Clermont entretient depuis toujours une relation affective avec la gauche « dure ». Car « chacun a dans son entourage un licencié de chez Michelin », rappelle Marie Savre, militante Lutte ouvrière. Les Buffet, Laguiller, Bové, Voynet ont fait d’ailleurs plus fort ici que sur le plan national à la présidentielle. Olivier Besancenot a même dépassé les 5 %. A la municipale de 2001, les deux listes LO et LCR avaient totalisé 13,73 %.
Rebelles. Cette fois, LO a été neutralisée : Daniel Seguy, tête de liste en 2001, est 51e sur la liste du maire PS. Marie Savre, 28e, a dû s’engager à voter le budget. « En cas de divergence, je le dirai. Mais je ne voulais pas me retrouver dans l’opposition avec Courtillé [candidate UMP, ndlr] », explique-t-elle. Six verts et six communistes se sont également dispersés dans la liste du fabiusien Godard. Restent, à l’extérieur et groupés pour la première fois en tête d’une liste unique, les rebelles historiques.
Numéro 3 sur cette liste 100 % gauche, Jean-Michel Duclos a été le deuxième militant des Verts encarté dans le département du Puy-de-Dôme, en 1985. L’année dernière, cet ancien conseiller régional a démissionné de son poste d’attaché aux élus verts de la région, parce qu’on allait subventionner des programmes de recherche menés par Limagrain, le géant céréalier implanté en Limagne et connu comme ardent promoteur des OGM. « Il faut savoir se faire respecter », lance-t-il à l’attention de ses camarades du PCF qui se sont contentés de s’abstenir de voter. La dénonciation de magouilles liées au parc du volcanisme Vulcania dans un livre qui s’est très bien vendu n’a valu aucun procès à cet Alter Ekolo « pastèque, vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur ». « Et mon site anti-giscardie.ouvaton.org a déjà accueilli 22 000 visiteurs », précise-t-il.
Premier de cette liste, le LCR Alain Laffont n’est pas non plus homme à fléchir. En tant que conseiller municipal, il n’a jamais voté le budget, alors qu’il appartenait à la majorité. Selon ses mots, ce médecin barbu a souvent « éclaté » le maire et ses adjoints. Un de ses derniers faits d’armes : l’invitation surprise au conseil municipal, par son entremise, de dizaines de parents à qui le maire s’apprêtait à refuser l’accès de leurs enfants à la cantine sous prétexte d’une nouvelle réglementation. Le maire a entendu le message.
A eux deux, les piliers de 100 % gauche peuvent dépasser les 10 %. Alain Laffont a récolté 8,57 % des suffrages aux dernières municipales. Et Jean-Michel Duclos, qui a obtenu 6,25 % comme tête de liste en 1989, a consolidé, en presque vingt ans, son capital sympathie auprès des électeurs de gauche.
« Chevrotine ». Une fusion est prévue avec la liste menée par le PS « contre les valeurs égoïstes de la droite ». Sauf si une alliance se noue avec le centriste Michel Fanget. « Si le maire annonce un ou deux Modem dans l’équipe, je sors la chevrotine. Et j’invite les gens floués à fonder ensemble un groupe d’opposition de gauche. » A Clermont, ville ouvrière, on a encore le sang chaud.