« Nous signataires, considérons que, contrairement à la décision du tribunal de grande instance de Lille, la virginité d’une femme n’est pas une qualité essentielle de la personne. Pas plus d’ailleurs que pour un homme. » C’est en ces termes que cent cinquante eurodéputés ont fait parvenir, vendredi 6 juin, à Rachida Dati, ministre de la justice, une pétition pour protester contre la décision de l’annulation d’un mariage parce que la mariée avait menti sur sa virginité.
Et les signataires d’ajouter : « Il s’agit là d’un précédent dangereux qui ne peut que conforter certains fondamentalistes dans leur combat archaïque alors que justement l’un des remparts contre ce fanatisme devrait être le droit. Nous voyons là une régression grave contre laquelle nous nous élevons. »
« AU-DELÀ DES CLIVAGES POLITIQUES »
Ce texte est signé par des parlementaires de tous horizons politiques (socialistes, conservateurs, libéraux, communistes, Verts). « Ce combat va au-delà des clivages politiques et ne sert qu’une seule cause, la dignité humaine », explique Martine Roure, eurodéputée socialiste française, dans une lettre qui accompagne la pétition envoyée à Rachida Dati.
Le tribunal de grande instance de Lille avait annulé un mariage « pour erreur sur les qualités essentielles » de la conjointe car celle-ci avait menti sur sa virginité. Le défenseur de l’époux, Me Xavier Labbée, avait estimé que le jugement était « parfaitement logique » car « l’épouse a reconnu qu’elle avait menti ». Dans un premier temps, Rachida Dati avait semblé défendre la décision du tribunal, y voyant « aussi un moyen de protéger la personne », ce qui lui avait valu des critiques de l’opposition et des milieux associatifs. Elle a ensuite demandé au parquet de faire appel du jugement.