Gérard Jodar a été condamné pour provocation directe à attroupement armé. Sa peine est assortie de trois ans de privation des droits civiques. Le tribunal correctionnel de Nouméa a également prononcé 22 autres condamnations visant des militants de l’USTKE, poursuivis pour attroupement armé, violences aggravées, destruction de biens publics ou vol avec violence.
De lourdes peines
Les peines s’échelonnent de un mois à un an de prison ferme. « Ces condamnations semblent excessives d’autant que la plupart des personnes en cause n’avaient aucun casier judiciaire. Nous ferons sûrement appel », a déclaré à la presse Me Cécile Moresco, avocate de l’USTKE. Ces condamnations font suite à douze heures d’affrontements qui avaient opposé le 17 janvier dernier les forces de l’ordre aux adhérents de l’USTKE, dans le cadre d’un long conflit à la société de transport urbain, Carsud, filiale de Véolia. « En rendant un tel verdict pour la participation à une manifestation durement réprimée le 17 janvier 2008, la justice coloniale inflige des peines jamais prononcées en métropole pour des faits similaires », explique Corinne Perron, représentante du syndicat en France.
Premier syndicat de Calédonie, l’USTKE, soutenue par l’altermondialiste José Bové, avait parallèlement porté plainte contre l’Etat pour violences non justifiées et actes dégradants envers des syndicalistes, lors de ces heurts. Une mission de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a récemment séjourné dans l’archipel pour faire la lumière sur ces évènements.
Après le drame d’Ouvéa
Cette condamnation est prononcée la veille de la commémoration des vingt ans du drame de la grotte d’Ouvéa. Il y a tout juste 20 ans, à quelques jours de l’élection présidentielle et à la suite de violences, des militants indépendantistes investissent la gendarmerie d’Ouvéa, tuant quatre gendarmes et en prenant vingt-sept autres en otages. Douze d’entre eux étaient libérés par la suite.
Le 27 avril, tandis qu’un magistrat venu négocier, sept autres gendarmes étaient à leur tour faits prisonniers. Le 5 mai au matin, l’opération militaire « Victor » permettait la libération des otages sains et saufs, au prix de 21 morts : 19 Kanaks, tous d’Ouvéa, et 2 militaires. Une vive polémique avait ensuite éclaté sur les circonstances de l’opération et les causes de la mort de certains indépendantistes. Après ce drame, les Kanaks indépendantistes et les « caldoches » anti-indépendantistes avaient trouvé les chemins de la réconciliation avec les accords de Matignon, signés le 26 juin 1988.
Meeting de solidarité
A Paris, un meeting de solidarité et « contre la répression » à l’encontre des militants de l’USTKE, aura lieu ce soir à la Bourse du Travail, à Paris où interviendront différents syndicalistes comme Raphaël Mapou (Rheebu Nuu), Annick Coupé (Union syndicale Solidaires), Jacky Foureau (CGT), Alain Mosconi (STC) ou encore José Bové qui avait soutenu le syndicat lors de la campagne présidentielle de 2007.