Les deux versants de l’Everest seront inaccessibles pour les alpinistes, entre le 1er et le 10 mai, pendant la période où une équipe chinoise tentera de porter la torche olympique jusqu’au Toit du monde. Les autorités népalaises ont cédé aux pressions chinoises en annonçant, vendredi 14 mars, qu’elles fermaient le versant sud de la montagne. « Nous avons reçu une demande de la Chine afin que personne ne soit sur la montagne au moment du passage de la flamme olympique sur l’Everest », a précisé le ministre du tourisme, Prithvi Subba Gurung. « Nous ne voulons pas que le Népal soit utilisé par un mouvement séparatiste », a-t-il précisé.
Les permis d’ascension de l’Everest rapportent environ 4 millions de dollars par an au Népal. Le tourisme est le premier secteur économique de l’un des pays le plus pauvres de la planète.
Le 14 mars, la police népalaise a dispersé une manifestation protibétaine devant l’ambassade de Chine à Katmandou. Le site mounteverest.net publie une photo de deux officiels chinois qui « dirigeaient et positionnaient » eux-mêmes la police népalaise.
Jeudi, Pékin a démenti l’annonce faite par l’Association tibétaine d’alpinisme que l’accès à la montagne serait bloqué, début mai, par le versant chinois (nord). Mais il est peu probable que des permis d’ascension soient accordés à des expéditions autres que celles opérant habituellement sur ce versant.
L’annonce a été faite trois semaines seulement avant que les premières expéditions quittent la capitale népalaise pour le Toit du monde. Katmandou, d’où les premières rumeurs sur une fermeture de l’Everest étaient parties l’été dernier, était en ébullition depuis le 7 mars. Les agences d’alpinisme sont assaillies par les demandes de leurs clients s’inquiétant de leurs projets pour cette saison alors que 600 personnes ont foulé le sommet en 2007.
Dans l’optique des JO, une équipe chinoise nombreuse avait fait une répétition générale de l’ascension de l’Everest par le versant tibétain en 2007. Douze alpinistes arrivés au sommet - dont onze Tibétains - avaient testé plusieurs modèles de torches capables de brûler et de briller dans l’air raréfié.
Mais le problème politique était alors apparu dans toute son acuité. Le camp de base de l’équipe chinoise avait été entouré d’une clôture, et ses entrées étaient gardées par des soldats. Des activistes tibétains étaient parvenus à déployer une banderole prolongeant le slogan des JO : « Un monde, un rêve, un Tibet ». Les activistes avaient été arrêtés et expulsés. Depuis, on s’inquiétait beaucoup à Pékin des actions promises par les militants. Les milieux de l’alpinisme chinois redoutaient en particulier qu’un « comité d’accueil » monte par le versant népalais de l’Everest pour précéder les grimpeurs chinois. La torche doit quitter Olympie, en Grèce, le 30 mars.
Charlie Buffet
* Article paru dans l’édition du 16.03.08. LE MONDE | 15.03.08 | 13h54.
L’Inde interrompt une marche de Tibétains vers la Chine
La police indienne a arrêté, jeudi 13 mars, cent Tibétains exilés dans le nord de l’Inde, qui marchaient vers le Tibet pour manifester contre la répression chinoise dans ce territoire. « Nous avons interpellé cent personnes », a confirmé Atul Fulzele, officier de la police de l’Etat septentrional de l’Himachal Pradesh. A l’aube, une centaine de policiers ont appréhendé les marcheurs, les ont entassés dans des autobus et les ont renvoyés vers Dharamsala, la ville indienne qui fait office de « capitale » des Tibétains en exil.
Les manifestants avaient quitté Dharamsala lundi avec l’intention de franchir la frontière qui sépare l’Inde et la Chine. La marche avait repris mardi après une première tentative de la police indienne de l’interrompre. « Quelle que soit l’action des autorités [indiennes], cette marche va se poursuivre », a déclaré un porte-parole du Congrès de la jeunesse tibétaine, une organisation plus radicale que le dalaï-lama. Le chef de ce groupe, Tsewang Rinzin, a averti que ses coreligionnaires retenus par la police indienne « engageraient une grève de la faim si leur détention devait se prolonger ». - (AFP.)
* Article paru dans le Monde, édition du 14.03.08