TOKYO CORRESPONDANCE
Le viol présumé d’une adolescente de 14 ans par un marine américain sur l’île d’Okinawa exacerbe les tensions entre les résidents japonais et les troupes des Etats-Unis déployées dans l’archipel du sud du Japon. Pour désamorcer la crise, l’ambassadeur des Etats-Unis, Thomas Schieffer, et le commandant américain au Japon, le général Bruce Wright, se sont rendus, mercredi 13 février, à Okinawa, deux jours après l’arrestation du sergent Tyrone Luther Hadnott, auteur présumé d’une agression qu’il nie. M. Schieffer a présenté les « regrets » américains et promis la coopération de son pays pour que « justice soit faite ».
L’initiative des responsables américains reflète leurs craintes de voir se répéter le scénario de 1995, quand le viol d’une fillette de 12 ans par trois soldats avait suscité une vague de protestations dont le point d’orgue avait été une manifestation de 100 000 personnes à Naha, capitale d’Okinawa. La tension avait conduit Japonais et Américains à décider, en 1996, le déplacement d’une base aérienne du corps des marines. Les Etats-Unis s’étaient engagés à renforcer les mesures de prévention des crimes, mais les problèmes n’ont pas disparu. Selon un décompte du quotidien Yomiuri, 32 militaires américains ont été arrêtés entre 1996 et 2006 pour un meurtre, des viols et des cambriolages.
DEMANDES D’EXCUSES
La persistance des crimes et délits explique la vivacité des réactions après l’arrestation du sergent Hadnott. Les municipalités de Chatan, lieu de l’agression, et d’Okinawa ont adopté des résolutions exigeant renforcement de la discipline, excuses et dédommagements. Le premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, a qualifié l’agression d’« impardonnable ». Le ministre de la défense, Shigeru Ishiba, y voit une question qui « pourrait affecter les fondements de l’alliance nippo-américaine ».
Cette polémique survient alors que les Etats-Unis procèdent au redéploiement de leurs 47 000 militaires basés au Japon, dont 74 % à Okinawa. Le déplacement de certaines bases est programmé, tout comme le transfert de 8 000 marines d’Okinawa vers l’île de Guam. L’objectif est notamment d’alléger la présence des troupes à Okinawa, territoire occupé par les Etats-Unis de 1945 à 1972 avant sa restitution au Japon.
Pour le ministre japonais des affaires étrangères, Masahiko Komura, le bon déroulement du redéploiement se voit menacé par le dernier incident. Outre le mécontentement des habitants d’Okinawa, a-t-il estimé, « la question de la discipline des militaires américains restera un problème, quel que soit l’endroit où se trouveront les bases ».