Dès l’aube du samedi 7 juin, une
répression féroce s’est abattue sur les citoyens de la ville de Sidi Ifni Aït
Baamrane et contre ses jeunes qui, excédés par les fausses promesses d’emploi
et de promotion économique de la région, bloquaient le port depuis une semaine.
Les forces de police et d’intervention rapide se sont déplacées par milliers
depuis plusieurs régions du Maroc. Les forces de police ont encerclé la
ville, opéré des descentes dans les maisons, arrêté et pris en otage les
familles des militants, les brutalisant et les menaçant même de viol. Des
bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc ont été utilisées, et des
hélicoptères ont été déployés pour rechercher les militants dans les montagnes
à proximité de la ville.. Les arrestations se comptent par centaines, il y a
des dizaines de blessés, et des sources médiatiques et des habitants de
la ville parlent de morts.
Cette répression intervient alors
que depuis le 30 mai, une semaine auparavant, des jeunes de la ville avaient
organisé le blocage de l’accès au port pour réclamer leur droit à l’emploi,
ainsi que leurs revendications légitimes pour lesquelles ils luttent
depuis 2005 :
– Création de la préfecture Sidi Ifni Aït Baamrane.
– Création de postes de travail pour les jeunes de la région.
– Achèvement des travaux du port.
– Achèvement de la construction de la route touristique Ifni-Tantan.
– Gratuité des services médicaux, tout en équipant les infrastructures et
en recrutant du personnel médical.
L’Etat marocain démontre une fois
de plus son mépris des revendications populaires, préférant la réprimer dans
l’oeuf les luttes des populations plutôt que d’apporter des réponses à
leurs revendications. Nous, membres du Secrétariat National d’ATTAC
Maroc, soutenons toutes les luttes légitimes des habitants de Sidi ifni Aït
Baamrane et :
– Dénonçons l’intervention barbare contre les jeunes de cette ville
militante, qui n’a épargné ni les enfants, ni les femmes, ni les
personnes âgées.
– Revendiquons le retrait des forces répressives venues des autres régions
du Maroc, et la fin du blocus répressif et médiatique imposé à la ville, ainsi
que l’accès de l’opinion publique nationale et internationale à toute la vérité
sur ce qui s’est passé et continue à se passer..
– Revendiquons la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées,
et l’arrêt des poursuites contre les membres du secrétariat local d’Ifni Aït
Baamrane, ainsi que contre les militants de la section de Sidi Ifni de
l’Association Nationale des Diplomés Chômeurs et d’ATTAC Maroc.
– Réclamons l’arrêt immédiat de la traque des jeunes poursuivis dans les
montagnes depuis l’aube du samedi 7 juin, ainsi que l’arrêt de toute
poursuite à leur encontre.
– Tenons l’Etat marocain responsable de toute atteinte physique à
l’encontre des militants poursuivis d’ATTAC Maroc, dont le secrétaire général
d’ATTAC Ifni, Brahim Bara, ainsi que Khalid Bouchra, Boumrah Brahim, Keddad
Fatima et Khalil Rifi.
– Appelons toutes les organisations militantes à organiser une caravane de
solidarité à la ville de Sidi Ifni Aït Baamrane.
– Appelons toutes les organisations militantes à créer une
commission d’investigation sur les évènements, indépendante de toute instance
officielle. N’attendons pas 20 ans, comme à Nador, pour révéler la réalité.
Le 8 Juin 2008
Attac Maroc, Secrétariat national