« La ligne d’indépendance de la LCR aux municipales a été payante »
PARIS, 17 mars 2008 (AFP) - Malgré le refus des socialistes et des communistes de fusionner avec ses listes, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a confirmé au second tour des élections municipales ses bons résultats du 9 mars avec des scores dépassant les 15%, renforçant la stratégie d’indépendance d’Olivier Besancenot.
Dans les onze communes où il a fait cavalier seul le 16 mars, le parti trotskiste a dépassé dans sept cas les 10% des suffrages. Il réalise son meilleur résultat à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) avec 17,69%. La LCR y fait mieux qu’au premier tour, tout comme à Cavaillon (Vaucluse), Palaiseau (Essonne), Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) ou Clermont-Ferrand. Dans la capitale de l’Auvergne, elle a totalisé 15,34% des voix, son deuxième meilleur résultat.
« Au second tour, si nous avons baissé, nous n’avons jamais été en dessous du tiers de voix obtenues au premier », se félicite l’un des dirigeants de l’organisation, François Sabado. Au premier tour, la LCR s’était déjà réjouie d’un « résultat historique » avec plus de la moitié de ses listes -114 sur plus de 200 présentées ou soutenues par elle- dépassant les 5%. Parmi elles, 34 avaient franchi la barre des 10%. Au total, selon son propre décompte, la LCR obtient une « grosse cinquantaine » d’élus sans compter les petites communes, doublant au moins son résultat de 2001 -une trentaine d’élus-. Il est vrai qu’aux dernières municipales, elle n’était présente que dans 91 villes.
A la différence de Lutte ouvrière qui avait choisi pour la première fois de son histoire et au risque d’un grand écart idéologique, de faire alliance avant le premier tour avec le PS et les communistes dans 69 communes, la LCR est partie seule au combat électoral. Dans l’entre-deux tours, sa proposition d’« une fusion technique » sans participation à la majorité municipale en cas de victoire n’a pas trouvé d’écho favorable chez les principales formations de l’opposition, à l’exception des deux communes du Haillan (Gironde) et Morlaix (Finistère). M. Besancenot a dénoncé les « oukases » du PS et son « glissement vers le Modem ».
Dans les villes où elle n’était pas en mesure de se maintenir, la LCR s’est refusée à donner une consigne claire en faveur des socialistes et des communistes, affichant simplement comme mot d’ordre : « battre la droite ». Mais le parti d’extrême gauche n’a finalement pas pâti de cette stratégie de franc-tireur. « Ces résultats confirment qu’il existe un espace politique indépendant de la direction nationale du parti socialiste », a affirmé à l’AFP l’ancien candidat à la présidentielle qui y voit aussi en « encouragement » pour son projet « irréversible » de fonder un parti anti-capitaliste d’ici la fin de l’année. Selon M. Sabado, la gauche s’est même privée d’un appui de poids dans quelques villes comme Quimperlé (Finistère) où la droite s’est imposée.
Autre satisfaction : le parti d’extrême gauche créé après les évènements de mai 1968 affirme avoir fait mieux dans 146 « communes d’importance » que lors de la présidentielle (4,08%). Il a aussi gagné tous ses « duels » du premier tour face au parti d’Arlette Laguiller, à une exception près.
Par Benjamin SPORTOUCH
Montpellier, le PS moins haut que prévu
CAROLE RAP (À MONTPELLIER)
Dans la triangulaire qui se jouait hier à Montpellier, l’interrogation ne portait pas sur le nom du futur maire mais sur le score de la liste Verts-LCR-Cual (Comités unitaires antilibéraux). Comme prévu, la maire sortante socialiste Hélène Mandroux a en effet été élue. Mais, avec environ 51 % des voix, l’ancienne première adjointe de Georges Frêche, mise dans le fauteuil de maire par ce dernier en 2004, n’a pas gagné aussi haut la main qu’elle l’espérait.
