PARIS, 21 avr 2008 (AFP) - Un meeting de solidarité avec le syndicat indépendantiste néo-calédonien USTKE est organisé lundi soir à la Bourse du Travail à Paris, a annoncé le syndicat après la condamnation de son président Gérard Jodar. Les ex-candidats à la présidentielle d’extrême-gauche Olivier Besancenot (LCR) et José Bové (Via Campesina) sont notamment annoncés, tout comme les syndicalistes Annick Coupé (Solidaires) et Jacky Foureau (CGT). M. Jodar a été condamné lundi à Nouméa à douze mois de prison dont six mois ferme pour provocation directe à attroupement armé, à la suite de violences avec les forces de l’ordre. « En rendant un tel verdict (...) la justice coloniale inflige des peines jamais prononcées en métropole pour des faits similaires », accuse l’USTKE dans un communiqué. La LCR reprend à son compte l’accusation de « justice coloniale » et affirme, dans un autre communiqué, que la décision rendue « ne fait que jeter de l’huile sur les braises d’une situation locale tendue ». Le tribunal correctionnel de Nouméa a également prononcé 22 autres condamnations visant des militants de l’USTKE, poursuivis pour attroupement armé, violences aggravées, destruction de biens publics ou vol avec violence. Ces peines font suite à douze heures d’affrontements qui avaient opposé le 17 janvier les forces de l’ordre aux adhérents de l’USTKE, dans le cadre d’un long conflit à la société de transport urbain, Carsud, filiale de Veolia.
L’USTKE fait salle comble à Paris
L’Union syndicale des travailleurs kanaks et exploités (USTKE) organisait un meeting le 21 avril à Paris en soutien à 23 de ses militants condamnés par le tribunal correctionnel de Nouméa à des peines de prison.
L’organisation kanak a pu compter sur la présence d’éminents syndicalistes comme José Bové ou Alain Mosconi (STC).
Les militants de gauche sont venus en masse hier soir à la Bourse du travail à Paris pour soutenir les syndicalistes calédoniens de l’USTKE. Hier matin 23 d’entre eux ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Nouméa à des peines de prison allant de 6 mois à 1 ans avec, pour certains, de la prison ferme. Quant au président, Gérard Jodar, il a écopé de douze mois de prison dont six mois ferme. Ces condamnations font suite à douze heures d’affrontements qui avaient opposé à Nouméa le 17 janvier dernier, les forces de l’ordre aux adhérents de l’USTKE, dans le cadre d’un long conflit à la société de transport urbain, Carsud, filiale de Véolia. Manifestations lors desquelles Gérard Jodar n’était pas présent.
Entre la diffusion sur grand écran de petits films amateurs sur les affrontements du 17 janvier et la mobilisation des militants contre la répression, se sont succédés à la tribune des syndicalistes et des politiques, assurant leur plein soutien. Jacky Foureau de la CGT a, dans un premier temps, exposé l’histoire du syndicalisme radical sur le Caillou et expliqué ensuite quelle était sa ligne. Le syndicaliste a également évoqué la situation actuelle : « Avec l’élection de Nicolas Sarkozy, la droite coloniale a été très décomplexée et la répression s’abat. Et elle n’est pas nouvelle (...) La violence a toujours été du côté du pouvoir colonial et du patronat local ».
Plus tard Raphaël Mapou du Rheebu Nuu a longuement rappelé les enjeux économiques, sociaux et syndicaux du pays : « Combat autochtone et combat syndical, il s’agit d’abord de former les nouvelles générations car les partis politiques traditionnels n’ont pas eu ce souci de former et de l’impliquer sur un combat, une pratique militante de tous les jours. » Il a aussi expliqué au public l’importance du nickel sur le territoire et comment le précieux minerai se trouvait au centre d’intérêts divergents.
Dans un discours bref et concis, Olivier Besancenot le porte parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a déclaré : « Les camarades de Kanaky ont besoin de cette solidarité qu’on avait pu faire entendre il y a pas mal d’années (...) Dès qu’on touche aux intérêts de la mondialisation, ce qu’ont fait les camarades de l’USTKE, et bien ça réprime et ça réprime dur (...) Tout le symbole de la journée d’hier où la classe politique à l’unisson, avec monsieur Sarkozy en tête, s’est rassemblée pour célébrer la mémoire d’Aimé Césaire. Et le même jour on a cette peine inacceptable, révoltante, avec des peines de prison ferme. L’Etat colonial sévit et sévit dur. »
Ce fut ensuite au tour d’Alain Mosconi, secrétaire national pour la section « Marins » du Syndicat des travailleurs corses (STC), de prendre la parole pour expliquer : « La diversité, la diversité culturelle, la diversité ethnique, c’est autant de richesses qui appartiennent à l’Universel, qui appartiennent à l’Humanité. » Comparant la situation de la Kanaky et celle de la Corse, il a évoqué les liens unissant les deux îles.
