Info Birmanie condamne fermement l’attitude du régime birman face à la catastrophe humanitaire touchant le sud du pays, et les entraves multiples mises en place pour l’acheminement de l’aide auprès des victimes et des sinistrés.
Cinq jours après la catastrophe, dont le bilan provisoire fait état de 22.000 morts, plus de 41.000 disparus, et des centaines de milliers de personnes sans abris, l’aide humanitaire n’a pas encore pu être acheminée, car aucun visa n’a été délivré aux travailleurs humanitaires étrangers. Le régime a indiqué vouloir être l’opérateur central de la distribution de l’aide humanitaire, une demande inconcevable pour les acteurs humanitaires internationaux qui craignent – à juste titre – un détournement massif de ces fonds.
« Non seulement le régime bloque l’aide humanitaire, mais il ne mobilise pas pour autant ses propres ressources » dénonce Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info Birmanie. Le régime a annoncé l’octroi de la somme minime de 5 millions de dollars en faveur des victimes, un chiffre insignifiant en comparaison des revenus du gaz qui s’établissent à plus de 2.7 milliards de dollars annuels. C’est également moins que ce qui fut dépensé pour l’organisation du fastueux mariage de la fille du Généralissime Than Shwe, qui fut couverte de diamants alors que 90% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et lutte au quotidien pour se nourrir. De même, l’armée, forte de près de 500.000 hommes, s’est faite très discrète, abandonnant les sinistrés à leur sort au lieu de dépêcher des troupes pour déblayer les habitations et les routes.
Le régime s’est engagé dans un rapport de force avec les organisations internationales, qui pourrait être très préjudiciable à la population. « Si rien n’est fait très vite, d’autres vies seront perdues à cause de la faim et des maladies » insiste Isabelle Dubuis. Il est à craindre que le régime joue un contre-la-montre jusqu’à samedi, jour de la tenue du référendum pour ratifier la nouvelle constitution, scrutin maintenu malgré la catastrophe. Le régime tente probablement de limiter les mouvements des humanitaires jusqu’au référendum de samedi, craignant des témoins gênants.
Il est indispensable que l’ONU défie les restrictions mises en place sur l’aide internationale. Le Secrétaire général Ban Ki-moon doit insister personnellement sur ces problématiques d’accès et s’assurer que l’aide humanitaire parviendra au plus vite aux victimes, de façon neutre et impartiale.