La liste de fusion entre écologistes et extrême gauche, emmenée par le vert Jean-Louis Roumégas, a en effet obtenu un peu plus de 19 % des suffrages. Hélène Mandroux, qui avait réuni dès le premier tour PS, PC et Modem, ne peut s’en prendre qu’à elle-même ou bien à la fédération du PS de l’Hérault, qui a voté lundi dernier contre une alliance avec les Verts. « Cela signifie qu’il existe une force de gauche en dehors du PS à Montpellier, autour de 20 %», analysait hier Roumégas. Quant à Jacques Domergue, pour l’UMP, il a fait moins de 30 %.
* Paru dans Libération du lundi 17 mars 2008.
L’extrême gauche doublé le nombre de ses élus
Pour la Ligue communiste révolutionnarie (LCR), la séquence électorale qui vient de se dérouler est considérée comme une petite victoire. « Une percée », dit-on au siège du parti trotskiste, où le porte-parole Olivier Besancenot avait imposé l’année dernière, avec 4,°8% des voix à la présidentielle, son leadership sur l’ensemble des candidats situés à la gauche du Parti socialiste.
Sur 200 listes présentées ou soutenues par la LCR au premier tour, 109 d’entre elles ont atteint 5% et 29 ont dépassé 10% : 17,59 à Aureilhan, 15 à Quimperlé, 14,8 à Sotte-ville-lès-Rouen, 13,8 % à Clermont-Ferrand ou encore 10,4 % à Louviers.
La Ligue communiste révolutionnaire a ainsi d’ores et déjà doublé le nombre de ses élus municipaux : 71 dès le premier tour contre 33 sous la précédente mandature.
Hier, la LCR soutenait encore 14 listes, dont 11 autonomes et trois conduites par le PS ou les Verts. Alors que les résultats définitifs n’étaient pas encore connus à l’heure où nous mettions sous presse, Olivier Besancenot expliquait la semaine dernière cette « percée » des listes soutenues par la LCR par « un rejet des politiques libérales au niveau local et national, le mal-logement, la privatisation de services publics... ».
De son côté, le parti animé par Arlette Laguillier, Lutte ouvrière (LO), qui avait participé au premier tour à 69 listes avec le PS ou le PCF et présenté 117 listes sous sa prorpe bannière, s’attendait à avoir hier un nombre d’élus supérieur à la trentaine de sièges décrochés en 2001. C’est la première fois de son histoire que LO s’allie aux municipales avec le PS et le PCF. Mercredi, toutefois, après l’annonce d’acords des listes de gauche avec le Modem à Marseille et à Perpignan, ses candidats s’étaient retirés.
Rodolphe Geisler
* Le Figaro, 17 mars 2008.
Le feuilleton du second tour des municipales, minute par minute.
22h47 : le leader de la LCR, Olivier Besancenot, a appelé à « amplifier le mouvement social » contre le gouvernement. Estimant que c’est « l’agressivité du libéralisme » économique qui a été sanctionnée au second tour des municipales, Besancenot a expliqué que « les mouvements sociaux exceptionnels ont parfois été plus efficaces que les gouvernements de gauche pour obtenir la protection sociale ».
* Le Figaro.fr, 16 mars 2008.
En prime, un « hors champs » :
Le PCF conserve Aubagne
MICHEL HENRY (À MARSEILLE)
La seule union PC-Modem de France, donc du monde, a triomphé, hier, à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Bien que désavouée par François Bayrou, cette alliance a permis au maire sortant, le communiste Daniel Fontaine, de conserver son siège. Avec 53,16 %, il a battu la candidate UMP, Sylvia Barthélémy. Au premier tour, la liste Fontaine avait obtenu 47,5 % des voix, contre 36,4 % à l’UMP, 8 % pour le Modem et autant pour le FN. Prudemment, le maire sortant a jugé plus sûr d’enrôler le Modem.
Mercredi, François Bayrou a fait part de son désaccord : « Je ne donnerai pas mon investiture à Aubagne […]. Nous considérons qu’il faut avoir un minimum de patrimoine de repères communs, le Parti communiste français pour l’instant n’entre pas dans ce patrimoine. » Cela car il ne fait pas, selon le patron du Modem, partie du « courant démocratique républicain français » qui va « du PS jusqu’à l’UMP ». Ça n’a pas empêché la victoire.
* Paru dans Libération du lundi 17 mars 2008.