Toute l’attention de l’opinion publique et du mouvement anti-guerre international se concentre aujourd’hui sur l’Irak et la Palestine. Au point d’oublier une autre ligne de front, asiatique, ouverte aux Philippines dans la foulée même de l’intervention afghane. On apprend pourtant, grâce au New York Times, que les Bérets verts vont êtres déployés dans l’île méridionale de Sulu en tant que force combattante. La fiction officiellement entretenue se dissipe, qui prétendait que les troupes US ne se trouvaient dans l’archipel que pour instruire les forces armées philippines... en pleine zone de guerre.
Les gangs de kidnappeurs -qu’ils se nomment Abu Sayyef ou... Pentagone- servent opportunément de prétexte à l’intervention militaire dans le Sud philippin. Mais l’armée gouvernementale vient de mener une violente offensive contre le Front islamique de libération Moro, un authentique mouvement de résistance enraciné dans les communautés musulmanes. Chassant de leurs villages plus de cent quarante mille personnes, réfugiés de l’intérieur, nouvelles victimes de guerre.
A chaque conflit, ses motifs économiques. L’ordre doit régner à Mindanao pour que les transnationales puissent piller les richesses minières et agricoles de l’île. Mais il s’agit encore, aux yeux de Washington, de mieux asseoir l’hégémonie US globale en reprenant pieds dans le Sud-Est asiatique. L’enjeu est aussi mondial. Dans l’urgence, le Mouvement de la paix des peuples de Mindanao (MPPM) vient de lancer un nouvel appel à la solidarité. Qu’il soit entendu par le mouvement anti-guerre international !