Cinq semaines après les destructions massives engendrées par le passage du cyclone Nargis dans le sud de la Birmanie, les Nations Unies ont annoncé qu’un million de victimes auraient reçu de l’aide. Un chiffre hautement symbolique, puisqu’il n’a pas été spécifié de quel type d’assistance il s’agit, ni si cela couvre l’ensemble des besoins vitaux des sinistrés en nourriture, eau potable, médicaments et abris. De plus, il est évident qu’il s’agit d’une proportion largement insatisfaisante, au vu des 2.4 millions de personnes dans le besoin. Des informations de l’intérieur du pays font état de villages n’ayant encore reçu aucune aide humanitaire, et la survie de milliers de personnes repose sur l’action de moines et de citoyens birmans, qui bravent les interdits et les restrictions mises en place par les autorités pour venir en aide coûte que coûte aux survivants.
Cette semaine, le régime s’en est pris violemment à ses citoyens et aux médias internationaux, accusés de publier des « histoires sans fondements ayant pour intention de ternir l’image du Myanmar et d’induire en erreur la communauté internationale en laissant croire que les victimes du cyclone ne reçoivent aucune assistance ». Pourtant, de très nombreux témoignages corroborent cette triste réalité : plus de la moitié des sinistrés sont toujours laissés pour compte.
La gestion de la crise par le régime militaire birman a largement contribué à aggraver une situation déjà désespérée, à laquelle viennent désormais se greffer de multiples violations des droits de l’homme. Le 2 juin, le Haut Commissaire aux Droits de l’Homme des Nations Unies, Louise Arbour, fit la déclaration suivante au Conseil des Droits de l’Homme : « en ce qui concerne le Myanmar [nom donné par les généraux à la Birmanie], l’obstruction faite au déploiement de l’assistance illustre les effets pervers d’une tolérance internationale de longue date à l’égard des violations des droits de l’homme, qui rend cette obstruction possible ».
Les survivants du cyclone Nargis ne sont en effet pas au bout de leurs peines. Après le refus des autorités d’autoriser l’entrée de l’aide internationale, des milliers de sinistrés sont maintenant victimes d’expulsions de leurs refuges temporaires (écoles, monastères, bâtiments publics), recevant parfois pour toute compensation une ration de riz, et sont forcés par les autorités birmanes à retourner dans leurs villages dévastés, qui parfois ont été rayés de la carte.
Info Birmanie dénonce avec virulence ces déplacements forcés de personnes, qui risquent de mettre en danger la vie des rescapés en les coupant de toute aide humanitaire. « La junte militaire au pouvoir se conduit de façon criminelle, et face à tant de négligence, il devient urgent que la Communauté Internationale porte le cas birman devant les plus hautes instances internationales » demande Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info Birmanie. « Si le principe de Crimes contre l’Humanité n’est retenu que dans des situations de conflit, le cas du cyclone Nargis devrait faire jurisprudence : la non-assistance à personne en danger suite à une catastrophe naturelle est également un crime, et devra être puni » ajoute-t-elle.