
Les différentes commissions de la LCR développeront chacune leur cycle. Le secrétariat femmes développera le thème du travail et de l’immigration et reviendra sur une formation de base sur le féminisme. La commission écologie traitera du Grenelle de l’environnement et du développement d’un capitalisme vert. À l’heure où la flambée du prix du blé répand la famine aux quatre coins de la planète, la question de l’agriculture et des alternatives à la politique actuelle sera développée.
L’Internationale sera au rendez-vous, avec de nombreux invités venus de Pologne, d’Algérie, d’Italie ou encore de Kanaky, pour nous parler de leurs luttes et de la situation politique de leur pays. La Chine, l’Amérique latine, les États-Unis seront également évoqués pour clore ce tour du monde en débat.
La commission lesbiennes, gays, bis et trans évoquera le mouvement queer et fera un point sur l’intervention dans le mouvement LGBTI. N’oublions pas les débats organisés par la commission nationale ouvrière, qui reviendra sur les attaques du gouvernement Sarkozy à l’encontre des travailleurs : représentativité syndicale, santé et protection sociale, Éducation nationale.
N’oublions pas le meeting, les pieds dans le sable, pour évoquer rentrée sociale et NPA. Pour la détente : deux chorales sont prévues, des films suivis de débats, des concerts… Bref, plein de choses pour se détendre après ces journées intensives. Bien sûr, la mer est accessible à moins de… 100 mètres ! Arrêtons-là cette liste à la Prévert, allez voir sur le site (www.lcr-rouge.org) pour le programme et inscrivez-vous au plus vite !
Toutes et tous à Port-Leucate
* Paru dans Rouge n° 2259, 03/07/2008.
Événement politique incontournable de l’été : l’université d’été de la LCR, du 22 au 27 août. Cette 17e édition est très certainement la dernière.
« On n’est pas très sérieux quand on a dix-sept ans », disait Arthur Rimbaud. La 17e Université d’été de la LCR obéira-t-elle au poète ? Université et été, les deux termes pourraient sembler antinomiques, mais les éditions précédentes ont su prouver qu’il était possible d’associer détente et politique, débats passionnés et jeux de plage, films militants et concerts, discussions ardentes autour d’un verre au bar, discothèque et chorale. Alors, c’est vrai, tous les partis politiques ont une université d’été, mais celle de la LCR n’est pas, comme pour beaucoup d’autres, un simple moyen de communication pour la rentrée politique. C’est un véritable rendez-vous militant, l’occasion, quand on a lutté toute l’année, de se poser et de réfléchir parfois à des thèmes que l’urgence quotidienne ne nous a pas permis d’aborder. Ce sont aussi de véritables vacances, l’université est au pied de la plage, l’ambiance est sympa, les participants, presque pour moitié, ne sont pas militants de la LCR.
Cette année, l’université sera particulière, elle sera également celle du nouveau parti, alors que le processus est maintenant bel et bien lancé. Il s’agit de faire le point sur la construction, de commencer à réfléchir au programme, aux perspectives de la rentrée. Que reste t-il de la gauche, du mouvement ouvrier aujourd’hui, quels liens entre les partis et les syndicats, comment participer aux élections et aux institutions sans se retrouver prisonniers du système, telles sont quelques-unes des questions en débat. Un grand débat public, mis en place par le collectif d’animation du NPA, est d’ailleurs prévu en clôture.
L’université d’été est aussi l’occasion de participer à des ateliers pratiques : comment écrire un tract, comment prendre la parole en public ? Elle sera rythmée par différents cycles de débat : autour du parti dans l’histoire du mouvement ouvrier et de Mai 68, en cette année anniversaire, autour aussi de la lecture du Capital, ou à propos des questions écologiques. Un cycle permettra également de se pencher sur la crise économique, qui touche actuellement le monde entier. Les questions internationales ne sont pas oubliées, avec des débats sur les États-Unis, la Chine, l’Amérique latine, la solidarité avec la Kanaky, l’Algérie ou la Palestine. Autres débats alléchants, en vrac et en désordre : bilan d’un an de présidence sarkozyste, la théorie Queer, télévision et politique, le processus de Bologne et autres menaces sur l’université, l’homophobie.
Cette année, les inscriptions sont déjà nombreuses : trois fois plus d’inscrits que l’année dernière à la même époque ! Alors, n’attendez pas pour prendre vos places, n’ayez pas peur du prix, car chacun paye en fonction de ses revenus, selon un barème fixe. Cela vaut le coup, chaque année, d’aller à l’université d’été, mais vous avez en 2008 une bonne raison de plus : c’est sans doute la dernière université d’été de la LCR. On peut être sûr que se mêleront, au vent de la Méditerranée, un brin de nostalgie et une grande bouffée d’enthousiasme.
La commission université d’été de la LCR