L’armée philippine a intensifié ses combats, lundi 11 août, contre les positions des rebelles séparatistes musulmans dans le sud du pays. Selon des témoignages rapportés par l’Agence France-Presse, des troupes ont été rassemblées sur l’île de Mindanao, dans le sud de l’archipel, où seraient regroupés plusieurs milliers de rebelles du Front Moro islamique de libération (MILF).
De violents tirs d’artillerie et de mortier auraient été échangés. Des hélicoptères ont été engagés dans les combats afin de traquer les insurgés dans la forêt en tirant des roquettes. L’armée philippine comptait, lundi, un mort et une douzaine de blessés, tandis qu’une dizaine de rebelles du MILF auraient été tués.
Les autorités ont indiqué que près de 150000 civils avaient déjà fui les zones d’affrontements. Les habitants parcourent à pied les routes, portant sacs de vêtements et ustensiles de cuisine. En réponse aux premiers signes de crise humanitaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé, lundi, à acheminer des vivres par avion. Plus de 400 tonnes de riz doivent être délivrées à une population essentiellement composée de femmes et d’enfants, dans une région agricole très défavorisée.
Ces combats interviennent après la décision prise le 4 août par la Cour suprême philippine d’exiger la suspension, par le gouvernement, du traité octroyant aux insurgés le contrôle d’une grande partie de l’île de Mindanao. En représailles, les rebelles du MILF ont décidé de prendre le contrôle de près de cinquante villages à majorité catholique et de plusieurs villes, dont Cotabato.
Le MILF, qui compte plus de 12000 hommes dans ses rangs, revendique, depuis trente ans, un Etat islamique indépendant dans le sud des Philippines, un pays dont 85% de la population est catholique. Les relations avec les gouvernements successifs ont alterné pendant cette période entre dialogue et confrontation armée. En 2003, les rebelles avaient accepté de signer un cessez-le-feu et avaient commencé des négociations avec le gouvernement de la présidente Gloria Arroyo.
Les pourparlers se sont toutefois interrompus en décembre, à la suite d’un désaccord sur le contrôle de territoires réclamés par le MILF. Puis, au terme d’intenses tractations, la Cour suprême, saisie de deux pétitions, portées et relayées par des parlementaires philippins catholiques, a demandé au gouvernement d’annuler son projet.
Les opposants estiment que la reconnaissance d’un espace souverain au sein des frontières du pays était « une violation de la Constitution ». « Nous sommes pour la paix, mais pas à n’importe quel prix, pas une paix avec un pistolet sur la tempe », a déclaré l’ancien président du Sénat, Frank Drilon.
En dépit de l’aggravation des combats, les autorités philippines semblent désireuses de poursuivre le processus de paix engager avec le MILF. Lundi, un responsable de l’armée affirmait que les opérations militaires visaient avant tout un groupe dissident de rebelles musulmans.
« Les combats entre l’armée et les séparatistes du MILF n’interrompront pas le processus de paix en cours », a également assuré, lundi, le conseiller présidentiel pour la paix, Hermogenes Esperon. Malgré les combats, les élections locales dans la région autonome du Mindanao musulman (ARMM), créée en 1996, ont eu lieu, comme prévu, lundi.