Alors que la période de détention d’Aung San Suu Kyi s’achève aujourd’hui, Info Birmanie déplore que les dirigeants politiques de la Communauté internationale n’aient fait aucune mention de sa détention lors de leurs récentes discussions avec la junte militaire au pouvoir. Son assignation à résidence a été à nouveau prolongée pour une période de six mois à un an, selon les sources.
« Il est honteux que Ban Ki-moon se soit rendu en Birmanie et n’ait même pas osé mentionner son nom » déclare Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info Birmanie. « L’ONU montre son faiblesse à la junte en passant sous silence le cas d’Aung San Suu Kyi, craignant que cela puisse nuire aux négociations en cours concernant l’accès des organisations internationales aux victimes du cyclone Nargis. Cette attitude risque de consacrer une victoire sans appel de la junte sur la Communauté internationale. »
« L’argument selon lequel la politique ne doit pas être abordée en ce moment du fait de la priorité donnée à la crise humanitaire, n’est simplement pas soutenable » rajoute Isabelle Dubuis. « La crise humanitaire est causée par un problème politique, celui d’une dictature refusant l’acheminement et la distribution de l’aide humanitaire à sa population. Aung San Suu Kyi est une personne clé pour résoudre ce problème politique global ».
Info Birmanie tient à souligner qu’Aung San Suu Kyi est détenue de façon continue depuis maintenant cinq années, ce qui viole la loi de sûreté de l’Etat de 1975 que les généraux ont jusque-là brandie pour justifier son assignation à résidence : cette loi précise en effet qu’il est interdit de détenir un citoyen plus de cinq ans.
Aung San Suu Kyi a perdu sa liberté en 1989 pour s’être battue pour la démocratie en Birmanie. Prisonnier politique la plus célèbre, consacré Prix Nobel de la Paix en 1991, elle symbolise la lutte pacifique pour un changement démocratique en Birmanie. Emprisonnée plus de douze ans lors des dix-sept dernières années qui se sont écoulées, elle fêtera le mois prochain son 63e anniversaire dans l’isolement le plus total. Aung San Suu Kyi ne mène pas seule son combat : on dénombre en Birmanie presque 2.000 prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles birmanes.