« C’est eux et nous, au-delà de nos pigmentations respectives, dans un même combat. Hier, ils peuvent en témoigner, aujourd’hui, de par ma présence, et demain, tant que nos peuple n’auront pas reconquis le droit à vivre libres sur leur terre, à définir eux-mêmes un schéma économique et social en tenant compte de leur culture, de leur environnement, de leur démographie et bien nous serons contraints de nous inscrire dans un schéma de résistance pour que nos enfants n’aient pas à le faire à noter place ! ».
Après des applaudissements nourris, ce fut à José Bové de monter à la tribune. Ce dernier, qui avait soutenu le syndicat lors de la campagne présidentielle de 2007, a déploré la « justice à deux vitesses » en Nouvelle-Calédonie puis a dénoncé le non respect des accords Oudinot par la droite locale. « L’USTKE sont les seuls fidèles à la parole qui a été donnée. Il y a eu un accord, une négociation, l’Etat français ne le respecte pas mais la droite colonialiste à Nouméa le respecte encore moins ! (...) La solidarité en Kanaky s’organise au delà des différentes branches et à partir de là, les gens sont forts parce qu’ils peuvent aller jusqu’au bout. C’est ça le message de l’USTKE ! ».
Corinne Perron, représentante du syndicat en France, a conclut la rencontre en remerciant les intervenants pour cette mobilisation et en appelant de nouvelles actions le 7 mai face à l’entrée de l’Assemblée générale des actionnaires de VEOLIA à la Grande Arche de la Défense pour « exiger des négociations et l’arrêt des poursuites contre les syndicalistes ».
RFO
http://nouvellecaledonie.rfo.fr/imprimer.php3?id_article=365
Communiqués
La lutte syndicale n’est pas un crime : Liberté pour les militants Kanaks !
UNION SYNDICALE SOLIDAIRES
COMMUNIQUE
Paris, le 22 avril 2008
L’Union syndicale Solidaires apporte tout son soutien aux 23 militants de l’USTKE condamnés le 21 avril 2008 à de la prison ferme, par le Tribunal de Nouméa (1 an dont 6 mois ferme pour Gérard Jodar, le président du syndicat. 22 autres syndicalistes condamnés a des peines s’échelonnant de 1 mois à 1 an ferme).
En rendant un tel verdict pour la participation à une manifestation de soutien aux employés de l’entreprise de transports CARSUD durement réprimée le 17 janvier 2008, la justice coloniale inflige des peines jamais prononcées en métropole pour des faits similaires.
Si la répression de l’activité syndicale et des mouvements sociaux devient quasi quotidienne sur tout le territoire (licenciement d’un camarade de Sud Autoroutes pour « harcèlement syndical », conseils de discipline en série à France Telecom,..), la violence et la lourdeur des condamnations infligées aux camarades de l’USTKE ne peuvent s’expliquer que par la volonté de briser toute résistance sociale en Kanaky et de permettre aux entreprises de faire le maximum de profits même au prix d’une exploitation sauvage des travailleurs.
A la veille de la commémoration du 20e anniversaire du massacre de la grotte d’Ouvéa, cette provocation risque d’agraver encore une situation sociale déjà très tendue en Kanaky.
L’Union syndicale Solidaires exige l’abandon des charges contre les camarades de l’USTKE et leur libération immédiate.
Elle s’inscrira dans toutes les initiatives de solidarité et de lutte pour la liberté du peuple Kanak et de ses militant-e-s, notamment à l’occasion du 1er mai mais aussi le 7 mai à 15 heures sous la Grande Arche de la Défense à Paris à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires de Veolia (dont CARSUD est une filiale).
Contre la répression coloniale
Communiqué de la LCR
La LCR proteste contre la condamnation à six mois de prison ferme de Gérard Jodar, président de l’USTKE et les 22 autres condamnations (de 1 mois à un an ferme) prononcées aujourd’hui à Nouméa contre les autres syndicalistes. En infligeant des peines jamais prononcés en métropole pour des faits similaires (incitation à manifester ou participation à une manifestation durement réprimée), la justice coloniale ne fait que jeter de l’huile sur les braises d’une situation sociale tendue. La LCR assure le président de l’USTKE et tous ses militants de sa solidarité et popularisera en métropole leur combat pour faire annuler ce jugement inique.
Le 21 avril 2008