De Rome,
La campagne électorale se déroule dans un contexte complexe. Les deux principaux partis, PD et PDL, et leurs leaders, l’ancien maire de Rome, Walter Veltroni et Silvio Berlusconi, ont tout fait, dans une logique de bipartisme, pour réduire l’affrontement à leurs deux formations, excluant les autres partis. Ils ont lancé l’idée du vote utile, allant jusqu’à dire qu’il valait encore mieux voter pour son adversaire que pour un petit parti. Ils ont monopolisé les médias, grâce à la subordination de la télévision publique et, évidemment, des chaînes de Berlusconi. Les thèmes économiques – la crise, les salaires, la précarité, l’affaire Alitalia, les impôts – ont été au centre des débats.
La campagne de la Gauche critique s’est centrée sur trois urgences. En premier lieu, celle des salaires et de la précarité, pour laquelle elle propose s’attaquer aux profits et aux rentes.
Ensuite, la question écologique qui, en Italie, concerne non seulement le problème du changement climatique, mais aussi la crise de la gestion des déchets (en particulier à Naples), la volonté du PD et du PDL de réintroduire l’énergie nucléaire, les grands projets comme l’exposition universelle de Milan en 2015, ou celui du TGV dans la vallée du Susa.
Enfin, la Gauche critique a été la seule organisation à mettre au centre de sa campagne les revendications des femmes et des homosexuels. Il s’agit d’une véritable urgence en Italie, où le droit à l’avortement est de plus en plus mis en cause et où l’hégémonie catholique arrive à empêcher la reconnaissance de tout droit à ceux qui veulent vivre des rapports qui n’entrent pas dans la norme imposée.
Malgré le silence sur ces questions, surtout à gauche, la Gauche critique a continué son combat pour le retrait troupes italiennes d’Afghanistan et du Liban. Elle demande la liberté de circulation des immigrés et la fermeture des centres d’incarcération.
Avec très peu d’argent, mais beaucoup d’enthousiasme et d’efforts militants, la Gauche critique a réussi à s’imposer dans les médias, en particulier grâce à notre choix de présenter, au poste de Premier ministre, une jeune femme travailleuse précaire, Flavia d’Angeli, dans un débat électoral caractérisé par des leaders mâles et âgés.
Grâce à cette campagne, la Gauche critique a pu diffuser ses propositions anticapitalistes à une échelle très large et affirmer la nécessité de la reconstruction d’une gauche anticapitaliste qui ne fasse pas les mêmes choix et fautes que le parti Gauche arc-en-ciel1. La Gauche critique représente une alternative crédible pour ceux qui ne veulent pas reculer, et elle redonne espoir à des militants qui étaient en train de renoncer.
Notes
1. La Gauche arc-en-ciel est un parti issu d’un processus de fusion, à la gauche du PD, entre le PRC, les Verts, le PDCI et la gauche des Démocrates de gauche [NDLR].